Au-delà du vaccin
Malgré un départ laborieux, les vaccins se bousculent au portillon, avec, maintenant, la validation reconnue du vaccin russe, auquel son opacité valait les plus lourds soupçons.
Publié le 03-02-2021 à 06h50
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Mais la vaccination n’est pas seulement une performance scientifique et industrielle; elle est aussi affaire de solidarité et d’influence.
Le débat fait pourtant toujours rage, pour l’heure, dans notre pays, sur les priorités à accorder à tel ou tel groupe d’âge, pour bénéficier en premier des piqûres salvatrices. Et avec les questions relatives à la protection de la vie privée, soulevées par la vulnérabilité de personnes à qui sont destinées en primeur les doses porteuses d’immunité et d’espoir de retour à une existence dénuée de crainte.
Les mois à venir devraient rendre vains certains de ces débats, à mesure que le secteur pharmaceutique fournira les dizaines de millions de doses annoncées en Europe d’ici à la fin mars, puis les centaines de millions promises pour le deuxième trimestre de cette année.
Ces prévisions elles-mêmes sont provisoires, puisqu’elles ne prennent en compte que les trois vaccins actuellement autorisés sur le territoire de l’Union européenne, dont l’un, pour l’instant, subit de très importants retards de livraison.
C’est une des raisons qui a poussé l’Europe à imposer un système, qu’elle assure provisoire, de licence d’exportation. Le mécanisme fait craindre aux pays tiers, et notamment aux plus pauvres, qu’elle veuille se réserver en priorité les vaccins tant attendus, pour ne les approvisionner qu’ensuite.
L’Union européenne s’en défend, mais doit encore faire la preuve de sa solidarité, alors que l’Inde fournit gracieusement à ses voisins les plus défavorisés des doses produites sur son sol. Et que le vaccin russe, auréolé de sa crédibilité scientifique avérée, débarque dans l’espace européen.
C’est que le vaccin n’a pas de valeur que curative: il est porteur d’influence. Dans ce monde soumis à la pandémie, la «diplomatie vaccinale» permet d’avancer ses pions, sous couvert d’humanisme.
La diffusion des vaccins annonce aussi de plantureux bénéfices pour les firmes pharmaceutiques qui ont réussi à les produire en un temps record, grâce au soutien de fonds public. Une profonde réflexion sociétale et politique devra clore la pandémie.
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