Cinq minutes de courage
Et là, maintenant, on fait quoi? L’échec de la mission des préformateurs, hier, ouvre des abîmes de doutes sur la capacité à former un gouvernement fédéral.
- Publié le 05-11-2019 à 07h00
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Et sur la véritable volonté des partis, au nord comme au sud.
Trois petits tours et puis s’en vont... Après un mois de conjectures en tous sens, Rudy Demotte et Geert Bourgeois ont échoué à présenter des pistes crédibles au souverain. C’était couru d’avance. Pendant toute la durée de cette mission, leurs partis respectifs, le PS et la N-VA, n’ont cessé de répéter qu’ils n’avaient rien en commun et ne souhaitaient pas travailler ensemble au fédéral. Avec une mention spéciale pour les socialistes francophones. Et, comme les deux hommes n’ont pas l’indépendance – ou la carrure – requise pour s’affranchir des tendances lourdes imposées par leur parti, il y avait assez peu de chance que l’expérience aboutisse. La preuve: lundi soir, le roi Philippe a rencontré Paul Magnette et Bart De Wever en tête à tête pour sonder leurs véritables intentions. Il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses saints…
Nous en sommes donc là (et las), 165 jours après les élections. En soi, s’il n’y avait que ce nombre affiché au compteur, ce ne serait pas si tragique. Nous avons connu pire dans le passé. En revanche, ce qui est consternant, cinq mois après les élections, c’est de constater que les deux principales forces en présence campent sur leurs positions, ne sont prêtes à aucune concession et sont capables d’entraîner le pays dans les pires turpitudes plutôt que de se mettre autour de la table.
Est-ce une affaire d’hommes ou de formations politiques? Les deux! À force de marteler des exclusives, chacun de leur côté, les présidents se retrouvent prisonniers de leurs propres incantations et finissent par privilégier des stratégies de partis plutôt que les enjeux nationaux.
Selon une expression qui a fait florès, en Belgique, il suffirait souvent d'avoir «cinq minutes de courage politique» pour débloquer une situation. Et cela pourrait encore se vérifier dans le cas présent. Mais, en dépit des déclarations, on se rend compte, dans les circonstances actuelles, à quel point la Belgique représente déjà peu de chose pour certains leaders politiques et comment le confédéralisme a déjà, de fait, gangrené les esprits.
Au nord comme au sud.