La plaie reste ouverte
Parole aux experts! Telle est la décision du tribunal d’application des peines de Bruxelles, lundi: Marc Dutroux sera donc examiné par un collège de psychiatres qui devront se prononcer sur son état mental et sur les risques de récidives, après 23 années de réclusion.
- Publié le 29-10-2019 à 07h52
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Pour la justice, aux yeux du droit, l’homme qui a enlevé Julie et Mélissa, An et Eefje, Sabine et Lætitia, est un justiciable (presque) comme les autres. Et, à ce titre-là, il doit bénéficier d’un traitement conforme à ce que prévoient les procédures de libération conditionnelle. En dépit de la monstruosité des actes commis, malgré le traumatisme causé, à l’échelle d’un pays, et qui feront toujours de l’assassin de Marcinelle un détenu hors-norme.
Dutroux libre, pour autant? Ce n’est pas encore le cas. Et nous sommes loin du compte puisque c’est seulement sur base de ce rapport des experts (proposés par les avocats) qu’une demande de libération sous conditions sera éventuellement introduite par ses défenseurs.
Quelles que soient les conclusions des médecins, le 11 mai prochain, Marc Dutroux restera, pour une part non négligeable de la population, un individu pervers, potentiellement dangereux, foncièrement mauvais. Et donc capable de déjouer les examens des psychiatres les plus avertis, comme il les a déjà manipulés dans le passé.
Vrai ou faux? L'homme a-t-il changé? S'est-il amendé? Est-il capable de récidive? Personne ne le sait, en réalité. C'est la raison pour laquelle l'avis des experts apportera peut-être des éléments neufs sur la personnalité actuelle de celui qui avait été qualifié de «psychopathe irrécupérable».
La justice est disposée à rouvrir le dossier de Marc Dutroux, cela ne signifie pas qu’elle soit prête à le lâcher dans la nature. Car, dans ce cas précis, la frontière entre ce que prescrit le droit et ce que ressentent bon nombre de citoyens, semble toujours infranchissable. Et ce n’est pas le succès très relatif de la «Marche noire», la semaine dernière, qui pourrait laisser croire que la plaie de l’«affaire Dutroux» est définitivement refermée. À part Marc Dutroux lui-même, tous les acteurs qui interviennent dans ce dossier en sont intimement convaincus.