Intérimaire
Une femme pour la première fois Première ministre dans notre pays: l’événement politique historique aurait été plus solennel si la nouvelle locataire du 16 de la rue de la Loi n’avait pas été une intérimaire dépourvue de pouvoir.
- Publié le 28-10-2019 à 07h55
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La désignation de Sophie Wilmès au poste de Première ministre, ce dimanche, devrait marquer l’histoire politique de notre pays: c’est la toute première fois qu’une femme occupe la fonction de cheffe de gouvernement.
L’accession de l’ancienne ministre du Budget à cette responsabilité récompense un parcours politique sans faute jusqu’à présent.
Mais si un pas est ainsi franchi sur une route vers l’égalité des genres qui reste fort longue à parcourir, cette désignation prend presque des allures de faux départ.
À peine nommée par le roi, la nouvelle Première ministre a en effet confirmé la démission du gouvernement fédéral, et elle s’est vue chargée de la simple expédition des affaires courantes.
Pire, le gouvernement démissionnaire qu’elle dirige ne dispose plus d’une majorité parlementaire, au contraire de celui qui avait donné une singulière extension à la notion d’affaires courantes, lors de l’interminable crise politique de 2010-2011.
Qu’il soit court, ce qui serait souhaitable, ou long, l’intérim de Sophie Wilmès au 16 de la rue de la Loi s’apparentera dès lors plus à un rôle de figuration, même si elle pourrait représenter la Belgique au cours de sommets européens, où sa marge de manœuvre sera, par essence très limitée.
Il reste donc à affermir ce pas vers l’égalité des genres au niveau fédéral, où, jusqu’à présent, seul le Sénat, pourtant réputé conservateur, a confié sa présidence à des femmes (feu Anne-Marie Lizin, Christine Defraigne et aujourd’hui, Sabine Laruelle).
L'inspiration devrait venir des Régions et Communautés: si Liesbeth Homans est depuis peu la première femme à présider le Vlaams Parlement, il y a plus de dix ans que Monika Dethier-Neumann et Emily Hoyos ont occupé le perchoir du Parlement wallon.
La Fédération Wallonie-Bruxelles, elle a installé une femme, Laurette Onkelinx, à la tête de son gouvernement, il y a quatorze ans déjà, avant de récidiver avec Marie Arena.
Le sillon qu’ouvre Sophie Wilmès devra être creusé.