Frères déshumains
«La caractéristique sordide de ce trafic, c’est que si vous perdez la marchandise, personne ne vous la réclame.» Glaçante, la conclusion de François Gemenne.
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- Publié le 25-10-2019 à 06h00
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Et si vraie. Surtout, le professeur universitaire résume en un seul mot – marchandise – l’horreur qui conduit 39 migrants chinois à mourir asphyxiés dans un conteneur frigo aux portes de Londres. À quoi bon pinailler, enquêtouiller, sur les circonstances du drame. Les responsables sont connus. Et ne se limitent pas aux passeurs. Les meurtriers, ce sont tous ceux qui érigent des murs, gardent des frontières, contrôlent des passeports,… bref empêchent l’humain d’exercer un droit fondamental: celui de circuler à l’envi sur cette planète qu’il partage.
On lutte difficilement contre l’instinct de territoire; il fait partie de la nature. Ce qu’on peut empêcher, par contre, c’est la marchandisation de tout dans cette société d’individualisme dominée par l’argent. Le concept de femme «objet» n’est pas neuf; il n’en est pas moins périmé. Mais est-il plus acceptable ce monde où l’embryon est un matériau de recherche, le fœtus un non-être avortable en cas de détresse économique, l’enfant un esprit à forger pour le travail, l’adolescent un consommateur en puissance, l’adulte un corps qui se monnaie à l’étal, les vieux et les malades des encombrants obsolètes qu’il suffit de persuader à «partir». Le responsable, c’est la déshumanisation de l’humain. Au nom du «progrès», souvent. Mais quel progrès, finalement?