Nouveau CH-R : la Toyota "made in Belgium"
Plongée au cœur du Technical Center de Toyota, à Zaventem, où a été conçu le dernier bijou du constructeur japonais : le nouveau CH-R.
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- Publié le 15-09-2023 à 16h32
- Mis à jour le 18-09-2023 à 09h49
Discrètement niché au sein de la zone industrielle de Zaventem, entre l’aéroport national et l’E40, le Toyota Technical Center est un lieu majeur d’innovation. C’est là que vient de naître la deuxième génération du CH-R, ce SUV compact sportif qui avait étonné et séduit par l’agressivité de ses lignes à sa sortie, en 2016. Mettre à jour ce modèle à succès n’était pas un mince défi et, pour la première fois, c’est une équipe entièrement implantée à Bruxelles, sous la direction de Toshio Kanei, qui a conçu le modèle.
Peu de monde le soupçonne, mais Toyota est le plus gros employeur automobile en Belgique où se situe le cœur de ses activités européennes. Actifs dans le pays depuis 1963, les Japonais sont des gens discrets. Toyota Motor Europe emploie quelque 6200 personnes, dont 1150 en contrat permanent au Quartier général d’Evere. Une soixantaine de nationalités s’y côtoient. A Diest, le Centre européen de pièces détachées concentre également plus d’un millier de travailleurs fixes. 1700 personnes sont employées à Zaventem, dont 800 sous contrat temporaire.
"Faite pour l’Europe"
Sur près de 2,5 hectares, le Centre technique dispose de sa propre mini-piste d’essai. Toute innovation peut donc y être évaluée rapidement. Des premiers coups de crayon du CH-R, réalisés en France au Centre de design de Sophia Antipolis, jusqu’à la mise au point du processus d’assemblage de la voiture qui sera fabriquée dans l’usine de Sakarya, en Turquie, c’est une incroyable diversité de métiers qui s’unissent pour donner corps au nouveau modèle "fait en Europe pour l’Europe", comme s’en félicite l’ingénieur en chef du projet, Toshio Kanei.
L’ensemble de la base mécanique du CH-R provient du Japon. Mais la partie "software" de cette 5e génération d’hybride, a été remodelée au goût européen, totalement différent de ce que les automobilistes apprécient en Asie ou aux USA.
Ne prenons que la réponse à l’accélération, qui selon les retours clients était un point faible du précédent modèle. "Aux États-Unis, c’est ON-OFF. On fait parler la puissance. En Europe, on aime le dosage", explique le responsable technique, Christophe Raymaekers. "Cela peut paraître simple mais ça représente un an de développement."
Pour mesurer au plus juste les attentes de ses clients du Vieux continent, Toyota ne lésine pas sur les moyens. Ce sont des millions de datas qui remontent vers le constructeur, dont certaines proviennent directement de l’usage avec - RGPD oblige -, l’accord des conducteurs qui acceptent d’embarquer les logiciels espions de leur conduitwe au quotidien.
La mise à l’essai du CH-R en pré-production a porté sur 1,5 million de kilomètres, 25 000 heures de route sous divers climats. La solution hydromécanique retenue pour l’amortissement est une première chez Toyota. L’insonorisation a été significativement améliorée, chaque élément déterminant l’efficience aérodynamique longuement testé en soufflerie. Carrosserie bi-ton, ambiances lumineuses intérieures,… c’est aussi la première fois qu’autant d’attention est, au-delà de la qualité, portée sur la personnalisation du produit, une autre tendance qui séduit désormais la clientèle européens.
Mot d’ordre: chasse aux kilos et au CO2
CO2 et poids. Les deux notions sont liées et orientent le moindre détail dans la conception d’une voiture d’aujourd’hui.
Ne prenons déjà que le toit panoramique en verre du CH-R. Le gain de poids atteint ici 5 kg, pour un confort thermique au moins équivalent à la concurrence. Essentiel pour la rigidité et la solidité de la carrosserie, le montant B a été allégé de 3,5 kg sans rien perdre en solidité. "Un gain de 0,35 gramme de CO2 au kilomètre", affirme l’ingénieur.
C’est ici le mot d’ordre dans l’élaboration de la moindre pièce: gagner du poids, pour améliorer les performances environnementales. Des objectifs qui se logent dans les détails les plus insoupçonnés. La grille de la calandre, au design complexe, en est un autre exemple. Ou le pare-chocs, réalisé à l’instar d’autres zones dans un plastique teinté dans la masse plutôt que peint. "Le meilleur gain de peinture, c’est celle qu’on n’utilise pas", souligne le responsable.
Une réduction de 566 tonnes de CO2 a été obtenue sur la seule ligne de peinture. En point de mire, toujours, cet objectif d’une production globalement "zero émission". Tout se calcule désormais à l’aune du réchauffement climatique ou de la préservation de la biodiversité. Jusqu’à l’absurde parfois. Mode vegan oblige, des matières naturelles comme le cuir ont disparu dans l’offre de série (le cuir reste proposé en option) au profit de matières plastiques qui, elle, ont le label 100% recyclés. Rien que pour le volant, on vante une réduction du CO2 de 78% "sans compromis au niveau de l’apparence et du toucher" qui seraient similaires. "Personne ne pouvait faire la différence entre les matériaux dans les tests à l’aveugle." Pas si évident...
Ces matériaux recyclés nouveaux, développés au Centre de Recherche Toyota d’Evere en partenariat avec les sous-traitants, on les retrouve aussi dans le revêtement des sièges. "Le principal challenge du recyclage, c’est de conserver l’homogénéité et la stabilité du produit. Toute variabilité peut avoir un grand impact", souligne un autre ingénieur. Pour la première fois, aussi, 20% de polypropylène recyclé est utilisé dans la voiture.
Et sur la balance ?
Au final, pourtant, le gain sur la balance du CH-R est insignifiant. "On n’a pas réduit tant que cela le poids, reconnaît le responsable technique, mais le centre de gravité a baissé." La version PHEV est même plus lourde de 180 kg. Parce qu’un tas d’équipements viennent, à chaque génération, s’ajouter dans les voitures. Impossible d’échapper aux diktats de la sécurité et des tendances technologiques.
Considérons cette fois l’éclairage intérieur, direct et indirect. Couleurs brillantes le matin qui deviennent plus relaxantes le soir. La ligne LED qui court sur la portière clignote si, par exemple, un cycliste est mis en danger à l’ouverture de la portière. Encore une première pour Toyota. Toutes ces simulations réalisées sur les feux, "un rude challenge pour nos équipes", seront adoptées dans le groupe.