Faut-il laisser dormir le copain ou la copine de son ado à la maison ?
Quand on est parent, certains choix s’imposent dans l’éducation des enfants. D’autres sont sources de davantage d’interrogations…
- Publié le 07-06-2023 à 10h00
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"Dois-je accepter que le copain ou la copine de mon ado dorme à la maison ?" Cette question, qui pourrait faire sourire les parents d’enfants en bas âge, encore pétris de certitudes sur l’avenir de leurs bambins, trotte dans la tête de nombreux pères et mères d’adolescents. Pour tenter d’y répondre, nous avons interrogé Maurice Johnson-Kanyonga, psychologue et coach, spécialiste de l’éducation.
"C’est une question qui revient souvent, précise-t-il d’emblée. Mais il y a autant de réponses à y apporter qu’il y a de situations…" Hmm. Et donc ? "Quand les adolescents découvrent l’amour, qu’ils ont des relations qui durent, parfois pendant plusieurs années, le désir de dormir chez l’un ou chez l’autre peut être présent. La première chose à dire aux parents, c’est que cela n’engage pas forcément de volonté d’une sexualité ! Il y a souvent encore beaucoup de pudeur. La plupart des ados veulent seulement partager des moments privilégiés, ailleurs qu’à l’école ou dans le cadre des activités extrascolaires, sans les copains… C’est une autre manière de se découvrir. Par le regard, le toucher… Bien sûr, certains en profiteront pour expérimenter des choses."
Selon Maurice Johnson-Kanyonga, la vie sexuelle et affective des adolescents souffre encore de nombre de préjugés. Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les adolescents ne sont pas de plus en plus précoces dans ce domaine, et l’âge du premier rapport a finalement peu évolué au cours des dernières décennies…
Un devoir d’information
Oui, mais alors, on accepte de recevoir l’autre de son ado pour une nuit à la maison ? "On peut se dire que de toute façon, que ce soit chez nous ou ailleurs, cela se fera quand même. De nombreux parents font ce choix, car ils peuvent garder une certaine forme de contrôle, dans un environnement sécurisé. On peut accepter et mettre des limites en imposant un couchage séparé. On peut aussi refuser. Pour certains parents, c’est un tabou absolu. À cause de la culture, de l’éducation, de la religion…"
Pour lui, il est surtout important de garder à l’esprit que l’éducation à la vie sexuelle et affective des adolescents est un devoir qui incombe, entre autres, aux parents. "Quand on soupçonne que son enfant entretient une relation et qu’il pourrait être confronté à des questionnements, il faut pouvoir en discuter avec lui. Ou en tout cas laisser la porte ouverte à ce type de discussion. Et si on ne s’en sent pas capable, il faut pouvoir renvoyer l’ado vers un référent (un ami de la famille, un parrain ou marraine, un professionnel…). Des informations, ils en trouveront forcément avec Internet… Mais peut-être pas les bonnes."
Quant à l’âge auquel la question du "dodo" peut s’envisager, Maurice Johnson-Kanyonga rappelle que la majorité sexuelle est fixée à 14 ans en Belgique (s’il n’y a pas d’écart de plus de trois ans avec le partenaire). "Avant 14-15 ans, on peut considérer que c’est trop précoce."