En rando dans les Pyrénées orientales, autour du Canigou
Le Canigou ? C’est probablement Thomas Dulac qui en parle le mieux. Rencontre avec le gardien du refuge des Cortalets, gardien aussi du massif sacré et des traditions catalanes.
Publié le 04-05-2023 à 12h00
Le pic du Canigou, la montagne sacrée des Catalans a aussi un sacré gardien. Thomas Dulac est un montagnard de haut vol. Guide, écrivain, moniteur d’escalade, conférencier, journaliste, auteur de topos de randonnée… la montagne guide toute sa vie.
Voilà treize ans qu’il est aussi le gardien du refuge des Cortalets, le plus proche du pic du Canigou (4 heures de marche), passage obligé pour ceux qui randonnent autour du massif ou qui choisissent de grimper au sommet (2 784 m).
Mais qu’on se le dise, Thomas Dulac est bien plus qu’un gardien du refuge. Il est le gardien du massif. Carrément. L’homme idéal pour nous le faire découvrir. "J’ouvre pour les touristes de fin mai à mi-octobre. Mais j’y monte très souvent. Je pense que je suis le seul habitant à l’année ! J’ai une relation presque amoureuse avec ce massif. Je ne m’en lasse jamais."
La montagne sacrée
Comme le Canigou est visible de toute la Catalogne (de son sommet on peut apercevoir Barcelone par temps clair), il est comparable à l’Olympe, au mont Sinaï ou au mont Arate. Le Canigó (c’est ainsi qu’on l’écrit là-bas) est le lien puissant qui unit et rapproche les deux Catalogne, française et ibérique. "À travers le mouvement politique et culturel de la Renaixença, la Catalogne a affirmé à la fin du XIXe siècle son identité et son unicité de part et d’autre de cette montagne. Aujourd’hui, tout Catalan qui se respecte doit y monter un jour", explique Thomas Dulac.
Du monde, il y en a beaucoup au sommet le 23 juin, pour le solstice d’été et les fêtes de la Saint-Jean. "Chaque village envoie sa délégation avec des fagots de bois pour y allumer un immense brasier. Chaque délégation retourne ensuite dans son village avec la flamme sacrée, pour faire la fête." Cette nuit-là, Thomas ne ferme pas l’œil. Il ne manquerait pour rien au monde ce spectacle.
Le poumon vert du pays catalan
Si la montagne est sacrée, elle n’était pour autant pas très respectée, d’un point de vue environnemental. Le refuge des Cortalets a été bâti en 1899 quand le massif s’est timidement ouvert au tourisme. "Mais jusque dans les années 2000, on pouvait encore y monter en voiture ! C’était le resto de montagne pour les locaux. Quand on y dormait, c’était quand on n’était plus très apte à la conduite. Un bistrot de montagne, où les randonneurs étaient tolérés mais pas spécialement bienvenus."
Depuis, les choses ont changé. Le Canigou a obtenu le label Grand Site de France en 2017 et est résolument orienté vers le tourisme durable. "Aujourd’hui, c’est une tout autre clientèle venue profiter d’un réseau de 750 km de sentiers balisés et des hébergements de qualité. Un extraordinaire espace naturel qui abrite une grande diversité écologique."
Quatres activités à ne pas manquer
1.Grimper au-dessus du pic, à 2784 mètres

L’accès le plus rapide au pic est au départ du refuge des Cortalets à 2 150 m (2 h aller). L’accès le plus populaire est par l’ascension de la cheminée en partant du refuge de Marialles à 1 718 m (4 h aller). Un autre accès moins connu, car nécessitant un accompagnateur de haute montagne, est du refuge de Batera (1 480 m), par le Pic du Gallinàs en empruntant le sentier des crêtes La serra del Roc Negre. Ou encore par le refuge de Sant Guillem (1 283 m) en passant par le pic des Tres Vents.
2.Les gorges de la Carança

Les gorges de la Carançasont déconseillées aux personnes souffrant de vertige.
C’est bien de prévenir ! Car sur cette promenade de 8 km, située sur la commune de Thuès-entre-Valls, les corniches, passerelles s’enchaînent avant de revenir en longeant le torrent de la Carança et son pont de singe. Une randonnée hors du commun, pas difficile mais où il faut se montrer prudent, avec des vues à couper le souffle sur des pics vertigineux lorsqu’on sort de la forêt dense.
3.Le petit train jaune

Symbole du Pays catalan dont il porte fièrement les couleurs sang et or, le Train Jaune relie Villefranche-de-Conflent à Latour-de-Carol. Pour construire cette voie, 650 ouvrages d’art qui ont été édifiés, dont 19 tunnels et deux ponts remarquables: le viaduc Séjourné et le pont suspendu Gisclard (à 65 mètres au-dessus du sol) afin que le Train Jaune s’intègre parfaitement au relief qu’il parcourt. Aujourd’hui, le Train Jaune a une véritable vocation touristique et transporte 400 000 passagers par an.
4.Du VTT jusqu’au lac des Bouillouses

Si le massif est le paradis des randonneurs, il l’est aussi pour les vététistes. Une variété incomparable de circuits vous est proposée dont l’exceptionnel espace VTT du Madres-Coronat. Si vous logez du côté de Font-Romeu, le plateau de la Cerdagne est un paradis. Dirigez-vous vers le lac des Bouillouses en longeant la rivière de la Têt, à travers les pins et les clairières. Un paysage riche et varié. D’où son surnom de Petit Canada.