On va beaucoup trop souvent chez le gynéco : une fois tous les 3 ans, cela suffit
Aller chez le gynécologue une fois par an est le réflexe de nombreuses femmes. C’est bien trop ! Décryptage des idées reçues sur les visites gynéco avec notre spécialiste.
Publié le 02-05-2023 à 08h00
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Pour beaucoup, le gynécologue c’est comme le dentiste: un check-up annuel est essentiel pour rester en bonne santé. Une idée reçue parmi des dizaines qui concernent l’intimité des femmes, alors même qu’on le recommande tous les… 3 ans. Le gynécologue devrait plutôt être considéré comme le médecin: il faut y aller quand on en a besoin. Le Professeur Jean-Luc Squifflet, chef du service gynécologie des Cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles), refait le point.
Quand a-t-on besoin d’y aller ?
Tous les 3 ans, si tout va bien. On y va principalement pour 3 raisons. D’abord, la contraception. "Parler avec un gynécologue de sa contraception est important, car il existe aujourd’hui de nombreuses options et chacune ne va pas à toutes les femmes. Il faut savoir aussi qu’au cours d’une vie, le même ne conviendra pas forcément et qu’il faudra alors changer."
Ensuite, les dépistages IST et MST (infections et maladies sexuellement transmissibles). Encore ici, cela dépend. "Si vous avez eu un rapport à risque, que vous souhaitez arrêter le préservatif ou que vous avez un nouveau partenaire, c’est évidemment important. Il n’y a donc pas de calendrier."
Enfin, les dépistages de 3 cancers: le col de l’utérus, le sein et le côlon. "Les recommandations de dépistage sont tous les 3 ans, à partir de 25 ans, pour le cancer du col et tous les 2 ans, à partir de 50 ans, pour les cancers du sein (mammographie) et du côlon. Avant 50 ans, il n’y a, donc, qu’un dépistage à faire tous les 3 ans."
Du reste, aller chez le gynécologue n’est pas obligatoire pour ces raisons, puisque la prescription de la contraception et les dépistages peuvent être réalisés chez un médecin traitant.
Le gynécologue, un médecin clé
Pourtant, aller chez le gynécologue reste important. Car au-delà des dépistages et de la contraception, le gynécologue est le seul qui pourra intervenir rapidement en cas de problème. "Il est, donc, vivement conseillé d’avoir un gynécologue qui connaisse le dossier et sache réagir vite. En trouver un dans l’urgence n’est pas toujours facile." Il est aussi une personne de confiance, à qui l’on peut parler de sexualité, de gêne, à qui poser ses questions. Allez chez le gynécologue, c’est aussi (et surtout) pour parler. "Beaucoup de femmes sont mal à l’aise de poser des questions, de partager une inquiétude ou un problème. Elles se forcent à réaliser des examens ou n’osent pas partager des traumatismes, comme un abus sexuel, un mal-être à se déshabiller, une mauvaise expérience avec un précédent médecin… Je les encourage à le faire, car nous devons nous adapter à elles et les aider, les mettre à l’aise. Quitte à reporter un examen. On ne force jamais. Le rendez-vous ne doit jamais être une souffrance." Dès lors, y aller plus souvent peut être une bonne chose. Pour parler. "Une majorité des rendez-vous se fait sans examens. Il est important que chaque femme se sente encadrée, informée, accompagnée, soutenue. Nous sommes là aussi pour cela et c’est extrêmement important."
8 idées reçues décryptées
Il y a des sujets qu’on n’aborde pas avec son gynécologue Faux Vous avez changé de partenaire ou eu un rapport à risque ? Votre gynécologue doit le savoir. "Beaucoup de femmes ont peur d’être jugées. Nous sommes là pour les aider et ne jugeons pas ! Pour certaines, c’est compliqué de parler de sexualité chez nous ; c’est paradoxal, car c’est notre métier."
Il faut commencer les mammographies au plus tôt Faux Les mammographies, à réaliser tous les deux ans, se font entre 50 et 70. Pas avant. "Des études préconisent de les faire plus tôt, car 20% des cancers ont lieu avant 50 ans. Pour le moment, ce n’est pas recommandé, mais à voir au cas par cas. Cela reste un examen invasif et les rayons peuvent altérer la glande mammaire."
Il faut aller chez le gynécologue pour se faire dépister Faux Qu’il s’agisse des dépistages pour les IST et MST, toute femme est libre de le réaliser chez son médecin. "Il est cependant plus simple d’avoir un gynécologue qui suit le dossier en cas de problème et pourra avoir toutes les informations pour agir."
Aller chez le gynécologue, c’est passer un examen FauxS’il n’y a pas de raison ou de dépistage à réaliser, le gynécologue ne vous examinera pas ! "Beaucoup de rendez-vous sont avant tout des discussions, sur des questionnements, des doutes, des procédures qui concernent l’intimité de la femme. S’il n’y a pas de problème, pourquoi faire un examen ?"
Il faut réaliser un frottis par an FauxLe frottis, que l’on connaît de nom mais sans forcément savoir son rôle, consiste à prélever des cellules dans le col de l’utérus pour vérifier l’absence de lésions cancéreuses ou susceptibles de le devenir. Il concerne le cancer du col de l’utérus. Un frottis tous les 3 ans comme recommandé est, donc, amplement suffisant s’il n’y a pas de problèmes !
Il faut aller chez le gynécologue dès ses premières règles/premiers rapports Faux et Faux "Avant d’être sexuellement actif et sans problème de santé, il n’y a aucun intérêt, sauf si l’on souhaite un contraceptif pour réguler les règles. Quand on devient sexuellement actif, cela est important pour parler de contraception. Mais on ne réalise pas un examen s’il n’y a pas de raison de le faire."
Le premier rendez-vous, c’est examen obligatoire Faux "On va surtout faire un bilan, voir le dossier médical, apprendre à connaître la patiente et, si elle souhaite prendre un moyen de contraception, voir ce qui est possible. Si ce rendez-vous a lieu avant ses 25 ans et que tout va bien, il n’y a pas de raison de faire un examen gynécologique."
Les dépistages des cancers sont automatiques Faux Malheureusement, encore trop peu de patientes se font dépister les 3 cancers concernés. "Pour le col de l’utérus, seulement 50 % des femmes le font. Quand on sait les ravages que font ces cancers s’ils ne sont pas pris à temps, il est vraiment essentiel de se faire dépister ! D’autant plus que cela est remboursé."