Voici pourquoi le rail séduit à nouveau, surtout les jeunes
De plus en plus de jeunes choisissent le train pour voyager. Pour le confort, la facilité et le bien de la planète.
Publié le 25-03-2023 à 07h00 - Mis à jour le 25-03-2023 à 16h01
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Pour se déplacer au quotidien, partir en escapade le week-end ou même traverser l’Europe, le train est de plus en plus tendance. Aujourd’hui et sans doute encore davantage demain, alors que notre mobilité est appelée à évoluer en réponse aux défis climatiques.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le rail belge a connu l’an dernier un été record, avec une moyenne de 800 000 voyageurs par jour sur le réseau. "La fréquentation des trains en semaine a atteint 90 % des chiffres de 2019", détaille Marianne Hiernaux, porte-parole de la société des chemins de fer belges. À titre de comparaison, ce taux était de 50 % fin août 2020 et de 65 % à la fin de l’été 2021. Un succès dû à plusieurs facteurs : "le Duo Ticket, la combinaison train + vélo, le Côte-Express et les ventes internationales." Ces dernières ont réalisé un bond de 10 % par rapport à l’été 2019, "qui était déjà un record", souffle Marianne Hiernaux.
Une hausse de 10 % des voyages internationaux
La Belgique n’est pas le seul pays d’Europe où les ventes de billets sont allées à un train d’enfer durant la période estivale. En France, la SNCF a elle aussi enregistré une fréquentation record. L’entreprise détaille : "Ce sont 23 millions de billets longue distance en France qui ont été vendus pour juillet-août (TGV INOUI, OUIGO et Intercités). Avec le trafic longue distance international (dont Eurostar et Thalys), cela porte à 28 millions de billets cet été." Quant aux voyages internationaux, l’entreprise française enregistre une hausse similaire à celle de la SNCB : + 10 %. Ce qui n’étonne pas Marianne Hiernaux : "La mobilité durable constitue aujourd’hui un levier essentiel pour la société, et les citoyens en sont conscients. Nous constatons une certaine forme d’engouement pour le train." Pour trois raisons, principalement : "le confort et la facilité, la durabilité du trajet mais aussi le contexte de hausse des coûts d’énergie" (entre 2020 et 2023, la facture d’électricité de la SNCB pourrait passer de 123 à 432 millions et une indexation des tarifs de près de 10 % est envisagée). "Le train permet d’éviter les embouteillages, la circulation, le parking, la fatigue et le temps d’embarquement en arrivant seulement dix minutes avant le départ du train…", égrène la porte-parole.
Les jeunes séduits par ce mode de transport peu polluant
Selon le simulateur de l’Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un avion émet 23 kg de CO2 par passager pour parcourir une distance de 100 kilomètres, une voiture thermique 19,2 kg, un autocar 3,52 kg. Et le train ? Entre 0,17 et 0,53 kg, selon le type de matériel roulant. Il n’y a donc pas photo. Conséquence : de plus en plus de jeunes se détournent du ciel au profit du rail, qui leur permet de voyager à un moindre coût environnemental.
C’est le cas de Martin Braquenier, 23 ans. Ce bioingénieur fraîchement diplômé a décidé il y a quatre ans de ne plus prendre l’avion, qui "émet des tonnes et des tonnes de CO2." Alors, sa solution pour partir en vacances, c’est le train. "Cet été, avec ma copine, nous sommes partis en France en OuiGo (la filiale TGV low-cost de la SNCF) depuis Tourcoing jusqu’à Lyon, puis Marseille. C’était génial" raconte-t-il. "Il y a un peu aujourd’hui cette course au voyage, l’envie de visiter tous les pays, le plus de continents possible… Alors qu’en Belgique, il y a des endroits magnifiques à découvrir. Pareil en France et c’est juste à côté !"
Louise Decouttere est arrivée à la même solution, quoique d’une autre manière. Poussée par ses parents, elle a toujours privilégié le recours aux transports en commun. Mais tout a changé lorsqu’elle a rencontré un petit ami espagnol lors d’un Erasmus. "Nous avons commencé une relation à distance et on se voyait une fois par mois. On alternait, j’allais donc sur place une fois sur deux. Et j’optais pour la solution facile : par souci de temps, je prenais l’avion", explique-t-elle, dénonçant aujourd’hui son "inconscience totale."
Installée en Espagne, Louise Decouttere se déplace en train. "Un premier train jusqu’à Valence, un second pour Barcelone et enfin un dernier jusqu’à Madrid." Une journée de trajet, pour un prix qu’elle juge honnête. "J’ai payé 100 euros pour mon voyage. En avion, ça m’aurait coûté 85 euros."
Au sein des compagnies de chemin de fer, les revendications écologiques de la jeune génération sont entendues. "Voyager ne rime pas forcément avec vitesse. Les jeunes veulent un déplacement responsable", analyse Gubina N’silou, attachée de presse à la SNCF. Du côté de la SNCB, on assure mettre en place "une politique très avantageuse chez les jeunes" avec le développement de nouvelles offres : "Nous offrons déjà une série de tickets à prix attractifs (Youth Ticket, Youth Multi, Youth Holidays, Gratuité des enfants) à destination des jeunes et nous voulons encore mener dans l’avenir diverses offres commerciales pour les jeunes."
Interrail, l’Europe à petit prix

"Un pass ferroviaire qui rime avec exploration, cultures et rencontres partout sur le continent." Lancé en 1972, le pass Interrail vient de fêter ses 50 ans. Le dispositif vise à encourager la mobilité des jeunes et permet de voyager dans 33 pays d’Europe (soit plus de 40 000 destinations) pour une période donnée. Au cours de son demi-siècle d’existence, le programme a offert la possibilité à quelque 12 millions de jeunes européens de parcourir le continent. Et ce, pour des tarifs plutôt démocratiques (à partir de 185 euros pour les plus jeunes). Si le programme a souffert de la concurrence des compagnies aériennes low-cost au tournant du siècle, il connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. Grâce notamment à l’Union européenne qui offre chaque année dans le cadre du concours DiscoverEU pas moins de 35 000 Pass Interrail d’une valeur de 251 euros chacun à des jeunes fêtant leurs 18 ans.