Comment punir son enfant: les conseils d’un spécialiste
Trop stricte, trop souple… Comment trouver un juste milieu quand il faut punir son enfant ? Si les temps changent, le "tout permis" n’est pas non plus une solution.
Publié le 21-03-2023 à 00h07
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Alors que le Conseil de l’Europe et l’OMS parlent d’interdire les punitions corporelles (la fessée notamment), les punitions "temps mort", comme aller dans sa chambre ou au coin, sont également pointées du doigt car elles seraient nocives pour le développement de l’enfant. Dans un monde où se développe de plus en plus une pédagogie individualisée et alternative de celle connue par nos parents, comment trouver un juste milieu sans pour autant tout laisser faire ? Bruno Humbeeck, psychopédagogue auteur de nombreuses publications dans le domaine de la prévention des violences scolaire et familial, fait le point. "Il faut trouver un équilibre, car la punition reste indispensable pour le développement de l’enfant et l’apprentissage des limites. Il ne faut surtout pas s’interdire de punir." Comment faire alors ? Pour lui, la punition revêt trois limites à ne pas franchir: l’humiliation, la peur et l’intégrité physique. "Les punitions physiques, les menaces, sont inutiles, contre productives et néfastes. S’il ne comprend pas et ressent de l’injustice, il n’apprend pas."
L’essentiel: mettre du sens
Pour punir, une règle d’or: mettre du sens. "L’enfant doit comprendre pourquoi il est puni. “Ne pas être sage”, c’est flou, il ne comprend pas. La punition doit porter sur une règle précise qu’il n’a pas respectée. Pour être clair, retenez cette astuce: une règle doit pouvoir être dessinée. Par exemple, “ne cours pas trop vite”, ce n’est pas une règle claire ; “ne cours pas”, si." Contrairement à l’avis de l’OMS, aller au coin ou dans sa chambre n’est pas à proscrire. "Si c’est pour réfléchir, prendre du recul, cela peut être bénéfique. Mais il faut l’expliquer à l’enfant."
Contrairement aux idées véhiculées, la punition ne doit selon lui pas forcément être constructive. "La punition est du renforcement négatif, elle doit créer du déplaisir. Comme un adulte qui se prend une amende pour excès de vitesse. On peut y mettre un sens, mais ce n’est pas indispensable." Pour autant, priver l’enfant de ce qui le nourrit, comme le sport ou des activités bonnes pour son développement n’est pas une bonne idée. "On le met dans une situation délicate. Si la faute n’a rien à voir avec cela, c’est contre productif."
Punir, oui. Sans humilier, faire peur ou porter atteinte à son intégrité physique.
"Avant, on voulait dresser les enfants. Aujourd’hui, on veut les épanouir. Mais ils ont besoin d’un cadre, de limites. C’est indispensable pour leur développement." L’éducation ne disparaît donc pas, elle s’individualise. "Chaque enfant est différent, c’est à prendre en compte. On ne punit pas tous ses enfants de la même façon." Il faut s’adapter, mais pas s’abstenir. Bienveillance et justesse !