Les conseils d’une vétérinaire pour bien nourrir les NAC (nouveaux animaux de compagnie)
Qu’importe l’espèce, les NAC (nouveaux animaux de compagnie) ont besoin d’une alimentation parfaitement adaptée à leur taille, leur âge et leur régime dans la nature.
- Publié le 25-02-2023 à 10h00
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Chez le lapin, on peut donner 80% de foin ou d’herbe. "Cela permet d’user correctement les dents (molaires et incisives) qui poussent en continu. De plus, c’est un important apport de minéraux. Il faut respecter le ratio calcium-phosphore pour éviter les soucis d’hypo ou d’hypercalcémie", indique Coline Loigerot, vétérinaire spécialisée en NAC, à Hingeon (Fernelmont). De plus, le foin ou l’herbe permettent un bon transit digestif: le lapin a besoin de fibres longues. Une des erreurs courantes est le nourrissage à base de mélange de graines riches en céréales.
"Cela ne favorise pas l’usure dentaire et les céréales contiennent beaucoup d’amidon. Sans compter qu’on ne permet pas une fermentation dans le caecum [NDLR: la première partie du côlon] qui est un organe de fermentation, ou alors on génère une fermentation à base de mauvaises bactéries qui peuvent créer douleurs dans le ventre et soucis de digestion."
Pour le reste, des légumes verts sont préconisés (pissenlits, roquette, fanes, céleri). Les carottes, très sucrées, restent des friandises exceptionnelles.
Reptiles: attention à l’âge
La famille des reptiles comprend des dizaines d’espèces qui sont végétariennes, carnivores, insectivores ou omnivores.
"Il est difficile de faire des généralités. C’est d’ailleurs ces généralités qui peuvent conduire à faire des erreurs dans leur alimentation. Mais par exemple, pour le pogona, l’un des reptiles les plus courants, il faut rester vigilant. Car sa nourriture va varier au fur et à mesure de sa croissance: quand il naît, il est quasi exclusivement insectivore et puis, il devient omnivore à tendance végétarienne."
Il s’agit donc de bien se renseigner et de s’adapter aussi à l’état de croissance de l’animal. Les reptiles peuvent développer une maladie osseuse métabolique (metabolic bone disease, en anglais) suite à un mauvais ratio calcium-phosphore ou lorsqu’ils n’ont pas assez d’exposition aux UV. "Cette maladie a des répercussions irréversibles qui causent une déminéralisation osseuse et des soucis d’immunité."
Des rongeurs plus médicalisés
Autrefois considérés comme de vulgaires cobayes, les rongeurs sont heureusement aujourd’hui bien mieux traités qu’autrefois. "Ils ont toujours été présents dans les foyers, mais ils sont plus soignés et comparés aux autres animaux de compagnie. Quand j’ai commencé à pratiquer, ils étaient encore dans de toutes petites cages et les gens disaient ‘je ne vais pas le soigner, je vais en acheter un autre ’. Cela ne se voit presque plus, de nos jours. Les gens se renseignent davantage pour fournir une bonne alimentation à leur animal et favoriser leur bien-être au maximum."
Le furet, un carnivore strict
Les furets ont moins de soucis d’origine nutritionnelle. "L’insulinome (cancer du pancréas) est favorisé par les croquettes (à cause de l’amidon qu’elles contiennent) et les aliments riches en sucre. Il y a un lien suspecté." Il s’agit d’un carnivore strict: l’idéal est de lui fournir de petites proies comme des poussins ou des souris. Plus réaliste: vous pouvez aussi opter pour des rations ménagères contrôlées par un vétérinaire qui calculera les bonnes proportions de viande ou de poisson.
Coline Loigerot souligne qu’il faudra nécessairement ajouter des compléments minéraux à la nourriture… Sauf si vous donnez des proies entières. "Car si on utilise des filets et des muscles, c’est riche en phosphore mais pas en calcium. Donc, on n’aura pas quelque chose d’équilibré."
Les oiseaux trop nourris
Chez nous, les oiseaux les plus fréquemment adoptés et que l’on retrouve donc dans les maisons sont les perruches et les perroquets. Étant donné qu’il ne semble pas aisé de leur faire changer de routine alimentaire, mieux vaut prendre de bonnes habitudes dès le plus jeune âge ou en tout cas, le plus tôt possible. "Chez les oiseaux, il y a encore énormément de travail de sensibilisation et de conscientisation à faire en matière d’alimentation", note la vétérinaire spécialisée Coline Loigerot. Les propriétaires de volatiles auraient en effet très peu de connaissances sur les besoins alimentaires à adapter au mode de vie des oiseaux en captivité.
"Dans la nature, ils se dépensent énormément car ils volent des kilomètres tous les jours. Mais quand ils sont en cage ou en liberté dans la maison, les gens les nourrissent trop au regard de leur activité physique limitée. Ils donnent des mélanges de graines beaucoup trop riches. D’autant plus que ces animaux ont la capacité de faire le tri et de choisir ce qu’ils vont manger. Bien sûr, ils sélectionnent en priorité ce qui est gras et sucré. Cela génère de l’obésité, des surcharges hépatiques, des problèmes cardiovasculaires (leurs vaisseaux se bouchent)." Les pépins de santé liés à une mauvaise alimentation sont donc nombreux: troubles digestifs, dentaires, carences en vitamine A, ce qui va favoriser les maladies respiratoires.