Harley-Davidson: une saga qui a connu des hauts et des très bas
Synonyme d’American way of life, de look cultes, star du grand écran comme de la chanson, la marque Harley-Davidson est légendaire mais son histoire a été agitée.
Publié le 04-02-2023 à 12h00 - Mis à jour le 05-02-2023 à 14h25
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C’est à Milwaukee, dans le nord du Wisconsin, qu’en 1903 est fondée l’entreprise par trois passionnés de mécanique de Chicago: William Harley, et ses amis, les frères Arthur et Walter Davidson. Ils créent et commercialisent une moto dotée d’un bicylindre en V face à la route, caractéristique de la marque depuis ses origines. À en croire Arthur Davidson et William Harley, la fatigue que leur occasionnait le pédalage de leur vélo serait la seule motivation qui les aurait poussés à mettre au point une bicyclette à moteur.
Associés à un certain Ole Evinrude – les moteurs hors-bord, c’est lui –, les deux garçons vont fabriquer dans un hangar de 3 m sur 4,5 m, situé dans l’arrière-cour de la famille Davidson, leur premier moteur en 1901. Mais voilà, le carburateur, réalisé à partir d’une boîte de conserve, va lâcher avant que l’engin ait pu faire un mètre.
Il leur faudra deux ans pour mettre au point une machine qui fonctionne, en l’occurrence un moteur monocylindre de 400 cm3 développant une puissance de 3 CV. Deux ans plus tard, leur maîtrise de la technique est suffisamment concluante pour qu’ils commercialisent deux modèles de motos, vendues à… trois exemplaires.
Afin de faire la démonstration flagrante de la robustesse des motos désormais conçues, Walter Davidson s’implique dans le sport motocycliste et remporte, dès 1907, une fameuse course d’endurance organisée par l’American Federation of Motorcyclists. Et pendant qu’il y est, il bat aussi le record de sobriété en parcourant 300 km avec moins de cinq litres de carburant. Un exploit en son temps.
Enfin, récompense suprême: la même année la police américaine décide de s’équiper de Harley-Davidson. Le label HD décolle.
À cette époque, la moto est encore assez éloignée du mythe, mais commence indiscutablement à s’en rapprocher. Ainsi, le premier V-twin sera construit en 1909, associé à deux autres initiatives inédites à l’époque: l’accélérateur à poignée tournante et la fourche à parallélogramme, précurseur de celle devenue célèbre sur la future Springer.
Mais la crise des années 30 sera particulièrement dévastatrice pour l’industrie motocycliste. Si Harley-Davidson tient la route, c’est grâce aux contrats passés avec l’armée et la police.
Jusqu’au déclenchement de la Première Guerre mondiale, les employés de Harley-Davidson ne chôment pas. De 450 machines en 1908, la production de l’usine de Milwaukee monte à plus de 16 000 en 1914. Bien que la fabrication se fasse toujours manuellement, des chaînes de montage sont mises en place pour soutenir la cadence, sur le modèle de la firme automobile Ford.
Le 6 avril 1917, les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne suite aux attaques par des U-Boot de leurs navires civils. Les Harley-Davidson débarquent en France, à Boulogne et à Saint-Nazaire. Un tiers des HD produites cette année sont vendues aux services des armées. Pour la petite anecdote 6 000 deux-roues aux couleurs de la marque continueront à sillonner les routes européennes longtemps, très longtemps après le départ des Yankees.
Grandeur et décadence
Dans les années 50, la saga prend néanmoins un tour sulfureux, avec l’invasion des bandes de Hell’s Angels (à l’origine, des aviateurs Californiens) "semant la terreur dans toute la région" comme le chantera Edith Piaf. Mais la vraie menace, c’est l’arrivée de la nouvelle concurrence japonaise, qui investit à son tour le marché des grosses cylindrées avec des prix cassés. La marque n’a d’autre choix que de se surpasser. Harley-Davidson, qui, entre-temps, a été racheté (en 1969) par AMF, met alors le turbo. La production passe de 14 000 motos à la fin des sixties à 50 000 à la fin des années 70.
Hélas, cette croissance rapide se fait au détriment de la qualité. Le consommateur ne s’y trompe pas. Au début des années 80, la hausse du dollar n’aidant pas, le dinosaure à pots d’échappement manque de devenir une espèce en voie de disparition. Ses parts de marché s’étiolent, tombant jusqu’à 3% du marché des grosses cylindrées aux États-Unis. Les chromes de la légende commencent à se ternir.