Pause hivernale en mode « Green » à Cogne, dans la vallée d’Aoste
Au pied du massif du Grand Paradis dans les Alpes italiennes, la commune de Cogne est un vrai petit paradis. On y trouve la plus vaste prairie de montagne d’Europe. Ses habitants veillent aux traditions et développent avec audace le concept " Green tourism " de la vallée d’Aoste.
Publié le 24-01-2023 à 08h00
Dans la vallée d’Aoste, la plus petite et la plus haute région d’Italie, les habitants ont bien conscience qu’ils vivent dans un petit coin de paradis. C’est sans doute encore plus vrai à Cogne, petite ville de traditions, en bordure du Parco Nazionale Gran Paradisio, dans les Alpes.
"Vivre à Cogne, c’est entretenir un art de vivre", raconte Laura Roullet, qui dirige le Belle Vue, un monument de l’hôtellerie dans cette région autonome de l’Italie. Un hôtel où l’on sait recevoir (il compte autant d’employés que d’hôtes), qui se transmet de génération en génération et qui a la particularité d’être le dernier bâtiment construit en bordure d’une des plus grandes prairies de montagne d’Europe.
Il faut savoir que Cogne est devenue une commune verte bien avant qu’on ne parle d’écologie. "En 1925, le maire de l’époque a décidé qu’il serait interdit de construire dans les prés, qui étaient réservés à l’élevage et aux foins", poursuit Laura Roullet. La ville s’est donc développée sur les versants et s’étend le long du pré Saint-Ours où paissent les vaches en été et où glissent les skieurs en hiver. Avec 80 km de pistes, Cogne est l’une des plus célèbres localités valdôtaines de ski nordique. C’est l’endroit préféré des Milanais qui s’y ruent dès qu’on annonce les premiers flocons.

Un endroit authentique et préservé
"J’ai voyagé sur tous les continents et logé dans des endroits extraordinaires. Mais jamais je n’ai trouvé autant de beauté et d’authenticité que dans cette petite vallée de Cogne", poursuit Laura Roullet. Son hôtel est à l’image de cet endroit: un musée à ciel ouvert. Car Cogne est située en queue de vallée et, durant des siècles, ses habitants ont vécu en quasi-autarcie. Ils ont donc dû sans cesse innover afin de survivre dans des conditions parfois très pénibles. C’est ce qui explique peut-être cet accueil chaleureux et en français (langue officielle de la vallée), à nul autre pareil, avec les touristes.

Le passé, agricole et minier, est la fierté des habitants qui ne se font pas prier pour vous expliquer leur histoire et leurs traditions. Des initiations à la dentellerie sont par exemple au programme des écoles de Cogne et nous vous conseillons de vous rendre au musée du parc minier de la vallée d’Aoste, dans l’ancien village des mineurs. Une vraie réussite d’un point de vue didactique, qui permet de se replonger dans l’histoire de cette commune qui a pu se développer grâce à l’audace et l’ingéniosité de ses habitants. Un exemple ? Le docteur Grappein fit construire une route pour relancer l’activité minière puis décida en 1824 de répartir équitablement toutes les recettes de la mine entre tous les habitants de Cogne. Pionnière en matière de protection de l’environnement (lire à droite), Cogne aurait ainsi été une première commune communiste bien avant l’heure !
Un lac avec de l’eau chaude gratuite

Il y a 40 ans, ses parents bâtissaient un petit hôtel de 9 chambres. "Aujourd’hui, l’hôtel-chalet Notre Maison compte 30 chambres, dans des bâtiments de petite taille reliés par des tunnels." Andrea Celesia est un hôtelier entreprenant et idéaliste. "Toujours grandir, c’est nous tuer. Car c’est réduire les espaces naturels, ce pour quoi on vient justement à Cogne."
Il y a 9 ans, bien avant la crise énergétique, Andréa ouvrait de grands yeux en regardant sa facture énergie. "80 000 litres de mazout par an, un beau paquet de dollars pour construire des pistes de ski indoor dans des déserts des pays du Golfe !" D’où l’idée de se tourner vers un autre modèle. Une centrale de gazéification qui produit de l’électricité et de l’eau chaude à partir de bois sans grande valeur, arbres emportés dans des avalanches ou déchets des menuiseries. "Je fais vivre trois entreprises du bois dans la vallée et une vingtaine de personnes grâce à cette filière."
Résultat: une indépendance énergétique totale. C’est l’hôtel de plus écologique d’Italie ! "L’été, on produit trop d’eau chaude, même en faisant tourner la centrale au minimum." D’où son idée de créer un petit lac à 37 degrés pour que ses clients puisent se détendre après leurs randos. "C’est sympa et gratuit."