Les somnifères: banalisés mais pas sans danger
On a tendance à utiliser les somnifères pour régler le moindre problème de sommeil. Mais ces médicaments ne sont pas sans risque et ne devraient intervenir qu’en dernier recours.
Publié le 21-01-2023 à 08h00 - Mis à jour le 23-01-2023 à 10h26
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"Je suis allé rechercher une ordonnance pour des somnifères." Cette phrase est devenue tellement banale qu’on n’y prêterait presque pas attention. Et pourtant, ces petits cachetons n’ont rien d’anodin et n’ont surtout rien à faire dans les pharmacies de la grosse majorité de la population, rappelle le Dr Julien Fanielle. "Il y a un mauvais usage et une surprescription de médications de type somnifère." Le premier traitement pour les problèmes de sommeil n’est pas médicamenteux, souligne-t-il . "Dans 80% des cas, on règle les problèmes d’insomnie par des thérapies cognitivo-comportementales."
Favorise un sommeil non réparateur
Mais quand on y a goûté, c’est difficile de s’en passer. Et si leur effet de dépendance est important, les somnifères n’induisent en rien un sommeil réparateur, dit-il. "Les somnifères de type benzodiazépines ont un effet anxiolytique et sédatif qui fait dormir mais qui favorise aussi le sommeil lent léger qui n’est pas réparateur." Ces médicaments diminuent les stades de sommeil lent profond si essentiels.
"Évidemment, en cas de situation de détresse ou de décompensation anxieuse majeure, de problèmes psychiatriques lourds, on est content d’avoir les benzodiazépines. Mais leur prescription doit être contextualisée – surtout pas de manière trop légère et inadéquate -, avec un suivi spécialisé."
C’est d’ailleurs souvent le cas chez les personnes âgées en bonne santé qui s’endorment à 20 h, s’étonnent de se réveiller vers 2-3 h et prennent un cachet pour "terminer leur nuit", alors qu’ils l’ont déjà faite. Plus on vieillit, moins on a besoin de dormir, rappelle notre spécialiste.
Alors pourquoi continuer à prescrire ces somnifères à tout vent ? "C’est un problème d’éducation de la population et de formation au niveau des professionnels de la santé. Tout est fait dans notre pays pour la prise de médicament en première intention. Ça coûte évidemment plus cher de suivre une thérapie cognitivo-comportementale sur plusieurs semaines que d’aller acheter une boîte de somnifères en pharmacie: il y a un problème de remboursement et d’accès aux soins, aussi parce que les soins de santé sont saturés."
Enfin la prise de somnifères peut aussi être dangereuse, puisqu’elle peut camoufler des problèmes bien plus importants tels que l’apnée du sommeil.
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