« Dis, le père Noël, il existe ou pas ? » : comment dire la vérité aux enfants
Père Noël, saint Nicolas, la Petite Souris, les Cloches de Pâques… Avec les enfants, vient un jour le temps des questions. Comment en parler ? À quel âge ? Et quoi dire sans briser la magie ?
Publié le 21-12-2022 à 12h00 - Mis à jour le 24-12-2022 à 09h46
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Le père Noël et son traîneau de rennes, Saint-Nicolas descendant par la cheminée, la Petite Souris qui se glisse la nuit sous l’oreiller, ou encore les Cloches de Pâques, qui font pleuvoir du chocolat… Qu’il est bon de croire en la magie, de voir l’émerveillement dans les yeux d’un enfant ! Pourtant, vient un jour le temps des questions, des doutes. Mais comment lui en parler sans lui ôter toute la magie que ces croyances ont mis dans son univers ?
Pour Alain Malchair, responsable du service pédopsychiatrique au CHU de Liège, la première chose à savoir, c’est que le bon moment n’est pas une question d’âge. "Le bon moment est quand il commence à poser des questions. S’il demande, c’est qu’il veut une réponse vraie et cohérente ; s’il a des doutes mais ne veut pas savoir, il ne dira rien. Il faut respecter son enfant et ne pas lui mentir, c’est le plus important. Mais il n’y a pas de règle, c’est l’enfant qui décide quand ce moment arrive. Dès lors, lui dire la vérité n’est pas le trahir, on lui permet simplement de grandir et d’accéder à une nouvelle étape de sa vie."
Récemment, Alain Malchair a commenté un conte de Noël (voir encadré) qu’il trouve très à propos pour faire cette transition entre l’imaginaire et la réalité. "Ce que j’aime dans ce conte, c’est de créer un pont entre la croyance et le réel, en douceur, en créant un lien plus fort avec son enfant, en parlant d’amour et de générosité sans besoin de réciprocité. On explique ainsi à l’enfant l’amour absolu, désintéressé. C’est une autre forme de magie, qui prend la place du rêve, sans la douche froide. L’enfant peut ainsi continuer à rêver. On remplace le mythe par l’amour explicite."
L’imaginaire, source de vie
Qu’en est-il d’un parent qui souhaiterait dès le plus jeune âge dire la vérité à son enfant, qui ne voudrait pas lui "raconter des histoires" ? "Chacun fait ce qui lui semble juste. Mais le faire n’est pas une mauvaise chose: dès lors qu’on entre dans une logique de contes, de magie et de rêve avec son enfant, ce n’est pas lui mentir à proprement parler puisqu’on est dans une intention bienveillante, de rêve, d’émerveillement. C’est comme les histoires que l’on lit étant petit, cela fait partie de l’imaginaire dont les enfants ont besoin pour s’épanouir. Si on est sans cesse dans l’objectif de vérité pure, de la réalité de la vie, je pense que l’on passe à côté de quelque chose. L’enfant à besoin de rêver pour s’épanouir."
Il faut en tout cas s’ôter de la tête, en tant que parent, que faire entrer ces croyances dans la vie de son enfant est lui mentir. "Dans ce genre de situation, je préfère parler d’imaginaire et de réel plutôt que de mensonge et de vérité. Dans cette logique de magie et de rêve, cela me semble plus juste !"
Enfin, Alain Malchair aborde le cas de certains enfants qui se posent des questions mais n’osent pas en parler, de peur qu’en quittant ces univers, la magie, les cadeaux et ces moments féeriques disparaissent totalement. "Il faut les rassurer, leur faire comprendre que ce qui est derrière cette croyance, c’est avant tout un amour qui ne disparaîtra jamais."