Ski: "les pistes sont un partage d’espace"
En moins d’une semaine, deux accidents mortels se sont produits sur les pistes de ski françaises suite à des collisions entre skieurs. Leur responsabilité est engagée.
Publié le 22-01-2022 à 06h00
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Laurent Reynaud, vous êtes délégué général pour Domaines Skiables de France, qui est la chambre professionnelle des opérateurs de domaines skiables, quelle autorité est habilitée à intervenir lors d’un accident de ski?
Quand il y a du délictuel, ce sont les gendarmes. Les pisteurs sont titulaires d’un brevet pour porter secours aux personnes, pour appeler les secours publics: ils ne sont pas assermentés et ne peuvent donc pas verbaliser. Il faut savoir que les interventions de secours n’occupent que 10% du temps des pisteurs.
Peuvent-ils néanmoins intervenir lorsque des skieurs adoptent des comportements à risques?
On les forme à la prévention. C’est toujours compliqué quand les personnes ne se rendent pas compte que l’on peut atteindre très facilement des vitesses de l’ordre de 50 km/h. Il y a donc beaucoup de pédagogie car la loi française ne nous donne pas la capacité d’agir au-delà.
On a aussi des radars pédagogiques mais il ne faut pas que ça implique le fait d’aller chercher le score le plus haut…
Il faut donc renforcer la prévention.
Encore plus cette année car on n’avait pas beaucoup skié l’année dernière. En amont de la saison, on a informé sur le matériel à porter, la préparation physique, le respect du skieur en aval…
Quels sont les accidents les plus fréquents?
Chaque accident mortel est toujours un traumatisme. Si on met tout ça par rapport aux chiffres, il y a dix millions de skieurs chaque année sur les stations alpines, pyrénéennes et vosgiennes. On dénombre environ 45 000 interventions de pisteurs secouristes. Les pathologies les plus fréquentes sont les genoux pour les skieurs et les poignets pour les snowboarders. Les accidents mortels sont rares. Le plus souvent, il s’agit de collision contre un obstacle ou entre skieurs. Mais c’est comparable à d’autres sports d’évolution libre comme le parapente ou le vélo.
En cas d’accident, les responsabilités sont-elles semblables à ce qui se passe lors d’un accident de la route?
Les pistes, c’est un partage d’espace: on n’est pas seuls et on porte une responsabilité. C’est comparable à d’autres délits quand on cause du tort à autrui ou que l’on trouble l’ordre public. Par rapport à une voiture, tout n’est pas comparable car il n’y a pas de permis qui est délivré.
Pouvez-vous rappeler la règle du skieur en aval qui est prioritaire?
Quand vous êtes au-dessus d’un skieur, vous devez anticiper les mouvements. Comme en voiture, c’est celle de derrière qui doit anticiper la voiture de devant.
Il faut aussi ne pas s’arrêter n’importe où, maîtriser sa vitesse…
Ne devrait-on pas organiser des contrôles sur les pistes?
C’est assez rare que les gendarmes soient sur les pistes. Il y a un débat pour voir si d’autres personnes ne pourraient pas être habilitées à sanctionner. Actuellement, ce ne sont pas des prérogatives des acteurs socioprofessionnels.
Et l’incidence de l’alcool sur les pistes?
Cela pose problème très ponctuellement. L’enclenchement de la responsabilité est identique. La consommation d’alcool est marginale et les restaurants en altitude se sont aussi rendu compte que leur responsabilité était engagée.