Séjour au ski: Pralognan-la-Vanoise, la montagne familiale
Si, pour beaucoup, les vacances d’hiver sont synonymes de ski et autres sports de glisse, découvrons à Pralognan la montagne sous un autre… flanc!
Publié le 19-01-2022 à 12h00
La belle Pralognan apparaît, presque de façon inattendue, au détour de la route enneigée. D’emblée, ses maisons savoyardes entourées de montagnes immaculées et de sombres épicéas touffus rendent le lieu chaleureux, semblant préservé du reste du monde. Dans cette station située aux portes du parc naturel de la Vanoise dont elle est la gardienne, la famille y est mise à l’honneur, par l’accueil personnalisé et par l’offre d’activités proposées tant aux petits qu’aux grands. Les visiteurs ne sont d’ailleurs pas désignés comme tels mais sont appelés "les invités".
«Pas une usine à ski»
Surplombé par la Grande Casse, le plus haut sommet du massif de la Vanoise culminant à 3 855 mètres, ce village savoyard dégage une atmosphère intimiste qui invite au délassement. Intimité que l’on perçoit entre les habitants, actifs dans la vie de leur montagne, et leurs invités: beaucoup reviennent chaque année et des liens se sont dès lors tissés au fil des décennies. Car on vient à "Pralo" en famille, pour le panel d’activités: initiation au télémark, centre aqualudique, spa-détente, safari-photo en raquette, curling, poney luge, observation des bouquetins des Alpes, création d’igloos, visite de la chèvrerie… et pour les tablées bon enfant de chez Pépé Gus’ou du refuge des Barmettes. Génépi, beaufort de saison, crozets et croziflettes, fondues et raclettes sont autant d’invitations à la convivialité.
Bastoune et vous
Évidemment, la pratique du ski est indissociable de cette station de sports d’hiver. Il y est même possible, à certaines dates, de défier sur les pistes un grand champion français olympique, Sébastien Amiez, dit Bastoune, originaire de et vivant à Pralognan. Le "défi de Bastoune" vous offre alors la possibilité de vous confronter à une légende du ski lors d’un slalom parallèle chronométré d’une quinzaine de virages. Prêt à devenir un challenger?
La Grande Odyssée
Chaque année, au début du mois de janvier, Pralognan devient un village-étape de la mythique course de chiens de traîneau, la Grande Odyssée Savoie Mont Blanc, qui se tient cette année du 8 au 19 janvier. Ces douze jours de compétition de haut niveau sur 400 kilomètres rassemblent une cinquantaine de mushers (conducteurs de traîneau) venus du monde entier, 600 chiens-athlètes et 50 000 spectateurs. Mickaël, musher à Pralognan, nous explique que la Savoie se pare alors d'un décor ressemblant au Grand Nord canadien dans lequel on imagine aisément évoluer des trappeurs très attachés à leurs compagnons à quatre pattes. Le musher français nous précise d'ailleurs que "l'on dresse un lion, une bête sauvage, mais l'on éduque un chien, car il fait partie de notre famille".
Le caravaneige
La période que nous traversons a totalement modifié notre façon de voyager et d’envisager nos vacances. Nombre d’entre nous ont cherché des alternatives et ont investi dans des mobile-homes et vans aménagés pour ne pas être tributaires d’un endroit où loger. À Pralognan, et depuis trente-cinq ans, soixante places déneigées et équipées en électricité vous permettent de venir parquer votre maison sur roues. Des sanitaires et autres facilités sont mis à disposition des voyageurs "nomades", pour une découverte de la montagne au cœur de la nature. Ce "caravaneige", camping hivernal au plus proche des pistes, est aussi une belle carte de visite de Pralognan.

On ne jouerait à la pétanque que sous les platanes de Marseille, un pastis à portée de main? Détrompez-vous! Nous avons découvert une variante nordique tout aussi conviviale: l’eisstock (attention, différent du curling). Selon le même principe que sa sœur du sud, l’eisstock se joue sur un terrain glacé de 28 mètres de long sur 3 mètres de large avec, à ses extrémités deux zones rectangulaires (6 mètres sur 3) de départ, où se positionnent les joueurs. Deux équipes s’affrontent alors, en lançant sur la glace des disques (en allemand, "eisstöck") dont le prolongement est une poignée. Chaque disque pèse précisément 4,3 kg, ce qui n’est pas une mince affaire. Tout est question de balancement du corps et d’équilibre lorsqu’on projette le disque sur la piste de glace. Tout comme pour la pétanque classique, il s’agit d’approcher au plus près ses pions d’une douve, soit un palet de 12 centimètres de diamètre que vous aurez aisément identifié comme étant le cousin du cochonnet.
L'eisstock a l'avantage de se jouer entre 2 à 16 joueurs et est accessible à tous, même aux grands débutants. Si sa popularité est plus grande aux États-Unis et au Canada qu'en Europe, cette activité hivernale s'est tout d'abord développée dans les pays alpins avec comme précurseur l'Allemagne. La Fédération d'eisstock y a en effet vu le jour en 1934. Ceci est plutôt tardif quand on sait que les premières traces de ce sport sur glace remontent au XVIe siècle, dans les œuvres du peintre Brueghel l'Ancien. Si vous observez avec attention les détails du tableau Chasseurs dans la neige, peint en 1565, vous identifierez aisément quelques disques.

Tout droit venu du Grand Nord américain, le curling est une discipline très prisée au Canada mais qui nous semble, de l’autre côté de l’Atlantique, un peu surréaliste. Il faut reconnaître que si l’on ne connaît pas les règles de cette discipline, observer des sportifs balayer avec énergie la glace est un peu étonnant. Pourtant, les deux balayeurs (c’est le terme exact!) font fondre la piste afin que la pierre de granit pesant 20 kg arrive à destination, soit 42 mètres plus loin. La piste de curling de Pralognan est une des deux seules en France, construite expressément pour les Jeux d’Albertville.

Quittons un instant la Haute-Savoie pour un voyage de 2 000 km, direction Øverbø, un petit patelin norvégien de quelque 300 âmes. Nous sommes en 1868, et l’enfant terrible du pays, Sondre Norheim, est un skieur hors pair. Comme son père avant lui, il fabrique des skis en bois et participe à des courses rémunérées dans la région pendant lesquelles il teste son matériel, qu’il améliore sans cesse. Cette année-là, Sondre est invité à une compétition à Oslo. Trois jours de trajet en ski et 200 kilomètres plus tard, le sportif remporte haut la main la course, alors qu’il en est presque le doyen, alors âgé de 42 ans. Il entre alors dans la légende du sport norvégien. Mais ce qui fera sa renommée internationale intervient peu de temps après: le champion met au point une paire de ski d’un genre nouveau sur laquelle le talon n’est plus fixé. Il lui donne le nom du comté qui l’a vu naître: le Telemark. Selon son système, le skieur peut exécuter des virages plus harmonieux et prendre de la vitesse. La technique n’est pas simple: les genoux sont engagés, l’un après l’autre, dans un mouvement très fluide et élégant s’apparentant presque à de la danse. Mais avant d’atteindre cette grâce, nous vous assurons qu’il y a du travail! En effet, pour les habitués du ski alpin, il s’agit d’acquérir une tout autre coordination de mouvements et, en quelque sorte, défaire ses acquis. Ces dernières années, Pralognan-la-Vanoise a accueilli la Coupe du monde de télémark, événement remarquable par la technique des compétiteurs, la convivialité et l’esprit d’entraide entre eux.

Le beaufort
Avertissez vos papilles: si vous dégustez un beaufort fabriqué entre le 1er novembre et le 31 mai et un second moulé entre le 1er juin et le 30 octobre, ils n’auront pas le même goût. Le premier, jaune clair et très doux, sera appelé "beaufort d’hiver" tandis que le second, plus fruité et à la couleur dorée, se nomme, sans surprise, "beaufort d’été". Une petite nuance à ajouter: il existe un beaufort, moins courant et encore plus goûtu que les deux précédents, celui "d’alpage", fabriqué directement après la traite, sur place, en chalet d’altitude.

Les crozets
Si les Savoyards sont fous des pics de leurs montagnes, leurs féculents, eux, ils les préfèrent au carré! Indissociables de la cuisine du terroir, les crozets sont les pâtes de la région, découpées de façon très précise en petits carrés d’environ un centimètre de côté. Mélangées à des lamelles de beaufort, ces petites pâtes doivent leur nom au mot franco-provençal savoyard "croé" signifiant "petit". L’histoire raconte en effet que les montagnards voulaient limiter au maximum le volume de leur sac à dos, d’où la petite taille de leur repas principal.
