Le fond de teint, une histoire qui remonte à l’Antiquité
Utilisé pour éclaircir la peau, un must dans l’Antiquité, le fond de teint a parfois été dangereux pour la santé. Aujourd’hui, d’innombrables formules existent pour se donner une mine superbe.
Publié le 16-01-2022 à 17h00
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Si, de nos jours, il existe sous bien des formes et des textures, le fond de teint a mis un certain temps à trouver le chemin des trousses de maquillage. Au fil des siècles, pourtant, il a rempli des fonctions diverses. Cache-misère pour certain(e) s, outil de travail pour d’autres, il a parfois été dangereux pour la santé. De tout temps, il a pourtant été utilisé par les femmes mais aussi les hommes pour donner à la peau une meilleure apparence…
Dès l’Antiquité
Dans l’Antiquité, déjà, on prêtait une grande attention à son teint. Les caravanes amenant les épices et la soie en Europe font aussi découvrir les produits de maquillage. En Grèce, pour s’éclaircir la peau, on utilise de la craie en poudre. À Rome, c’est une autre formule qui remporte le plus de succès : le blanc de céruse (aussi appelé blanc de plomb ou blanc d’argent) fait un tabac. Mais il est dangereux, puisqu’il contient du plomb, qui peut entraîner des problèmes de peau, mais aussi la mort…
Malgré les contre-indications évidentes, il sera utilisé jusqu’au Moyen Âge. À partir de cette époque, un autre ingrédient fait fureur chez les coquettes qui veulent donner un coup d’éclat à leur minois : le blanc d’œuf. Lequel a un effet tenseur sur la peau.
La tentation d’utiliser des produits moins naturels est pourtant toujours bien présente et, à l’époque victorienne, on n’hésite pas à mélanger oxyde de zinc, mercure et nitrate d’argent pour blanchir sa peau. Car l’heure est à la pâleur et le fond de teint ne sert pas, comme ce sera le cas plus tard, à se donner bonne mine mais, au contraire, à entretenir l’aspect diaphane (et romantique) de l’épiderme.
Ocre, zinc et gras de porc
C’est à un chanteur d’opéra (et chimiste) allemand, Ludwig Leichner, que l’on devra le premier fond de teint approchant de celui que nous utilisons aujourd’hui.
Conscient que l’apparence était primordiale quand il montait sur scène, il crée un stick à base d’ocre, de zinc et de gras de porc. Inutile de préciser que le produit, épais et huileux, n’est pas plébiscité par toutes. Son invention est essentiellement bienvenue dans le milieu du théâtre. Les acteurs s’en tartinent mais le grand public ne se précipite pas sur cette trouvaille.
Après le stick, un peu plus fluide mais pas encore très sexy, on utilise une version en pot. Mais la vraie révolution, c’est Max Factor qui va l’apporter, dans les années 30, avec son Pan-Cake, un petit boîtier, compact et pratique, dans lequel il a enfermé sa formule.
Dès l’instant où les actrices de cinéma se ruent sur cette invention, les belles suivent le mouvement.
On estime qu’en 1940, une Américaine sur trois avait déjà acheté un Pan-Cake et s’en trouvait fort aise. Le produit, dont le packaging a évidemment évolué, existe toujours. La formule, elle, serait toujours la même.
Depuis, avec l’arrivée de nombreuses marques, la concurrence n’a cessé de faire progresser les formules. On trouve des fonds de teint liquides, compacts, en crème, en poudre, en stick. L’eau de teint, plus légère, s’est également invitée dans les magasins spécialisés ces dernières années, tout comme les BB crèmes, qui hydratent en même temps qu’elles couvrent les imperfections et corrigent le teint.
Bio, vegan ou classique, il y en a pour toutes les envies. Et toutes les bourses, bien sûr.
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Chanteur d’opéra et chimiste, Ludwig Leichner (1836-1912) était aux avant-postes quand il s’est agi d’imaginer une "crème" qui permettrait de magnifier les visages des artistes. Pas seulement d’unifier le teint mais également de redessiner les contours, d’apporter, grâce au maquillage, des expressions qui pouvaient se perdre avec les distances.
Sa "grease paint" (littéralement la "peinture grasse") fut rapidement un succès et Leichner put créer à Berlin, en 1876, une entreprise commerciale de poudres et de maquillage.
Grâce aux recherches de Leichner, les acteurs pouvaient jouer sur les tons, clairs et plus sombres, pour rendre leurs visages plus expressifs. L’autre petite révolution, c’est que ces produits résistaient bien aux chaudes lampes à gaz qui servaient à éclairer les scènes, sur lesquelles les artistes suaient abondamment.
À l’époque, déjà, Leichner avait inventé la "gamme", puisque son produit existait dans diverses teintes, en fonction des carnations, et en diverses épaisseurs, en fonction des zones à traiter. Les sticks les plus larges étaient utilisés pour couvrir les zones les plus grandes du visage – le menton, les joues, le front – et les plus fins servaient à peaufiner les détails. Ils étaient appelés "les doublures" et dessinaient des ombres, des rides, des veines, les sourcils, etc.
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