Cosmétiques: le naturel est-il vraiment sans danger? (vidéo)
La tendance est au naturel, y compris pour les soins de la peau. La prudence reste toutefois de mise pour ne pas faire plus de mal que de bien.
Publié le 15-01-2022 à 09h00
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Depuis plusieurs années, un concept a fait son apparition en matière de cosmétiques: celui du retour au naturel. Cela n’est pourtant pas toujours sans danger. Françoise Guiot est dermatologue à Grez-Doiceau, elle décrypte pour nous cette tendance et livre ses conseils pour prendre soin de sa peau, le plus naturellement possible, mais sans risque.
Produits biologiques, écologiques, issus de la nature, sans conservateurs, sans parabènes, sans sulfates… Sur papier, l'idée séduit. Mais dans les faits, utiliser des produits naturels et renoncer définitivement aux cosmétiques conventionnels est-il forcément une bonne idée? "Il faut être prudent et faire preuve de discernement. On a de violents poisons dans la nature! On peut avoir des crèmes bio avec 90% d'ingrédients naturels et dans les 10% restants, avoir un composant qui n'est pas bon."
Huiles essentielles et végétales: prudence
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les produits naturels ne sont pas dépourvus de risques. C'est le cas, notamment des huiles essentielles qui peuvent se montrer nocives et ne conviennent pas à tout le monde. "Certaines sont très efficaces. Mais il ne faut pas oublier que l'huile essentielle est un concentré de plante. Or les plantes sont aussi des concentrés d'allergènes. La lavande et l'arbre à thé, par exemple, sont parmi les huiles essentielles les plus utilisées mais elles ont un pouvoir oestrogénique et sont considérées comme des perturbateurs endocriniens. C'est la raison pour laquelle on les déconseille aux femmes enceintes et aux jeunes enfants" explique le docteur Guiot.
Pour les crèmes qui contiennent des huiles végétales, il faut aussi se montrer prudent. "Sur le corps, ça ne posera pas particulièrement de problème, pour le visage, par contre, on risque de se retrouver avec des comédons et des microkystes car les huiles végétales peuvent être comédogènes." Dans tous les cas, on recommandera de se tourner vers son pharmacien et de n'acheter ses produits que dans des endroits sûrs. "Le conseil doit être remis au centre des questions sur les soins de la peau."
Quelle routine adopter?
"Laver sa peau juste avec de l’eau, ce n’est pas suffisant. Surtout si elle est un peu grasse. On a donc besoin d’un produit qui va dissoudre les particules pour enlever l’excès de sébum, la crasse, les odeurs… Pour ça, on a besoin de savon. Et il y en a qui sont plus naturels que d’autres! On peut, par exemple, recommander le savon de Marseille qui a des propriétés désinfectantes. Mais ça ne peut pas convenir à tout le monde car il a un effet décapant qui agresse le film hydrolipidique. En tant que dermatologue, on préconisera davantage les savons "surgras" qui permettent de limiter le desséchement de la peau. L’idéal quand on veut faire attention à sa santé est de privilégier les produits hypoallergéniques et simplifier un max sa routine."
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Les recettes pullulent sur le web pour fabriquer ses propres soins cosmétiques maison. On en trouve de toutes sortes, pour différentes applications. Mais ceux-ci sont parfois loin d'être inoffensifs, le docteur Guiot alerte: "C'est un vrai problème quand on joue à l'apprenti chimiste. Certaines molécules ne vont pas ensemble, on peut vite se retrouver avec un produit irritant et se causer des dommages. Il faut faire très attention!" Si l'on veut toutefois se lancer dans la création de cosmétiques naturels, il est important de respecter des règles d'hygiène très strictes pour éviter tout risque de contamination et d'effets indésirables. Et surtout, on sera particulièrement attentif à sa conservation: jamais plus de 15 jours, et toujours placé au frigo. Dès que le produit change d'odeur, de texture, de couleur, on le jette immédiatement.
Dire adieu aux cosmétiques conventionnels?
Pour Françoise Guiot, cette vague du retour au naturel a jeté le discrédit sur les cosmétiques conventionnels, sans que cela ne soit justifié.
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"On diabolise beaucoup les composants synthétiques mais il n’y a pas d’étude à l’heure actuelle qui démontre la dangerosité avérée de ces produits. Ceux qui posaient réellement problème ne sont plus sur le marché. Les cosmétiques sont soumis à de nombreux tests. Et il faut savoir que les marques comme Nivea ou L’Oréal qu’on retrouve en grandes surfaces appartiennent à de grands groupes qui détiennent aussi des marques de parapharmacies reconnues. Le filtre solaire L’Oréal, on retrouve le même en pharmacie…"
La problématique des conservateurs
En ligne de mire des adeptes du naturel, on retrouve les fameux conservateurs. "Sauf que c'est fondamental dans les formules si on ne veut pas se retrouver avec de véritables bouillons de culture bactérienne! Si on veut se tourner vers de produits sans conservateur, alors il faut opter pour des produits avec un minimum d'ingrédients. Pour l'hydratation, on peut utiliser des flacons "airless'" qui limitent l'usage des conservateurs car ils ne sont pas au contact de l'air. Pour les parabènes, je dirais qu'on a jeté le bébé avec l'eau du bain! C'est un coup marketing. Or, il y a deux sortes de parabènes: ceux à chaîne courte et ceux à chaîne longue. Les parabènes à chaîne courte sont dénués de risque pour la santé et cela reste un des meilleurs conservateurs sur le marché. On les a remplacés par des composants bien pire comme le MIT (methylisothiazolinone) qui est très allergène."
Wash Wash Cousin: une naturalité réfléchie
Des cosmétiques solides zéro déchet, naturels et soigneusement contrôlés, c’est le credo de Wash Wash Cousin. Rencontre avec la fondatrice.
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En 2017, Christel Carlier se lançait dans la création de cosmétiques solides zéro déchet et naturels avec Wash Wash Cousin. Autour d’elle, la famille presque au complet s’est réunie. On retrouve deux de ses sœurs, son frère et son père. Plus de trois ans plus tard, le bilan est on ne peut plus positif et l’entreprise ne cesse de croître. Aujourd’hui, 23 produits sont commercialisés par la marque, dans le respect de l’environnement et des règles de cosmétovigilance. La naturalité, on la prône, mais avec prudence.
"Tout ce qui est naturel n'est pas inoffensif déclare Christel, sans filtre. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse en termes de cosmétiques, on fait des choix éclairés."
La fondatrice de Wash Wash Cousin, basée à Saint-Denis-Bovesse, près de Namur, a un discours qu'elle veut le plus objectif possible sur les cosmétiques naturels. Ce qui l'a motivée à lancer sa propre marque, ce sont les incertitudes qui pesaient sur certains composants qu'elle pouvait retrouver dans des produits bébé à destination de son fils, tout juste né. "Rien ne me satisfaisait vraiment sur le marché. J'ai commencé à m'intéresser aux alternatives bio et naturelles, j'ai fait mes petites expériences." Ses produits, qu'elle partage alors à ses copines, séduisent, et elle décide de les commercialiser.
Compositions
Shampoings, après-shampoings, savons, déodorants ou encore mousses à raser, pour ne citer qu'eux: chez Wash Wash Cousin, pour l'ensemble des soins, fabriqués à la main, on s'assure de la naturalité de tous les ingrédients. Tout ce qui provient des plantes est aussi issu l'agriculture biologique. Mais Christel, aromatologue, est toutefois consciente des dangers liés aux huiles essentielles. "C'est vrai, il faut être attentif aux huiles essentielles et on tend à les réduire de plus en plus car il y a un risque allergique. Mais tous nos produits sont soumis à la cosmétovigilance. Des tests sont réalisés par des laboratoires indépendants afin de s'assurer qu'il n'y a pas de réaction, d'irritation à nos produits."
Sulfates, silicones et conservateurs critiqués sont pour leur part bannis des compositions. "Nos produits sont "waterless" (sans eau), il n'y a donc pas besoin de conservateur. Par contre, il faut faire attention à la conservation pour éviter qu'ils ne se transforment en nids à bactéries. On recommande de toujours sortir les produits de la douche pour les faire sécher à l'air libre, sur un gant sec. On ne les laisse pas dans l'eau stagnante ni dans une boîte fermée."
Infos: www.washwashcousin.be
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L’écologie au cœur du projet
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Si pour Christel, "le zéro déchet est un abus de langage car il est impossible de s'y tenir à 100%", tout est fait pour y tendre au maximum. Ainsi, tout le matériel utilisé est réutilisable et l'entièreté des chutes des produits non conformes est envoyée à diverses associations qui œuvrent pour les femmes battues, les enfants handicapés ou précarisés, ou encore les migrants. Les emballages sont aussi réalisés dans un atelier protégé.
En plus de proposer des produits solides en adéquation avec la logique du zéro déchet, Wash Wash Cousin va au bout de sa démarche environnementale avec un laboratoire entièrement indépendant en énergie. L’électricité nécessaire au fonctionnement des différentes machines est produite grâce à des panneaux photovoltaïques installés sur le toit. Pour les besoins en eau, l’équipe utilise l’eau de pluie récoltée dans une cuve spécialement conçue à cet effet.
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L’entreprise collabore par ailleurs au niveau européen avec un réseau d’écoles supérieures et universités sur des projets de développement et d’échange, ainsi qu’au niveau local sur des projets originaux et pointus.
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