"Non, le vin de Savoie n’est pas qu’un vin de raclette ou de fondue"
Les producteurs de vins de Savoie se battent pour redorer l’image de leurs breuvages. Avec un espoir: "Nous sommes sur la bonne voie pour un grand cru."
Publié le 17-11-2021 à 07h00
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"Pour nous, vignerons, c'est ici que cela se passe. Il faut avoir les pieds dans la vigne pour en parler." À Cruet, un petit village situé au pied du parc naturel régional du Massif des Bauges, en plein cœur de la Savoie, Philippe Grisard n'hésite pas à gravir le terrain en pente pour contempler ses vignes. Sur ce versant constitué de terres faites de pierres et d'argile, avec une pente dépassant en certains endroits les 40%, l'homme en connaît un rayon sur le sujet. Une passion sans borne pour laquelle il ne tarit pas d'éloges. "Lorsqu'on est ici, on est heureux. On est bien", dit-il. Avec un vignoble réparti sur six communes, Philippe Grisard n'est pas peu fier des vins de Savoie, qui ont pourtant souffert de leur réputation.
«On ne fait plus du vin à raclette...»
"Oui, les vins de Savoie ont très mauvaise réputation", explique Alix Rerolle, la responsable événementiel du domaine Bouvet, l'un des quatre domaines de Philippe Viallet, une autre figure bien connue dans la région. "Encore aujourd'hui, beaucoup de personnes restent sur cette idée, en disant que les vins savoyards sont acides et détruisent l'estomac. Sauf que maintenant les producteurs produisent moins, mais en qualité. On ne fait plus du vin à raclette ou à fondue, mais du vin très bien travaillé."
Les vins de Savoie, ce sont quelque 200 vignerons qui travaillent d’arrache-pied pour produire des vins fabriqués à partir de plus de 20 cépages différents dont les plus connus sont la mondeuse, le jacquère, l’altesse, le chasselas, le gamay ou la roussanne. Ce sont aussi 3 A.O.C. (Appellation d’origine contrôlée).
Et Guy Quenard, vigneron depuis 30 ans à Chinien, ne cesse de vanter les mérites des vins savoyards. "Il y a quelques années encore, certains grands châteaux ne nous considéraient même pas car pour eux on faisait un autre métier, dit-il. Aujourd'hui, sur les grandes foires au vin, personne n'hésite plus à venir goûter nos produits."
«Il revient aux jeunes d’aller vendre la réputation du produit»
À en croire les professionnels du secteur, "les vins que nous produisons désormais sont bien meilleurs car nous sommes parvenus à gérer les rendements pour augmenter la qualité", commente Sylvain Chevalier, qui œuvre comme chef de culture avec passion pour la maison Perret. " Aujourd'hui, et ce n'est pas parce que j'habite ici, mais je n'ai aucune honte à aller présenter une Mondeuse, un Jongieux blanc ou un Pinot. On n'a vraiment pas à rougir de nos produits. D'ailleurs, avec le Marestel (réalisé entièrement à partir du cépage altesse, NDLR), nous sommes sur la bonne voie pour un grand cru. C'est en tout cas mon vœu le plus cher avant de prendre ma retraite. Et je n'y suis pas loin. Même si le travail est beaucoup plus pénible qu'ailleurs à cause des dénivelés du terrain, croyez-moi, ça vaut plus que jamais la peine d'aller se casser le dos à Marestel. Mais désormais, il revient aux jeunes d'aller vendre la réputation du produit."
Et ce n’est pas Philippe Grisard qui le contredira, lui qui ne peut cacher sa satisfaction de voir la jeune génération reprendre le flambeau, comme sa fille qui l’a rejoint dans l’exploitation.
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