Voyage: on a testé le RAVeL polonais
La royauté, la religion, l’université et les vestiges de la guerre, les facettes de l’ancienne capitale de la Pologne sont multiples. Et tout peut se visiter à vélo.
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Publié le 03-11-2021 à 12h00
Elle est l’ancienne capitale de la Pologne. Il est donc normal que la ville de Cracovie – Krakow en polonais –, située le long de la Vistule, ait préservé ses lettres de noblesse. D’autant qu’elle a été, contrairement à Varsovie, relativement épargnée par les bombardements pendant la Seconde Guerre mondiale.
Terre des rois
Difficile de le rater. Le château de Wawel et sa cathédrale gothique surplombent le cœur historique de Cracovie, que l’on vous conseille de visiter au coucher du soleil, pour profiter à la fois des restaurants et des bars, mais aussi de la magnifique lumière sur la Rynek Glowny, la place du Grand Marché. L’édifice date du XIe siècle mais son allure actuelle, de style Renaissance, remonte plutôt au XVIIe siècle. On peut y visiter les appartements privés des rois ou, simplement, apprécier une vue panoramique de Cracovie. Les vélos sont interdits au sommet, mais il suffit de les attacher – avec un très bon cadenas, c’est préférable – en bas de la colline.
C’était la première résidence des rois de Pologne. Petite curiosité d’ailleurs. Après la mort du dernier roi de la dynastie des Jagellons, Sigismond II, en 1572, la République des Deux Nations (composée de la Pologne et de la Lituanie) a opté pour une monarchie élective. La noblesse polonaise, mais aussi les princes étrangers, pouvait prétendre à la couronne. C’est ainsi que le roi de France Henri de Valois a aussi été élu roi de Pologne, sous le nom d’Henryk Ier, en 1573.
Karol Wojtyla
Il est partout en Pologne, où la religion catholique est très implantée. Jean-Paul II, Karol Wojtyla dans le civil, était originaire de Wadowice, à une cinquantaine de kilomètres de là. L’archevêque de Cracovie avait été élu pape en 1978. Plus de 16 ans après sa mort, les Polonais lui vouent toujours un culte et il n’est pas rare de circuler dans une rue ou sur une place Jan Pawel II. Beaucoup viennent encore se recueillir sous la fenêtre de sa chambre au palais des évêques. Séminariste sous l’occupation, il s’est opposé au communisme en affichant son soutien au mouvement Solidarnosc de Lech Walesa.
En plus du séminaire, le pape avait étudié la philologie et les lettres à l’université Jagellon, l’une des plus anciennes d’Europe centrale (fondée en 1364) qui a même compté Nicolas Copernic parmi ses disciples. Elle accueille aujourd’hui plus de 37 000 étudiants. D’ailleurs, avec 70 000 étudiants au total à Cracovie, la vie nocturne est bien présente dans cette ville de 1,4 million d’habitants.
Le ghetto
L’histoire récente de la Pologne est marquée par l’occupation nazie et le massacre des populations juives. En 1941, les autorités allemandes avaient décidé d’entasser des milliers de juifs dans un quartier à Podgorze. Leur destin, funeste: la mort ou la déportation.
Aujourd'hui, il n'en reste que des vestiges. Sur la place Bohaterów, où la sélection pour la déportation était effectuée, le monument aux chaises est un rappel de la réalité des juifs de l'époque, qui ont dû abandonner leur maison et leurs effets personnels. L'usine d'Oskar Schindler, qui a sauvé plus de 1 200 juifs en les faisant travailler, est toujours visible. Le film de Spielberg, La Liste de Schindler, a été tourné dans le quartier de Kazimierz, aujourd'hui le quartier culturel et animé de la ville.
www.visitkrakow.com, www.pologne.travel
Passeur de mémoire à Auschwitz
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C’est un détour que certains ne voudront pas faire. Par manque de temps, souvent. Par peur d’être submergé par l’émotion, aussi. Se rendre à Auschwitz est pourtant fondamental, primordial, pour passer le témoin aux générations futures, pour comprendre l’horreur des événements qui se sont déroulés dans cette bourgade située à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Cracovie.
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Oswiecim
Auschwitz est la traduction «germanisée» de Oswiecim. C’est dans une ancienne caserne de l’armée polonaise que les nazis avaient décidé d’installer un camp de concentration. D’abord pour y placer les prisonniers politiques polonais dès 1940. Puis les «asociaux»: Tziganes, homosexuels, handicapés, témoins de Jehovah.
Ensuite, dans le cadre de la Solution finale, le camp d’extermination de Birkenau (Brzezinka en polonais), à 3 km de là, a été créé en 1941. Les détenus étaient entassés dans des baraquements en attendant leur mise à mort et leur incinération dans les fours crématoires. En cinq ans, plus de 1,1 million de personnes, principalement juives (90%), y ont été tuées.
Auschwitz ne se visite pas sans un minimum de préparation. C’est un lieu de mémoire où le respect et le silence sont une nécessité absolue. Ainsi, la visite n’est pas conseillée aux enfants de moins de 14 ans.
Birkenau, que les nazis ont dynamité dans leur fuite, peut se visiter librement. Mais on vous conseille de suivre une visite de groupe avec un guide officiel, qui vous emmènera dans les deux parties du camp. Celle-ci dure 3,5 heures et est disponible en français. La réservation s’effectue sur le site du Mémorial.
Pour y arriver, plusieurs solutions: réserver via un organisme privé (ils sont nombreux) qui se chargera des tickets et du transport, prendre les transports en commun (la gare est située à 15 minutes de marche) ou y aller à vélo, mais cela vous prendra 4 heures environ.
Le RAVeL polonais
Le projet VeloMalopolska veut installer, à terme, 1 000 km de pistes cyclables dans la région de Cracovie en complément du réseau EuroVelo.
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Jarek Taranski est un homme heureux. Sa passion pour le vélo, il en a fait son métier. Photojournaliste et blogueur, il est l’homme à connaître pour rouler sur les voies cyclables de la région Malopolska – littéralement, la «Petite-Pologne». Pendant trois jours, on a roulé plus de 100 km pour se rendre compte de l’état d’avancement du chantier. Et force est de constater que les choses avancent bien.
C'est une sorte de futur RAVeL qui se construit en ce moment, avec le soutien de l'Union européenne. «Près de 550 km sont déjà construits, dont 340 km de voies réservées au vélo, explique Jarek Taranski, originaire de Cracovie. Cela a pris du temps pour convaincre les autorités que ces routes étaient nécessaires, tant d'un point de vue sportif que touristique, mais aussi pour la pratique du vélo au quotidien. On voit déjà les résultats.» La preuve: à terme, 1 000 km de routes vont être créés et permettront de rejoindre les points d'intérêt à vélo.
Au cœur du maillage
Plusieurs réseaux cyclables sont déjà présents dans cette région du sud de la Pologne, avec sa capitale Cracovie et ses six parcs nationaux, dans l’ombre des montagnes des Tatras: l’EuroVelo 4, qui démarre de Roscoff, en Bretagne, et s’étend jusqu’à Kiev, en Ukraine, et l’EuroVelo 11 qui descend, elle, du nord de la Norvège jusqu’à Athènes, en Grèce. VeloDunajec (du nom de la rivière), Vistula (le fleuve), VeloMetropolis sont les quelques autres routes que vous pourrez prendre.
Facile et accessible
Le Strava de Jarek Taranski renseigne déjà 3 500 km à vélo pour cette année 2021. Mais il l'assure, ce parcours est destiné à tous les niveaux. «Chaque année, 340 000 cyclistes roulent sur les voies cyclables de VeloMalopolska.»
Il est en effet très facile de rouler, même sans équipement adapté. Une dizaine de magasins de location de vélos sont présents à Cracovie et l’offre hôtelière dans la région est assez fournie.
Au départ de Cracovie, il ne faut pas rouler énormément pour être dépaysé. Il suffit de pédaler une petite heure, à son rythme, pour découvrir la quiétude du monastère de Tyniec, par exemple. Plus loin, il est aussi possible de se rendre à Auschwitz (4 heures), jusqu’à la frontière slovaque (6 h 30) ou encore les pistes de ski à Zakopane (7 h) ou à Slotwiny (7 h 30). Bref, il y en a pour toutes les conditions physiques. Mais dans tous les cas, on pourra reprendre des forces avec de la bière, de la saucisse et des pierogis bien chauds.
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La production de vin en Pologne, terre de vodka et de bière, est très confidentielle: seulement 360 domaines, pour 150 ha de vignes, dans tout le pays. Mais certains petits producteurs ont trouvé la passion et l’envie de concevoir leur propre vin. C’est le cas de Marek et Marta Polit, de Winnica Zagrabie, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Cracovie. Chacun a son rôle: Marek, ingénieur, bichonne ses vignes dès qu’il a fini de travailler et Marta gère le domaine au quotidien. Ce qui n’était qu’un hobby est finalement devenu un petit succès local. Il est possible de visiter les vignes, qui s’étendent sur 1,5 ha, et, surtout, de déguster leurs vins.
Czorsztynskie
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On ne tente même plus de prononcer son nom. Le Jezioro Czorsztynskie est un lac artificiel au sud de la Pologne, à quelques pas de la frontière slovaque, qui offre une balade de près de 30 km. Le tracé est plutôt facile à réaliser, même s’il y a quelques petites côtes qui nécessiteront ensuite une pause pour admirer le panorama et, si vous roulez en fin de journée, le coucher de soleil qui illumine toute la vallée.
Nous vous conseillons de louer un vélo à Czorstyn (13€ par personne la journée, casque inclus, avec possibilité de vélo électrique), de faire le tour du lac et de revenir en bateau à votre point de départ.
Krynica-Zdroj
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À Krynica-Zdroj, on trouve la plus grande station thermale du pays. C’est une petite ville champêtre, plutôt cossue avec de nombreuses villas, où le temps semble s’écouler plus lentement. Entre les séances de massage ou de balnéothérapie, vous pourrez vous désaltérer aux sources d’eau thermale. Plusieurs eaux, plus ou moins chargées en minéraux, sont disponibles. Faites attention, ne remplissez pas votre gourde sans avoir goûté l’eau au préalable car le goût est parfois… surprenant. Dans la station de ski un peu plus loin, une imposante construction en bois permet de monter à 50 m de hauteur. La vue y est splendide.
La rivière Poprad
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Prenez votre carte d'identité (et enregistrez-vous sur www.covidforms.nczisk.sk), parce que vous allez passer de nombreuses fois la frontière. Parfois, sans même vous en rendre compte.
On démarre de Krynica-Zdroj pour rejoindre la ville de Muszyna, qui borde la rivière Poprad. De là, en fonction du côté où vous roulez, vous êtes en Pologne ou bien en Slovaquie. De nombreux petits ponts permettent de passer d’un côté à l’autre. Cette balade jusqu’à la ville de Rytro est facile, mais on a tout de même cumulé 50 km sur la journée. Sur la fin, arrêtez-vous à la source Piwniczanka. Cette eau, commercialisée mais gratuite à la source, est un plus digeste que celles de Krynica.
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