DOSSIER| Pourquoi Harry Potter fait-il toujours autant rêver?
Vendue à plus de 500 millions d’exemplaires dans 200 pays, la saga Harry Potter passionne toujours autant. Comment expliquer un tel succès littéraire?
- Publié le 16-10-2021 à 12h00
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Vingt-quatre ans après la sortie du premier livre et dix ans après la sortie du second volet des Reliques de la mort au cinéma, l'univers du petit sorcier fait toujours rêver. C'est simple, la saga Harry Potter fait partie du top 5 des livres les plus lus au monde, après la Bible, le Coran, le Petit Livre rouge ou encore Don Quichotte. Comment expliquer un tel succès sur le long terme? Pourquoi séduit-elle les nouvelles générations?
«Il n’a pas pris une ride»
Véritable best-seller à sa sortie, la saga Harry Potter est devenue ce qu’on appelle un

long-seller, soit un succès de librairie qui s'installe sur la durée. Comment l'expliquer? Pour commencer, l'histoire ne souffre pas d'une date de péremption, rappelle Daniel Delbrassine, qui enseigne la littérature pour la jeunesse à l'ULiège. «L'univers est un peu décalé en termes d'espace et de temps, il ne vieillit donc pas. On peut s'y sentir immergé, aussi bien en 1998 (NDLR: date la sortie du premier tome en français) qu'en 2021: il n'a pas pris une ride.»
Quant aux raisons de son succès d'alors et aujourd'hui, elles sont multiples. «J.K. Rowling, qui a une formation littéraire approfondie, mobilise toute une série de genres et de formes qui s'adressent par excellence à la jeunesse, comme le roman scolaire, le roman des origines et le roman d'initiation.»
La structure de la saga est des plus simples. «Chaque année, Harry Potter franchit une étape dans sa formation vers l'âge adulte, avec des initiations via des personnages importants tels que Dumbledore, Sirius, McGonagall… Autre chose, évidente, on a affaire à une «school story», soit une histoire scolaire.» Le lieu même de l'aventure est l'école et son environnement. C'est l'un des genres les plus évidents de la littérature de jeunesse anglo-saxonne qui s'est développée en France et Belgique, explique Daniel Delbrassine. Les jeunes s'y identifient d'autant plus facilement.
De plus, l'écrivaine a construit un univers extrêmement complexe et crédible, rappelle-t-il. «L'architecture du récit est rigoureuse et méthodique. Avec les plus petits détails, jamais gratuits, toujours utiles ou significatifs, parfois 500 pages plus loin, note le professeur. La libération du serpent au zoo, dans le tome I, est, par exemple, annonciatrice de ses rapports ambigus avec l'héritier des Serpentards, dès le second.» D'un point de vue littéraire, c'est un chef-d'œuvre.

Les adultes aussi conquis
Très vite, le récit a conquis les cœurs des jeunes et moins jeunes. «À l'époque de la sortie de Harry Potter, il circulait dans le monde anglo-saxon deux livraisons: l'une destinée aux jeunes adultes, l'autre aux couvertures plus sérieuses permettant aux adultes de les lire sans honte.» À l'époque, Harry Potter a d'ailleurs poussé de nombreux francophones à améliorerrapidement leur niveau d'anglais, afin de ne pas

attendre la sortie des livres en français. «Plus de 100 000 exemplaires, en anglais, du cinquième livre ont été vendus en France. Preuve, dès la sortie, que celui-ci a été adopté par un public adulte.» J.K. Rowling a aussi poussé à la lecture de véritables «briques». «Dans les années 90, tous les éditeurs disaient qu'il ne fallait pas plus de 150 pages pour les jeunes adultes. Voilà qu'on commençait, vers la fin, à sortir des tomes de 600 à 800 pages.» Aujourd'hui, la saga peut compter sur les fans de la première heure pour transmettre leur passion à leurs enfants. De quoi faire perdurer la magie encore longtemps.

fantastiques a également relancé l’univers du petit sorcier sur grand écran.
Des cercles de fans, appelés Potterheads, entretiennent toujours la magie. Aux quatre coins du monde, Harry Potter fait vendre et attire les foules, comme le prouve l'exposition permanente Les coulisses de Harry Potter, à Londres, arrêt obligatoire pour les fans. Ouverte en 2012, elle fait toujours un carton. Une nouvelle exposition itinérante Harry Potter s'apprête d'ailleurs à voir le jour en 2022. Elle fera des haltes dans le monde entier.
En marge du merchandising (vêtements, jeux de société, jeux vidéo, jouets…) qui continue à se développer, un nouveau parc d’attractions dédié à Harry et ses amis est annoncé pour 2023 au Japon, soit 13 ans après l’ouverture du parc The Wizarding World of Harry Potter à Orlando, aux États-Unis.
En Belgique, notamment, les soirées, brunchs et autres chasses aux Horcruxes sont toujours sold out à la vitesse d’un vif d’or. La prochaine a lieu à Wavre samedi 23 octobre.
www.wavre.be/2021/chasse-aux-horcruxes
Une année scolaire magique à Braine-L’Alleud
Si vous avez toujours rêvé de recevoir votre lettre de Poudlard, vous allez envier ces élèves de l’école primaire Sainte-Bernadette.

«Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez été accepté(e) au collège Poudlard, école de sorcellerie.» Pour la troisième année consécutive, les élèves de sixième primaire de Monsieur Benoît et Madame Lætitia ont eu le plaisir de recevoir en septembre leur convocation pour une année magique. Tous deux fans de Harry Potter, les instituteurs ont décidé faire baigner leurs élèves dans l'atmosphère magique du petit sorcier.
Chaque année, ceux-ci reçoivent leur lettre d'admission pour l'école des sorciers, ainsi qu'un billet de trajet pour le quai 9 ¾. «Le jour après la réception de la lettre, on met un drap de briques devant les deux portes des classes, qu'ils doivent traverser», explique Benoît Weber. Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle ou Serpentard? Les élèves sont évidemment répartis dans les quatre maisons de Poudlard, selon leur personnalité. «On ne tient compte que des qualités positives des maisons et non des défauts.» Au risque de voir la maison de Drago Malefoy rester vide. C'est le Choixpeau magique qui les a évidemment désignés, «avec l'aide des instituteurs de cinquième année qui les connaissent bien», sourit l'instituteur.
Le concours des quatre maisons est aussi organisé. «On préfère rester dans le positif: on ajoute des points, mais on n'en retire pas. Lorsqu'ils gagnent, ils sont fiers de recevoir des galions pour leur maison.»
Évidemment, les élèves sont priés de lire L'École des sorciers. «Quelques élèves ont déjà lu le premier tome, voire toute la saga – mais ce n'est pas la panacée. La plupart ont vu le film.»
Et d'ajouter. «Cette année, on leur fera peut-être lire le second.» Les trois premiers tomes se trouvent dans l'espace lecture. «À partir du quatrième, je préfère que les parents décident.»
Dictées et carte du maraudeur
Outre des coins de classe décorés avec ici une lanterne et là des affiches, les feuilles d’exercices sont aussi estampillées HP. La carte du maraudeur permet de poser sur papier leurs objectifs, leurs tâches, leur état d’esprit… Et les dictées tournent autour de l’univers de J.K. Rowling.
De quoi donner envie de se surpasser, n’est-ce pas? Hermione Granger, première de classe (celle qui a toujours un plan), est la preuve que l’intelligence est une véritable arme. Soyons francs: Harry n’aurait sans doute pas survécu à sa première année sans elle.
Pour Noël, place au banquet évidemment, déguisé s'il vous plaît. «Et si on a fini le livre, on leur passe le film.» On vous le disait, ce programme scolaire ferait envie à n'importe quel Moldu.

Cette boutique de 100 m2 se veut avant tout une parenthèse magique. «Aujourd'hui, tout individu a besoin de s'évader, et l'atmosphère de Harry Potter le permet. Tout le monde peut s'identifier à cette saga.»
Mais pourquoi Harry Potter fonctionne-t-il toujours autant auprès des petits? «Ça reste une licence très officielle qui se développe, ne serait-ce qu'au sein du merchandising: ça donne accès à un monde infini. À partir de 5-6 ans, c'est parti!» Fournitures scolaires, vêtements, costumes, jouets… Le best-seller au magasin? «La baguette magique du personnage préféré.»

Plus qu'une boutique, ce lieu se veut un repère des fans: les acteurs Sean Biggerstaff (Olivier Dubois), Devon Murry (Seamus Finnigan) et Brontis Jodorowsky (Nicolas Flamel, dans Les Animaux fantastiques) ont déjà fait des apparitions au magasin, pour des séances de dédicaces et de photos.

Décoration
Pour créer une ambiance Harry Potter, misez tout d'abord sur une atmosphère feutrée, éclairée à la bougie. «Installez quelques bannières, des affiches et ajoutez dans la déco les couleurs des maisons de Poudlard.»
Oubliez la déco minimaliste; sur la table, multipliez la vaisselle vintage et de petites bouteilles dénichées en brocante.

À table
Privilégiez «des plats un peu british», dignes des elfes de maison de Poudlard. En dessert, faites preuve d'imagination avec de la pâte à sucre colorée, des biscuits en forme d'éclair et des dragées surprises de Bertie Crochue. Transformez vos boissons en polynectar, chance liquide, amortentia et autres potions. N'oubliez pas la bière au beurre.

Ambiance
Et si vous jouiez à des jeux de société? Entre les jeux de questions, de mimes, de cartes et de plateau HP, il y en a pour tous les goûts. «Le Trivial Pursuit, c'est une valeur sûre», conseille l'expert. Et puisque les invités sont costumés, organisez un concours du plus beau déguisement. Un quiz musical avec les BO de films peut aussi s'avérer sympa.
