DOSSIER| Alimentation: manger selon son intuition
Bien que peu connue chez nous, l’alimentation intuitive devient lentement, mais sûrement, plus populaire. À mille lieues de la culture des régimes, elle prône un rapport apaisé avec la nourriture.
Publié le 09-10-2021 à 12h00
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Autant le dire d’emblée: l’alimentation intuitive n’est pas une énième façon de manger. Il s’agit d’une thérapie qui permet de jeter les bases d’une relation apaisée avec la nourriture et d’un rapport respectueux vis-à-vis de son corps. Comment? En utilisant dix outils (pour les dix principes de l’alimentation intuitive, voir pages suivantes) de manière souple et flexible. Il n’est pas question ici de suivre aveuglément des règles rigides comme c’est le cas dans un régime.
L'objectif est de réapprendre à être attentif à ses signaux de faim et de satiété. Mais cela va bien au-delà. «L'alimentation intuitive n'est pas manger en fonction de sa faim et de sa satiété. La faim et la satiété ne sont que deux principes sur les dix», explique Elyane Cloarec, première coach française certifiée en alimentation intuitive.
La peur du manque
La jeune femme a d’ailleurs fait traduire le livre des deux fondatrices de cette approche, Evelyn Tribole et Elise Resch. La méthode de ces diététiciennes américaines est reconnue scientifiquement dans le monde anglo-saxon depuis 1995. La proposition est de se détacher des régimes, des restrictions et des règles comme le comptage des calories et des macronutriments (protéines, lipides, glucides) ou encore l’élimination d’une certaine catégorie d’aliments. Plus fondamentalement, l’alimentation intuitive prône un retour du plaisir dans l’acte de se nourrir. Même lorsque nous ne sommes pas officiellement au régime, nous avons tous intégré qu’il y a des bons et des mauvais aliments, et qu’il faut bannir ces derniers car ils sont trop gras, sucrés et riches.
Entre excès et frustration
Sur sa chaîne YouTube, Elyane Cloarec rappelle que c’est la restriction qui dérègle notre relation avec la nourriture. Comme on ne ressent plus la satiété, on ne mange plus en fonction de ses besoins. Et quand le rassasiement se fait sentir, on ne parvient plus à s’arrêter de manger, par peur du manque. C’est ainsi que des compulsions alimentaires peuvent survenir et s’installer dans le quotidien.
Osciller entre excès et frustration pousse souvent à manger de manière émotionnelle. «Cette thérapie peut aider à ne plus avoir de compulsions alimentaires et à ne plus manger par émotion, sans faim ni envie», affirme Elyane Cloarec. Le but est de se détacher de la nourriture pour qu'elle n'occupe plus tout notre espace mental. Pour les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire (hyperphagie, boulimie, anorexie, etc.), il est hautement conseillé de se faire accompagner dans cette démarche.
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Oublier les régimes
La diététicienne nutritionniste franco-brésilienne Sophie Deram a consacré un ouvrage entier à cette question. Son titre est évocateur: Oubliez les régimes! Ils font grossir. Les secrets d'une perte de poids durable. La professionnelle détient un doctorat du département d'endocrinologie de la faculté de médecine de l'université de São Paulo et a étudié la nutrition pendant plus de 20 ans en France et aux États-Unis. Dans son livre, elle explique que les restrictions poussent les gens à développer une obsession pour la nourriture et, in fine, à grossir et à perdre confiance en soi.
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2.Faire la paix avec la nourriture
Une des clés de la méthode est de décider d'arrêter de se battre contre certains aliments et de s'autoriser à manger de tout. Ce principe peut laisser perplexe, mais il est indispensable pour reprendre du plaisir lors des prises alimentaires. «Ici, on va se débarrasser de toutes les règles autour de la nourriture. Cette étape peut faire peur, on a l'impression de perdre le contrôle. C'est une étape importante pour retrouver confiance en votre corps. Cela ne veut pas non plus dire manger sans limite.» Au contraire, en s'autorisant à manger de manière inconditionnelle et sans éprouver de culpabilité, les envies incontrôlables et les compulsions alimentaires s'estomperont et, à terme, disparaîtront.
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3.Honorer sa faim
«La faim est un signal que notre corps nous envoie et qu'on a parfois du mal à reconnaître quand on l'a ignoré depuis trop longtemps. Reconnaître la faim et y répondre est une étape importante de l'alimentation intuitive», indique Elyane Cloarec, coach certifiée depuis 2018. Ce principe découle directement du premier puisque lorsqu'on suit un régime, un jeûne ou un rééquilibrage de manière stricte, on ignore ses besoins et sensations physiologiques pour respecter un plan alimentaire prédéfini. La conséquence logique est la déconnexion avec son ressenti sur le moment. Cette étape consiste donc à s'assurer que vous avez donné assez d'énergie et de glucides (souvent diabolisés) à votre organisme.
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4.Défier la police de la nourriture
Cessez de cataloguer comme bon ou mauvais chaque aliment que vous ingurgitez. De la même manière, ne pensez pas que vous êtes quelqu’un de bien si vous avez mangé sainement ou, au contraire, que vous êtes une mauvaise personne lorsque vous mangez des gâteaux sucrés et des fritures. Il s’agit ici de se détacher d’une posture moralisatrice qui ne fait qu’entretenir un rapport malsain avec la nourriture. Cela empêche de prendre du plaisir en mangeant et risque de provoquer des troubles alimentaires comme l’orthorexie, c’est-à-dire le développement de pensées obsessionnelles par rapport au fait de manger sainement à 100%, en toutes circonstances.
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5.Découvrir la satisfaction
«Il s'agit d'un mélange de plaisir, d'énergie et de sensation, décrit Elyane Cloarec. Il n'y a que vous qui pouvez ressentir votre propre satisfaction, et manger en la recherchant vous permet de respecter les signaux de votre corps.» À force de faire des régimes ou des rééquilibrages, la notion de plaisir est biaisée. Dans un plan alimentaire, il est conseillé de remplacer tel aliment gras et/ou sucré par un autre, vu comme plus sain. Mais s'ils ont leurs avantages, ils ne sont toutefois pas toujours aussi satisfaisants. De la frustration peut alors en résulter.
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6.Intégrer ses émotions
Intégrer ses émotions avec bienveillance permet de comprendre ce qu'est la faim émotionnelle, qui est souvent le résultat de régimes restrictifs. «Manger par émotion est un comportement naturel. Il devient problématique quand on utilise la nourriture pour fuir nos émotions. Même si ça nous apaise sur le court terme, cela ne nous permet pas de faire face aux situations de notre vie et on finit par culpabiliser», soutient la coach en alimentation intuitive. Certains aliments peuvent être réconfortants, mais d'autres moyens permettent d'apaiser la tristesse, l'ennui, la colère ou toute autre émotion négative.
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7.Le mouvement
Bouger son corps ne signifie pas se mettre à faire du sport de manière intensive (fitness, CrossFit, etc.), du jour en lendemain. Les fondatrices de l’alimentation intuitive invitent simplement les gens à être actifs et à sentir la différence. L’idée est d’expérimenter, d’observer avec curiosité les effets (quels qu’ils soient) du mouvement sur l’organisme. Ainsi, vous pouvez noter pour vous-même ce que vous ressentez lorsque vous faites du sport. Demandez-vous par exemple si cela vous donne de l’énergie ou pas, et apprenez à ne plus lier sport et apparence physique.
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8.Ressentir la satiété
«Pour honorer votre satiété, vous devez savoir que vous vous autoriserez les aliments dont vous avez envie», écrivent Evelyn Tribole et Elise Resch dans leur ouvrage. Les deux professionnelles de santé préconisent un exercice simple: faites une pause au milieu d'un repas afin de vous questionner sur le goût des aliments et d'évaluer votre niveau de faim sur le moment même. Nous sommes capables de savoir quand nous n'avons plus faim; encore faut-il parvenir à se reconnecter à ses signaux de satiété. L'idée n'est pas forcément d'arrêter de manger, mais bien d'observer sans juger.
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9.Respecter son corps
Être bienveillant vis-à-vis de son corps peut être une étape douloureuse, surtout quand on nous a appris à le détester s’il ne correspondait pas aux standards de beauté actuels, à savoir être mince, voire très mince. Ne pas accepter son code génétique entraîne de l’insatisfaction et de la frustration puisque les objectifs visés sont inatteignables. Pour se sentir mieux dans votre peau, respectez votre corps exactement tel qu’il est aujourd’hui. Cela veut dire le choyer, lui faire du bien et en prendre soin. Si c’est trop difficile, Elyane Cloarec propose de commencer par porter un regard neutre sur lui.
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10.Honorer sa santé
Le principe ultime de l'alimentation intuitive est de prendre soin de sa santé de manière globale. Autrement dit, il est crucial de se nourrir pour se sentir bien (et pas que physiquement), si on veut espérer faire la paix avec la nourriture sur le long terme. «La nutrition a aussi sa place dans l'alimentation intuitive. Mais il n'y a pas de règle à suivre, juste des informations pour une alimentation bonne pour la santé physique ET mentale, où tous les aliments ont leur place», conclut la coach certifiée Elyane Cloarec.
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