Téléconsultation: consulter son thérapeute à distance
Courante et reconnue outre-Atlantique depuis les années 90, la téléconsultation a débarqué sur le tard en Belgique pour s’envoler avec la crise sanitaire.
Publié le 01-10-2021 à 19h00
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Peut-on se contenter de consultation thérapeutique à distance pour se soigner? Tout dépend finalement du patient et de son ressenti par rapport au cadre utilisé. De nombreux professionnels sont, en tout cas, convaincus de la puissance de la téléconsultation, comme Anne-Françoise Meulemans, médecin et thérapeute qui a lancé au début de la crise sanitaire E-mergence, une plateforme de téléconsultation d’accompagnement thérapeutique visant à mettre en relation professionnels et patients.
C'est la crise sanitaire qui a accéléré sa propre transition digitale, se souvient la spécialiste de 56 ans, de Beauvechain, dans le Brabant wallon. «J'étais un dinosaure à ce niveau-là, j'avais des préjugés. Et puis, du jour au lendemain, j'y suis passée et j'y suis restée. Je trouve que c'est un outil ultra performant et respectueux du patient comme du thérapeute. La téléconsultation permet de rendre la thérapie accessible à davantage de gens et c'est le plus important à mes yeux.»
Complémentaire
Pourtant, les préjugés existent. «Certains trouvent cette forme de thérapie trop froide, trop inhumaine, trop digitale et limitée. Ils sont souvent liés à une tranche d'âge. Mais on ne peut pas dire que c'est moins vivant, c'est complémentaire. Il ne faut pas dénigrer un système par rapport à l'autre.»
D'ailleurs, si certains patients ont préféré suspendre leur rendez-vous au cabinet lorsque la crise était au plus haut, plusieurs se sont mis à la téléconsultation pour y rester par la suite, note-t-elle. «Certains sont en demande de présentiel, ils habitent généralement tout près, tandis que d'autres désirent varier.»
Tout aussi proche
Mais ne risque-t-on pas de perdre la communication non verbale en chemin? Pas du tout, répond la thérapeute. «La visioconférence permet de se focaliser sur le visage. On est à 50 cm l'un de l'autre, à travers l'écran, donc les mimiques et le non-verbal sont d'autant plus présents. On peut se focaliser sur les expressions du visage, les changements de posture ou l'intonation de la voix, on est attentif au silence…» En téléconsultation, la boîte de mouchoirs, tendue à une personne en larmes, est remplacée «par le regard et la proximité».
Certains préféreront également les échanges par téléphone, note-t-elle. «J'ai une patiente qui n'a jamais autant parlé en consultation que par téléphone.» Évidemment, certaines approches thérapeutiques ne peuvent pas s'appliquer en téléconsultation, comme l'approche psychocorporelle. «Bien que la sophrologie puisse se faire à distance.»

La consultation à distance permet également de rester en contact avec son thérapeute lorsqu'on se déplace (qu'on soit en voyage d'affaires ou expat). «Cela est également plus confortable pour le thérapeute, qui peut consulter ses patients lorsqu'il suit un séminaire à l'étranger, par exemple. Il y a une stabilité de la présence du thérapeute, peu importe où se trouve celui-ci ou le patient.»
Très important aussi, la thérapie en ligne permet d'accéder à des profils de thérapeute plus variés et qui nous correspondent. Et surtout, elle permet d'échanger avec des professionnels de la santé dans sa langue maternelle. «Ce qui devient virtuel, c'est la distance. Un patient d'origine marocaine vivant en Belgique pourra consulter un thérapeute du pays, dans sa langue maternelle.»
Par ailleurs, le digital peut-être une porte d'entrée vers la thérapie «pour de jeunes adultes en difficulté d'aller vers l'autre, et pour qui franchir la porte d'un cabinet de consultation est insurmontable, voire passer un coup de fil pour commencer», précise la pro.