PHOTOS| On a testé une croisière de rêve dans les Antilles
Naviguer la nuit et découvrir en journée des îles paradisiaques. Qui n’a jamais rêvé partir en croisière? Mais avec le défi climatique et la pandémie, ce rêve est-il toujours permis?
Publié le 25-09-2021 à 12h00
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Samedi 7 mars 2020, Fort-de-France en Martinique. On embarque avec près de 3 000 autres passagers à bord du paquebot MSC Preziosa, pour une croisière de sept jours dans différentes îles des Antilles. Même si on parle déjà du Covid-19, on est encore loin d’imaginer à quel point il va profondément bouleverser nos habitudes quotidiennes. Et puis le soleil, la douceur de vivre et les paysages paradisiaques ont vite fait de balayer ces «petits tracas» qu’on a laissés en Europe.
Durant une semaine, notre paquebot nous porte d’île en île, toutes plus belles les unes que les autres. Mis à part le gel hydroalcoolique avant chaque repas et la prise de température de tous les passagers à chaque escale, la vie de rêve suit son cours entre cocktails et plages de sable fin.
Ce voyage dans les Caraïbes est pour nous l’occasion de fouler des endroits reculés dont on ignorait jusqu’à présent l’existence et où les habitants semblent vivre paisiblement en harmonie avec la nature et les gros paquebots de croisière qui y déversent leur flot de touristes.
De retour sur les mers
MSC Croisières affirme avoir réalisé des efforts en matière environnementale, non seulement dans le fonctionnement même du navire, mais aussi dans l’organisation de la vie à bord.
Samedi 14 mars 2020. Fin de croisière, fin du rêve. La pandémie a rattrapé l’Europe où tout se ferme. Notre bateau va rester à quai de longs mois. Les croisiéristes, comme tout le secteur touristique, tirent la langue.
Décembre 2021. La pandémie est toujours là, mais elle est mieux contrôlée. Les protocoles sanitaires ont été affinés, le Covid Safe Ticket offre certaines libertés. Les navires de MSC sont de retour dans les Antilles.

Martinique
C’est là qu’on embarque sur notre navire. Une fois les formalités accomplies, nous disposons de quelques heures pour visiter Fort-de-France. Les rues pittoresques de la ville avec son architecture coloniale et sa végétation luxuriante offrent déjà un dépaysement. Sans parler des 29 °C qui, en cette fin d’hiver, sont les bienvenus.

Guadeloupe
Au premier réveil sur le bateau, nous voici à Pointe-à-Pitre. La ville foisonne de vie, mais l’excursion du jour nous emmène vers l’île du Gosier. Juste pour une après-midi à profiter du sable blanc et de l’ambiance relax à l’ombre des palmiers. En ce dimanche, bon nombre de locaux en ont aussi profité pour venir pique-niquer sur l’îlot.

Îles Vierges
Nous voici en territoire britannique. On aurait bien voulu aller jusqu’à l’île de Tortola, réputée pour sa plage, mais en ce Commonwealth Day, c’est jour férié. L’horaire des navettes maritimes ne nous permet pas le déplacement. À Road Town, la capitale, tout est fermé. Pas grave, un peu de marche sous la pluie (chaude) n’est pas désagréable.

Saint-Martin
Retour en Europe sur cette île dont la France et les Pays-Bas se partagent la souveraineté. La plage près de l’aéroport néerlandais est connue des fanas d’aviation et de sensations fortes. Allongé sur le sable, vous pouvez voir un avion de ligne qui termine son approche à quelques mètres au-dessus de votre tête.

Dominique
Des îles visitées, c’est la plus pittoresque car la plus naturelle. La faune et la flore y sont spectaculaires. On a vite fait de trouver un petit bus local qui nous emmène voir de vertigineuses cascades qui tombent de la forêt tropicale. Notre taxi local nous emmène aussi dans de petits villages voir des soufrières.

Saint-Kitts-et-Nevis
On n’a pas eu le temps de grimper au sommet du volcan endormi. Dommage. Mais à Basseterre, l’unique ville de cette petite île, on a été séduit par l’atmosphère qui règne: un mélange improbable de style british et de nonchalance à l’africaine qui donne envie de s’y attarder.

Antigua-et-Barbuda
Sans doute plus peuplée que ses voisines, cette île est cependant une merveille. Ses collines, ses petits ports de plaisance sont un plaisir pour les yeux. Et que dire des 365 plages et criques qui la parsèment? On aimerait y rester au moins un an pour toutes les explorer.


Après avoir débarqué à Saint John’s, la capitale, il nous faut gagner le village de Seatons, à l’autre bout de cette île qui n’est quand même pas très grande (281 km2). Pas la peine de se tracasser, dès la descente du bateau, on est gentiment accosté par des chauffeurs de petits taxis locaux, prêts à nous mener où nous voulons. On marchande un peu et le chauffeur accepte de véhiculer tout notre petit groupe durant toute la journée. Par téléphone, il organise lui-même notre excursion auprès des raies.
Sur place, on est un peu refroidi par la multitude de touristes qui attendent aussi leur tour pour aller taquiner les élégantes. Mais on est vite rassuré, quelques minutes plus tard, quand le canot rapide nous débarque sur un ponton au milieu de la mer. Face à une telle étendue, on ne se sent pas du tout étouffé par les autres touristes. Et puis, les raies, qui ont entendu le bruit des petits bateaux, affluent pour venir chercher leurs morceaux de poisson et, accessoirement, nos caresses.
Ballet aquatique
Selon les recommandations du personnel d’encadrement, on descend du ponton un à un. Puis on s’aligne les uns à côté des autres. On marche sur du sable fin avec de l’eau jusqu’à la taille. Une silhouette sous l’eau nous frôle. Et c’est là qu’on se rend compte qu’il y a autour de nous des dizaines de raies qui slaloment entre les jambes des pauvres Terriens que nous sommes. Elles, tels de majestueux oiseaux, semblent voler sous l’eau avec une certaine élégance. Grâce au masque et au tuba mis à disposition, on peut observer leur ballet aquatique et il ne faut pas attendre très longtemps pour les sentir venir se frotter à vous en quête de nourriture.
La belle ligne droite que nous formions au début avec les autres touristes n’a pas tenu longtemps et, pendant vingt minutes, on est tous à s’ébrouer et à nager dans tous les sens dans ce petit coin de paradis entre soleil et mer, entre raies et poissons exotiques.
Le retour sur Terre est lui aussi marquant. Encore sous le coup de ces émouvantes rencontres, nous voilà filant à toute vitesse sur notre hors-bord. Le pilote frôle la mangrove d’un îlot voisin, faisant prolonger notre rêve éveillé pendant encore quelques minutes.
L’île Dominique, là où chute l’eau de la forêt
Par son côté naturel mais parfois sauvage, l’île Dominique ressemble à un paradis préservé.

Des sept îles rencontrées au cours de notre croisière, c’est notre coup de cœur. L’île Dominique (Dominica island en anglais) offre une authenticité naturelle. Du large, elle se distingue aisément de ses voisines par sa chaîne de montagnes volcaniques en son centre.
Après avoir débarqué à Roseau, sa capitale, nous partons en bus. Celui-ci est rapidement confronté au relief. Et nous voilà cheminant sur les petites routes de montagne au milieu d’une nature luxuriante. On traverse des villages où les maisons se disputent une place avec les végétaux au bord de la forêt tropicale.
Comme on n’est là que pour quelques heures, on nous dépose tout près d’un «spot» apprécié des touristes. Il nous suffit de marcher un quart d’heure sur un chemin balisé pour voir devant nous deux impressionnantes chutes d’eau: Trafalgar falls. Là, l’eau tombe depuis la forêt pour venir s’écraser sur de gros blocs de rochers plus bas. Ces gigantesques pierres volcaniques ont permis la création de plusieurs petites piscines naturelles d’eau chaude où il fait bon se baigner. Mais attention aux glissades sur la roche humide.
On n’a pas eu le temps de s’aventurer davantage dans la forêt qui offre pourtant une multitude de sentiers de randonnées. Mais aussi idyllique qu’elle puisse paraître, la nature peut aussi se montrer dangereuse dans ces contrées. En témoignent les débris laissés par les précédents cyclones. Comme ce bus scolaire écrasé sous l’énorme branche d’un baobab en 1979. Depuis, la branche a repoussé et le bus en question est devenu une attraction touristique, tout près du jardin botanique de Roseau.
Basseterre, haut-lieu du patrimoine
La ville de Basseterre (à ne pas confondre avec Basse-Terre, le chef-lieu de la Guadeloupe) à Saint-Kitts-et-Nevis offre un dépaysement d’un autre genre. Dans cette cité, on trouve encore pas mal d’édifices construits du temps de l’empire britannique. L’île est officiellement indépendante depuis 1983, mais reste membre du Commonwealth. Une horloge au milieu d’un rond-point, d’anciennes cabines téléphoniques rouges au coin des rues, des parcs publics bien entretenus, des édifices religieux, des maisons de style colonial… Tout ça se mélange avec des cabanes ou baraquements parfois rudimentaires.
La co-cathédrale de l’Immaculée-Conception vaut le détour, de même que, un peu plus loin, l’église anglicane Saint-Georges. Si vous avez le temps, vous pouvez aussi vous rendre à Romney Manor. En plus de son magnifique jardin botanique, on y trouve aussi les ruines d’une ancienne usine de canne à sucre.
Face au covid, les navires passent à l’abordage
Le secteur des navires de croisière n’a pas été épargné par la pandémie. Mais la reprise est bien là. Rencontre avec Patrick Pourbaix, directeur de MSC Croisières France.

Patrick Pourbaix, les bateaux de croisière sont donc de nouveau sur les océans?
Depuis un certain temps déjà. Après mars 2020, on a eu cinq mois d’arrêt total, mais le 16 août de la même année, MSC Croisières était déjà de retour en Méditerranée. Cet été, nous avons organisé des croisières avec escales en Europe du Nord. Aujourd’hui, onze de nos navires ont repris la mer, toutes destinations confondues, dont deux navires au départ de Miami. Un autre sera positionné aux Antilles fin novembre et entamera les croisières de sept nuits début décembre, sans oublier nos croisières dans les Émirats arabes.
On a pointé le secteur des croisières comme étant vecteur de propagation du virus. C’est justifié?
On a souffert de la médiatisation du cas du Diamond Princess en février 2020, quand ce navire de la compagnie Carnival a été placé en quarantaine par les autorités japonaises à la suite d’un cas diagnostiqué à bord. Aujourd’hui, ce serait inacceptable de faire ça mais, à l’époque, les autorités étaient encore ignorantes. En plaçant ce navire en quarantaine, les autorités en on fait un énorme cluster alors qu’au contraire, quand les mesures sanitaires adéquates sont respectées, un navire doit plutôt être vu comme une immense bulle.
Comment avez-vous géré cette pandémie?
On a étudié un protocole pour voir comment repartir au plus vite. Avec des scientifiques, des immunologues et en partageant avec différents États, on a mis au point notre protocole qui a déjà été rodé ces derniers mois. Le principe, c’est que tout le monde doit faire un test antigénique dans le terminal avant le départ. Le résultat est connu en 20 minutes. Si une personne est positive, elle subit alors un test PCR et si elle est de nouveau positive, Europe-Assistance se charge du rapatriement et le passager est remboursé. En cas de personne positive à bord, elle est isolée et peut aussi être rapatriée ainsi que ses proches. Bien entendu, notre protocole est adapté en fonction de la vaccination. On peut maintenant s’adapter très vite.
Qu’en est-il des différentes escales?
La pandémie a aussi une influence sur nos escales. Là, il n’est plus question pour nos passagers de circuler librement. On a donc à chaque fois dix types d’excursions proposées à ceux qui veulent débarquer. Ces excursions encadrées sont en quelque sorte une extension de la bulle qu’offre le navire. Évidemment, ça a un peu un côté scolaire, mais c’est plus exclusif. Les voyageurs sont en plus petit comité, ils ne font pas la file et trouvent ça assez agréable.
Pourtant, à la suite du confinement et des mesures sanitaires, les gens ont soif de liberté. Ce type d’organisation ne leur en offre pas vraiment.
Globalement, d’après nos enquêtes, les indices de satisfaction sont supérieurs par rapport aux croisières normales avant le Covid. Et puis, ce sentiment de liberté, nos voyageurs le retrouvent à bord de nos navires où tout est ouvert sans restriction.
Le bateau comme destination
La croisière, un mode de vacances élitiste destiné à une clientèle de vieux snobs? Ce cliché appartient au passé, avec la démocratisation du secteur. Lors de notre croisière,

on a d'ailleurs pu s'en rendre compte avec de nombreuses familles présentes avec des enfants en bas âge. «Certains clients choisissent les croisières en fonction des destinations, mais le bateau peut aussi être une destination en soi, précise Patrick Pourbaix. Avec toute une série de services et d'animations à bord. Ce n'est pas une ville flottante, mais bien un village qui dispose de tous les services et animations d'une ville avec des piscines, théâtres, restaurants, boutiques, casinos…»
Les paquebots de plus en plus verts
Polluants, les gros bateaux de croisière? Certainement. Patrick Pourbaix souhaite toutefois nuancer: «MSC Cruises est une compagnie familiale. Les réflexes de protection de la mer sont ancrés en elle. Elle a tout de suite intégré le souci environnemental. On est par exemple exemplaire en ce qui concerne la gestion des déchets à bord en partant du fait que tout ce qui monte à bord est traité.» Incinérateur, composteur à cannettes, désalinisateur d'eau et mini-station d'épuration permettent de limiter l'empreinte écologique du navire. «On ne peut pas faire mieux, explique le directeur de MSC France. On arrive à des résultats meilleurs qu'un hôtel ou un club de vacances.»

Reste que le carburant et les rejets de fumées posent toujours question. «C'est vrai qu'il y a encore des progrès à faire dans ce domaine, reconnaît Patrick Pourbaix. Mais les pots catalytiques installés sur nos navires permettent de capter près de 97% de l'oxyde d'azote. Les filtres des fumées sont eux-mêmes nettoyés, comme les eaux utilisées pour ça.»
Parmi les autres mesures, les bateaux de MSC utilisent des carburants plus légers, moins chargés en particules fines que le fioul lourd. « On peut en outre couper les moteurs quand on est à quai et brancher le bateau sur des prises électriques. Malheureusement, peu de ports sont équipés en ce sens.»
Les rejets de CO2 restent un problème. «Malgré tous les filtres, on ne peut l'annihiler. Pour limiter nos rejets, on ralentit la vitesse de nos navires et on calcule les itinéraires le plus précisément possible.» Et puis, la compagnie compte aussi sur les innovations technologiques. Elle va ainsi bientôt lancer le MSC World Europa. Un navire de 6 700 passagers qui sera le premier bateau à fonctionner au GNL (gaz naturel liquéfié).