Les bienfaits de la musique classique pour les plus petits
Source d’épanouissement, la musique classique livre de nombreux bienfaits aux plus petits. Explications avec une musicologue.
Publié le 11-09-2021 à 17h00
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Morgane Raoux est musicologue et clarinettiste professionnelle. Elle est l’auteure de spectacles et de livres de musique classique pour enfants. Rencontre.
Quels sont les effets bénéfiques de la musique classique chez l’enfant?
De par sa structure équilibrée, elle rassure les enfants et leur donne des clés pour d’autres apprentissages. Celui de la lecture, par exemple. La musique se construit d’enchaînements de notes, comme les phrases se construisent de syllabes, dans la même logique. En particulier, la musique de l’époque classique, comme celle de Mozart, au XVIIIe siècle, qui est marquée par une structure binaire, très carrée. Celle-ci est très accessible et bénéfique à l’enfant, comme c’est souvent avancé par les neuroscientifiques.
D’autres matières scolaires sont concernées?
Les mathématiques aussi. Avec le solfège, l’enfant découvre le découpage du rythme. Il développe la sensation du calcul. Il déduit, par exemple, que si une croche vaut la moitié d’une noire, il faudra donc deux croches pour faire un temps, et ainsi de suite. De manière générale, l’apprentissage de la musique stimule la mémoire, même avec une partition. L’enfant développe sa capacité à discerner, lorsqu’il doit différencier un son brillant, fort ou aigu. Ce sont les sphères sensorielle, intellectuelle et artistique qui sont sollicitées. Et surtout, la musique participe à l’épanouissement de l’enfant, même s’il ne pratique pas longtemps dans sa jeunesse. Une réelle joie.
Pour quelle raison militez-vous pour l’apprentissage de la musique à l’école?
Lorsqu’on connaît ses bienfaits, on comprend l’importance de rendre la musique accessible au plus grand nombre. Que ce soit à l’école ou à l’académie, la musique est un magnifique moyen de sociabilisation. Que l’enfant chante ou joue d’un instrument, il sera amené à se coordonner avec les autres. Il est obligé d’écouter les autres, mais aussi de se faire entendre. Telles sont les règles de la société. Les enfants se respectent dans le dialogue.
Comment motiver l’enfant à jouer?
Si l’enfant est désireux de jouer un instrument, il est important de le prendre au sérieux dans son choix, dans le temps qu’il va y consacrer. L’accompagnement du parent, surtout chez le jeune enfant, est nécessaire pour l’inviter à s’entraîner. Car le plaisir arrive quand le musicien parvient à se libérer des difficultés techniques, grâce aux automatismes. L’émotion pourra alors dépasser la technique. L’entraînement doit être quotidien. Un peu, mais tous les jours. Et si l’enfant est fatigué après l’école? Je conseille aux parents de le réveiller plus tôt pour jouer 10-15 minutes avant l’école. Ça fonctionne.


À partir de 7 ou 8 ans, l’enfant peut jouer des instruments à vent, qui nécessitent une certaine capacité thoracique. Les instruments à cordes – violon, guitare… – sont abordables dès 6-7 ans avec des modèles de taille réduite.
«Et même s’il loupe le train dans son enfance, il n’est jamais trop tard pour un ado ou un adulte. C’est même formidable de débuter à tout moment. Cependant, la technique et les automatismes seront moins ancrés corporellement.»
Enfin, il est important d'être à l'écoute d'une attirance pour un instrument. S'il refuse le piano, il sera peut-être attiré par la trompette. «Certains enfants veulent s'exprimer en frappant. D'autres en soufflant. C'est parfois l'objet et ses dimensions qui séduisent. Par exemple, mon neveu voulait absolument choisir le plus puissant. C'est le tuba, brillant et imposant, qui s'est imposé à lui.»
Quelle école ?

Le choix de formation est aussi à prendre en considération lorsque l'enfant débute. Les académies de musique proposent des formations complètes et scolaires dès 5 ans. «La nouvelle génération de professeurs de musique y enseigne avec pédagogie et psychologie, observe la musicologue Morgane Raoux. En comparaison avec la France, les académies de Belgique sont très accessibles, sans tirage au sort. Une chance!» Ce cursus est gratuit et l'instrument est prêté ou loué. La formation académique ne convient pas à tous. «C'est comme une seconde école, où l'enfant se rend parfois trois fois par semaine. Les parents et l'enfant doivent se sentir capables d'assumer. Aussi, le solfège et le cours d'instrument sont dissociés. Cet apprentissage peut décourager des enfants présentant des troubles, comme la dyslexie.»
Professeurs en privé, écoles de musique et autres ASBL de quartier proposent également des formations de qualité, adaptées au cas par cas. «Le bouche-à-oreille fonctionne bien pour trouver sa formule. Enfin, il ne faut pas avoir peur de se tromper, quitte à changer de formation.»