EN IMAGES | Voyage: sport et rencontres à Val d’Isère
Station internationalement réputée pour son offre «sportive» tant hivernale qu’estivale, Val d’Isère se délecte aussi dans les pas des généreux Avalins…
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- Publié le 04-08-2021 à 12h00
Val d'Isère, en Savoie, c'est la Face de Bellevarde, une piste olympique qui accueille les épreuves techniques de Coupe du monde. Val d'Isère, c'est le village de Jean-Claude Killy, skieur multiple champion du monde, triple médaillé olympique et titulaire durant 50 ans du record de victoires en Coupe du monde. Ancien pilote automobile, il fut aussi 9 ans PDG d'Amaury Sport Organisation. Val d'Isère, c'est le moniteur Fernand Bonnevie, immortalisé avec son «planté de bâton» dans les Bronzés font du ski (tourné ici en 1979)… «Val d'Isère garde un style très sport, c'est dans son ADN. D'ailleurs, en été, on propose du trek, du VTT (et e-VTT, qu'on développe de plus en plus), du downhill, du ski d'été sur le glacier du Pisaillas, de la via ferrata, des randonnées, de l'escalade, du trail (les 5 Vals et, à côté, le high trail Vanoise), de l'équitation, un nouveau parcours aventure dans les arbres, la montée du col de l'Iseran… sans compter les offres du parc des Sports et du centre aquasportif», avance Chloé Harlé, pour l'office du tourisme local.

L’éventail des possibilités en été, une saison qui s’installe sur juillet et août (la vie reprend doucement dès l’ouverture du col de l’Iseran, à la mi-juin), est tel qu’il a attiré 10% de visiteurs en plus l’an dernier. Les Français représentaient 83% des touristes, contre 3% d’Anglais ou encore 2% de Belges.
Un village forgé par des familles incontournables

Val d’Isère, c’est davantage qu’une station nichée à 1 850 m d’altitude au-delà du barrage hydroélectrique du Chevril (qui a englouti les vestiges de l’ancien Tignes). C’est un village, animé par 1 600 Avalins (pour 25 000 lits «touristiques») dont des familles qui s’investissent tant et plus. Les Bonnevie, les Bazile (la rue Nicolas Bazile est l’une des plus anciennes du village), les Mattis, etc. Ces derniers, par exemple, sont impliqués dans toutes les strates avalines: politique, commerce, tourisme, sport,

terroir (ferme de l'Adroit), hôtellerie… L'une des familles fondatrices de Val d'Isère. Arrêtons-nous un instant avec Audrey Mattis, qui gère la Maison de famille Les 5 Frères. «C'était la maison de mes arrières grands-parents. Son fils Roger, mon grand-père, l'a aidé à développer les logements tout en laissant ses cinq fils trouver leur voie. Des fils très travailleurs. Mon papa, Gérard, a repris l'hôtel familial. On a tout rénové en 2013, et chaque chambre porte le nom d'un membre de la famille, d'une région qu'on aime ou d'un personnage de Val d'Isère. Sur les 11 cousins, nous sommes encore 7 à travailler pour Val d'Isère.»
Enfin, Val d'Isère, c'est une découverte du savoir-faire local et régional. «La tendance, c'est de revenir aux sources, aux produits locaux.» Le beaufort se déguste partout, la filature Arpin n'est qu'à un jet de pierre…
«Tout ceci, on ne vous le donne pas, on vous le prête», conclut Franck Bortolotti, l'un des Avalins qui vous invite à venir découvrir ces pépites disséminées en Haute Tarentaise.

Infos et audio sur le site www.valdisere.com.
2.Côté zen
En haut d’un sentier, au détour du col de l’Iseran ou au sommet du télécabine de Solaise, on en prend plein les yeux au Refuge de Solaise, plus haut hôtel de France (2 551 m). Chic mais pas guindé, il propose des cours de yoga (deux fois la semaine) et des retraites de 4 jours. Dispensé par Florence, ce nouveau service au cœur des montagnes répond à une demande qui se fait ressentir dans le village. Non loin, posez-vous au lac de l’Ouillette, site de pêche à la truite réputé. Alors, ça mord?

3.Au jardin avec Franck
À «Val», Franck (Bortolotti) connaît tout le monde, et réciproquement. Il propose une balade au crépuscule, une marche pleine conscience et ouvre les portes «du jardin de [sa] grand-mère». «C'est un retour à notre maison: la nature. Ici, on trouve des plantes médicinales, des culinaires, des ornementales…» Durant 3 h, il nous emmène en voyage. «Une mauvaise herbe, c'est une plante dont on ignore la vertu! Le rumex, c'est de la rhubarbe sauvage idéale pour les confitures, les tartes, etc. Mais c'est beaucoup plus puissant. Le plantain, c'est nutritif (un goût de champignon) et médicinal. L'ortie? C'est 25 fois plus fort que de la vitamine C et 24 à 25 g de protéines (plus que du steak). Il y a aussi l'épinard sauvage, le pissenlit pour nettoyer les reins («pisse en lit», comme «asperge»)… Mais on ne prend que ce dont on a besoin, et on remercie.»
Et toujours avec modestie et émotion. «Il y a près de 3 500 plantes en Vanoise, j'en connais 110», conclut cet amoureux de Val d'Isère.


«Le concept Trek Nature a été mis en place à la fin de l'été 2019. L'idée, c'était de rétablir les liens entre Val d'Isère, Bonneval-sur-Arc, Valsavarenche, Ceresole Reale et Rhêmes Notre Dame, ces trois derniers villages étant en Italie. On traverse ainsi les parcs nationaux de la Vanoise et de Grand Paradis (NDLR: Gran Paradiso) », nous présente Jérôme Peizerat, Avalin et guide de haute montagne.
Subsidié pour 1,8 million (2,1 millions au total) par l'Union européenne dans le cadre du programme de coopération transfrontalière Interreg, le Trek Nature propose 116 km de sentiers aux randonneurs, au départ d'un des cinq villages. L'objectif est «de faire découvrir les traditions, la culture et les liens qui unissent ces régions en vous guidant sur les pas de nos aïeux», promettent les Communes.
«Le parcours se fait à la carte. On peut marcher une journée sur un tronçon et rentrer dormir au village, mais aussi partir pour le tour en cinq ou six jours (800 à 900 m de dénivelé positif par jour, on peut agrémenter le parcours en passant sur des zones glacières) avec des nuits en refuge. Ils sont généralement bien équipés, avec des douches et une demi-pension. Il faut juste prendre son sac à viande.» Et sa paire de chaussures, pour s'élancer au départ de Val d'Isère et de ses 6 140 hectares d'espaces naturels protégés.
Seul ou presque…
Seul ou presque, car en ce début d’été les marmottes sont de sortie, et l’émerveillement est intact malgré leur nombre. Les bouquetins et les chamois, eux, resteront plus discrets. Direction la vallée du Manchet (la partie «droite» du Y de Val d’Isère, la gauche menant au col de l’Iseran) et les portes du parc national de la Vanoise, premier parc national français créé en 1963, jumelé avec la réserve du Grand Paradis en 1972 dans l’optique de préserver la faune (les bouquetins, notamment) et la flore. Une sortie de 900 m de dénivelé positif pour une petite vingtaine de bornes, direction le refuge du Fond des Fours. Début de l’été, la neige est encore bien présente. Elle complexifie l’avancée sur un terrain immaculé, inhabité. Temps d’arrêt, à 2600 m d’altitude, pour déguster l’une des préparations de Patrick Chevallot (meilleur ouvrier pâtissier de France en 1993, il tient deux boutiques à Val d’Isère). Repu, un choix s’impose… retour au village. Car le lendemain, direction le col de la Lose.
Cette seconde étape permet de s'engouffrer dans les gorges du Malpasset pour approcher au plus près des origines de l'Isère (qui finira dans le Rhône à proximité de Valence). «Le franchissement de ces gorges n'est pas très commode. D'où leur nom, elles passent mal…», s'amuse Jérôme Peizerat. Sentier sans réelle difficulté jusqu'au refuge du Prariond (récemment rénové), il conviendra même aux familles sportives. De là, on fixe la pointe de la Galise et le col de la Lose. Ils marquent la frontière franco-italienne. Passé le refuge, les difficultés se marquent davantage, surtout au-delà de 2800 m où la neige force un retour prématuré.
C’est une évidence, le Trek Nature a encore beaucoup à offrir. Bien plus qu’une mise en jambe sur près de 1800 m de dénivelé positif. On le bloque déjà pour l’an prochain?
L’Iseran, sommet convoité
Casque ajusté, chaussures resserrées. Vélo réglé, freins vérifiés… Ils seront mis à contribution, mais seulement au retour. Car c’est vers le ciel que s’élèvent nos yeux ce matin, ils suivent les lacets d’un tarmac qui a vu défiler les plus grands du Tour, jusqu’à 2 764 m d’altitude où un panorama unique s’offre sur les vallées de la Tarentaise et de la Maurienne.

Le départ est donné au rond-point central de Val d’Isère, face à l’office du tourisme. De là, 16 km d’une ascension régulière avec ses spécificités, les plus courageux partiront de Bourg-Saint-Maurice (48 km, ça pique).
Les trois premiers kilomètres servent de mise en jambe, direction le Fornet. On jette un regard sur la gauche, c’est l’Atelier d’Edmond, deux macarons au Michelin. Mais c’est au coup d’œil sur la droite qu’on sait qu’on va déguster: col de l’Iseran… ouvert! Il le sera pour l’été, avec en point d’orgue l’Iserane chaque année fin juin.
«C'est un col mythique, le plus haut col routier alpin en Europe. Sur les hauteurs, l'espace devient minéral, moins naturel», avance notre guide Colin Waeckel, venu de Sainte-Foy-Tarentaise d'où il développe toute une série d'activités tournées vers l'outdoor. Pour l'heure, on nous avait prévenus, c'est vent de face jusqu'au pont Saint-Charles, soit deux bornes de plus et encore 100 m de dénivelé dans les mollets. Au total, on en prendra 920!

On tape la discussion, dépassé par des motards qui partagent leur plaisir. «C'est une route mythique pour eux, et pour les rallyes de voitures aussi, car ils relient Thonon/Evian à Nice/Monaco. C'est la route des Grandes Alpes», commente Colin. Au sommet, ils ont le sourire aux lèvres. «On vient de Lausanne, on prend du plaisir. On va faire une photo avec le vélo, pour faire semblant», rigole un Suisse.
Eux n'ont pas fait semblant, Laurence et Dominique sortent des derniers lacets qui flirtent avec les 10%, même si c'est l'altitude, là, qui est la plus impactante. «Sur la première partie, de Sainte-Foy à Tignes, il y a trop de circulation. Après, c'est moins dangereux, on profite des paysages grandioses. C'est un col qui se fait bien, long mais sans gros pourcentages. Pas comme dans les Pyrénées. Et les marmottes qui nous regardent passer, c'est plaisant.»
On a oublié d’applaudir ce couple de valeureux cyclistes. Trop tard, on plonge déjà sur Val d’Isère. Et on a bien fait de vérifier les freins…

«On l’a racheté en 2018 dans un but immobilier… Mais le Garage marche bien, pourquoi pas garder le resto. Les villageois viennent pour le café dès 7 h 30, on a des jeunes branchés dynamiques, des Parisiens, des Anglais…», informe Adrien Covarel, qui a su garder le caractère industriel des lieux et développer une cuisine conviviale. Au cœur du village, pensez à une halte au bar chez Jules (en photo), «le coin des amis». Allez, tournée génépi!
Où loger?
L’offre est pléthorique, des budgets serrés aux hôtels cinq étoiles, sans oublier les appartements «privés». Pour l’authentique, cochez Les 5 Frères. L’expérience ultime? Grimpez au Refuge de Solaise.