DOSSIER| Taches de rousseur: bonheur ou malheur?
Autrefois décriées, les taches de rousseur sont aujourd’hui tendance. Retour sur ces taches dont la perception n’a cessé d’évoluer au cours du temps.
Publié le 31-07-2021 à 12h00
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Aussi appelées éphélides, les taches de rousseur apparaissent généralement dans l’enfance, sous l’effet de l’exposition du soleil. Ces taches sont souvent un héritage génétique qui se transmet chez les personnes aux peaux claires et en particulier chez les personnes rousses. Si l’origine scientifique du phénomène a aujourd’hui été identifiée grâce à l’analyse génétique, de nombreuses causes et interprétations ont été prêtées à ces taches au cours de l’histoire. Signe de divinité puis de sorcellerie, de pauvreté, ou encore de singularité… Les éphélides sont passées par tous les stades de l’opinion publique.
La trace de Dieu
Dans l'Antiquité, les taches de rousseur étaient considérées comme des traces de Dieu, et les roux complètement adulés. Les Romaines brunes faisaient même venir des perruques faites avec des cheveux roux des femmes des tribus germaniques. Pour l'anthropologue Elizabeth Azoulay, auteure de 100 000 ans de beauté (éd. Gallimard), les taches sur la peau étaient tout simplement le symbole divin d'un destin unique à décrypter.
À partir du Moyen Âge, ces taches changent radicalement de signification et deviennent des marques maléfiques portées par des sorcières ou des partisanes des forces du mal. En effet, on pensait que les roux vouaient leur âme et leur corps au diable, et que, brûlés par les flammes de l’enfer, leur chevelure devenait couleur de braise. Les éphélides, majoritairement portées par des personnes rousses, ne pouvaient donc qu’être une marque supplémentaire laissée par le diable.
Des méthodes dangereuses
À la Renaissance, les femmes porteuses d’éphélides étaient exemptées de bûcher, mais pas des discriminations sociales de l’époque. Signe de valeurs religieuses et morales, la peau claire témoignait de la «netteté de l’âme». Pour présenter un teint frais et uniforme, les dames de bonnes familles avaient alors recours à des méthodes dangereuses pour maquiller leurs taches. Des préparations et des poudres aux sels de plomb étalés en couches épaisses servaient à camoufler «la rousseur», le bronzage, ou tout ce qui pouvait s’y apparenter.
Quelques siècles plus tard, la révolution industrielle apporte son lot de changements dans la société, mais aussi dans nos critères de beauté. Avec la création des congés payés et le développement du tourisme, ce sont les peaux hâlées et mouchetées qui deviennent la nouvelle norme. Les taches de rousseur deviennent un signe de santé, de fraîcheur, donnant un air charmant et juvénile, et nous confirmant que la société a toujours eu son avis sur nos caractéristiques physiques.

Le 19 mai 2018, les yeux du monde entier étaient rivés sur Meghan Markle, qui célébrait son union avec le prince Harry. Pour l’occasion, la duchesse de Sussex optait pour un look naturel devenu signature, fait d’un regard bronze charbonneux, d’un chignon bas, et surtout, d’un teint naturel, qui laissait apparaître ses taches de rousseur.
Résultat? Le «Meghan effect» – comme la presse britannique aime le qualifier – a frappé: depuis, cet atout beauté s’est hissé au sommet des tendances du moment. Les hashtags #fakefreckles («fausses taches de rousseur» en anglais) fleurissent sur les réseaux sociaux, incitant à assumer, accentuer ou encore calquer ces pigments à même la peau.

Autrefois source de complexes, les taches de rousseur sont aujourd’hui un signe de séduction et de singularité attrayant que les femmes exhibent fièrement.
Associées à l’adolescence puisqu’elles ont tendance à disparaître à l’âge adulte, ces taches juvéniles sont aussi de plus en plus plébiscitées par les stars pour redonner un coup de jeune aux traits du visage.
Elles mettent en valeur le regard
Ainsi que l'explique Gaëlle Naim du salon français The Beauty Hill, «les taches de rousseur rajeunissent beaucoup, elles donnent l'impression que l'œil remonte», et d'ajouter qu'elles mettent également en valeur le regard et les cheveux.
À l’approche de l’été, nombreuses sont celles qui ont envie d’être bronzées, d’avoir bonne mine et une peau colorée. Les taches de rousseur deviennent un signe de santé, de fraîcheur, donnant un air charmant et juvénile.
Avec les années 2010, dans une société où l'on cherche à s'individualiser, elles sont arborées comme un accessoire de mode et comme la revendication d'une forme de singularité. «À l'heure de Photoshop, où il est tellement facile de tout gommer, une pigmentation irrégulière permet d'affirmer son originalité», souligne l'anthropologue Elizabeth Azoulay.
Des taches pour tous les goûts
Nouvelle lubie des fashionistas, les taches de rousseur sont le must have de cet été. Vraies ou fausses, mode d’emploi pour un minois plein de singularité.

Les personnes aux cheveux roux et à la peau claire possèdent souvent quelques taches de rousseur sur les joues et le nez. Ces éphélides (du latin «résultant du soleil») sont de petites macules pigmentées.
Elles correspondent à des lésions cutanées provoquées par une hyperpigmentation de la peau. Les mélanocytes, les cellules qui produisent le pigment de la peau, produisent de la mélanine, créant ainsi des taches ocre, brunes ou parfois même légèrement orangées.
Un héritage génétique
On ne naît pas avec ces taches qui se développent en fonction de l'exposition au soleil, mais surtout en fonction de la génétique. L'apparition de taches de rousseur est liée au gène MC1R, responsable de la production d'eumélanine et de phélomélanine par les cellules de votre peau. Si ces taches sont bénignes, elles apparaissent généralement sur les peaux claires qui nécessitent une attention toute particulière. « Le meilleur traitement, c'est la protection solaire, observe la dermatologue Muriel Creusot. Les personnes qui ont une peau très claire et les poils roux ou très blonds sont souvent sujettes aux taches de rousseur. Lorsque ces personnes s'exposent au soleil, le phénomène des taches de rousseur s'accentue. Nous dirons alors qu'elles ont un phototype 1.»
La bonne nouvelle, c'est qu'à l'endroit précis où la mélanine s'accumule, votre peau est protégée face au soleil. La mauvaise, c'est que tous les autres endroits de la peau sont beaucoup plus sensibles et demandent nettement plus d'attention. «La règle d'or, c'est une crème solaire avec un indice 50 à appliquer sur tout le corps 30 minutes avant l'exposition et toutes les deux heures pendant l'exposition.»
Quel traitement pour vous?
Que ces taches vous plaisent ou qu’elles vous complexent, la médecine et l’esthétique modernes permettent aujourd’hui d’en faire ce que vous voulez. Il existe en médecine esthétique des traitements qui permettent de réduire ou d’éliminer les taches de rousseur, tout comme il existe des techniques pour les accentuer.

Sous le contrôle d’un dermatologue, la dépigmentation se fait par des séances de laser ou de lumière pulsée sur le visage. Au contact de la peau, le laser est absorbé par le pigment coloré de la peau. Le laser se transforme en chaleur et crée une combustion. La mélanine est alors brûlée et détruite. Plusieurs séances sont nécessaires pour obtenir un résultat concluant. La peau retrouve une pigmentation unie et plus claire.

Autobronzant
Pour avoir des taches de rousseur qui durent plusieurs jours, vous pouvez utiliser un autobronzant. Avec un pinceau à maquillage fin, prélevez une petite goutte de votre autobronzant habituel avant de la poser délicatement (et avec parcimonie) sur les zones où vous voulez avoir des taches de rousseur.

Tatouage
Ces petits tatouages ne sont pas tout à fait permanents et s’estompent avec le temps. On parle aussi de dermopigmentation. Pour réaliser ces taches, on utilise des pigments minéraux qui permettent d’obtenir un résultat naturel. Les couleurs ainsi que le positionnement sont choisis pour chaque cliente pour un résultat optimal.
