DOSSIER BATIBOUW | Le cottagecore: contre-pied à la modernité
À l’inverse de la maison intelligente et connectée, un nouveau courant s’est développé avec le confinement. Il prône le retour à la nature et à la simplicité.
- Publié le 06-03-2021 à 17h00
:focal(544x211:554x201)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/A76LGIQCRBGXXJAAG6L7KRZAZU.jpg)
Alors que les nouvelles technologies envahissent de plus en plus nos vies, une tendance a trouvé son public sur les réseaux sociaux, tels TikTok ou Instagram: le cottagecore. Contraction de «cottage» (petite maison de campagne) et de «hardcore» (noyau dur), ce courant se veut un contre-pied à la société actuelle, jugée anxiogène, surtout en cette période d’épidémie de Covid-19.
En clair, il consiste à retrouver une vie simple, à la campagne, loin de l'effervescence urbaine et de la modernité à outrance. Cela se traduit par un modèle proche de ce qu'on peut voir dans La petite maison dans la prairie ou lire dans les romans de Jane Austen. Le cottagecore prend pour paradigme le style Vieille Angleterre, les napperons et les dentelles, les petites fleurs… Il concerne divers domaines du quotidien. Comme la cuisine, où on fait son pain, ses pâtisseries et ses confitures soi-même. Les loisirs créatifs sont aussi prisés, avec le tricot, la couture ou la broderie au coin du feu. Sans oublier le jardinage, les balades et la cueillette de champignons. Côté mode, c'est la longue robe à fleurs bohème et les gilets oversize en laine qui habillent les adeptes, généralement féminines, du cottagecore.
Bois et coton
À la maison, une décoration champêtre, un peu surannée, est valorisée. Elle prend exemple sur les maisons de nos grands-mères. Pas celles des années 50, plutôt celles du XIXe siècle sublimées. Avec un banc à côté de la porte d’entrée et des pots de fleurs à profusion.
À l’intérieur, les tons sont doux, pastels, allant du blanc cassé au rose pâle, en passant par le beige et le bleu passé. Les matières sont naturelles comme le bois, le rotin et le fer forgé, les fauteuils confortables en tissu, les meubles dépareillés chinés aux puces, la vaisselle délicatement fleurie…
Les plantes sont nombreuses pour apporter cet esprit proche de la nature. Le linge de maison est, lui aussi, naturel comme le coton, le lin et la laine. Le tout réchauffé par un grand feu ouvert. Évidemment, cette option-là est plus difficile à mettre en œuvre, d’autant qu’elle est particulièrement énergivore pour un rendement ridicule. Qu’importe, un poêle à bois ou à pellets pourra faire l’affaire.
Cette déco reprend les codes de nombreux autres styles, comme le wabi-sabi et le countryside. Il a le mérite d’être chaleureux et plus écologique avec le choix d’un mobilier en matières nobles et de seconde main.

La crise sanitaire l’a propulsé sur le devant de la scène, mais le cottagecore remonte à loin.
Le terme «cottagecore» est né en 2018 sur le réseau Tumblr, mais ce souhait d’un retour à la vie simple – et idéalisée – de la campagne ne date pas d’hier. Dans la Grèce antique, déjà, certains glorifiaient la région rurale d’Arcadie (pourtant rude), peuplée de bergers, en opposition avec la cité et ses inconvénients. Au XIXe siècle, l’industrialisation galopante en Angleterre a aussi vu son lot de personnes désirant retrouver une proximité avec la nature.
Ces dernières années, le réchauffement climatique et ses conséquences désastreuses sur l’environnement, ainsi que le capitalisme à outrance ont poussé de nombreux jeunes à rechercher un autre idéal de vie. La crise sanitaire n’a fait que renforcer cette aspiration, beaucoup ne supportant pas d’être enfermés dans quelques mètres carrés en plein centre-ville. Paradoxalement, c’est sur les réseaux sociaux que les adeptes du cottagecore trouvent l’inspiration et partagent leurs photos et stories empreintes de douceur et de romantisme nostalgique.
Si ces illustrations en font rêver plus d’un, elles sont évidemment bien loin de la réalité, la vie à la campagne n’étant pas aussi parfaite que celle décrite par les influenceurs. Mais ça, c’est une autre histoire, celle de l’image biaisée que rendent les utilisateurs des réseaux sociaux.