Nouvel an: quelles traditions dans le monde?
S’embrasser sous le gui, décompter les secondes fatidiques, s’embrasser encore, faire pleuvoir les cotillons. Le Nouvel An belge est festif, mais somme toute assez conventionnel. Comment cela se passe-t-il ailleurs?
Publié le 31-12-2020 à 09h00
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2S6RDY7IV5E63BLHZA4B5KSMAE.jpg)
La fête de l’eau laotienne
La particularité de ce premier pays de notre tour du monde des traditions insolites du Nouvel An est de… ne pas le fêter le 31 décembre. Pour les Laotiens, la nouvelle année se doit d’être en adéquation avec le renouveau de la nature. Le Pi Mai, la Fête de l’eau, a donc lieu du 14 au 16 avril, soit avant le début de la période des moussons, cette pluie chaude et intense qui nourrira les terres après une sécheresse de plusieurs mois. Lors du premier jour, considéré comme le dernier de la vieille année, il est important de nettoyer sa maison. Le second est considéré comme un jour de jonction entre la fin et le renouveau, tandis que le troisième est celui de la fête à proprement parler: une bataille d’eau géante qui se conclut par un repas sur les rives du Mékong.

Les douze raisins
En Espagne, point de raisins de la colère le soir du 31 mais douze grains, pour chacune des douze dernières secondes avant le passage à l’An neuf. Cette coutume, dont même les Espagnols tendent à en oublier l’origine, est bien ancrée dans le folklore hispanique. Ce soir-là, la très animée Puerta del Sol de Madrid est prête à vibrer sous les douze coups de cette course effrénée: manger les grains un par un sur les coups de minuit pour attirer la prospérité sur l’année qui va débuter. «Las doces uvas» remonte aux années 1880, lors d’une contestation contre l’autorité voulant calmer les fêtes débordantes des Madrilènes. Ceci ne fit que les intensifier.

Un oracle de plomb
La Saint-Sylvestre nous prouve que, sous le pragmatisme qui caractérise beaucoup d’Allemands, une part de superstition est pourtant bien ancrée en eux. En témoigne le Bleigieße, en français la molybdomancie, une pratique de divination qui consiste à lire l’avenir dans les formes obtenues par du plomb fondu versé dans de l’eau froide. De la même façon que les Orientaux lisent dans le marc de café, chaque morceau de plomb est analysé et délivre ses bonnes et mauvaises nouvelles pour l’année à venir. Dans les commerces allemands, vous trouverez des packs contenant du plomb, une cuillère, une bougie et un livret d’interprétation des formes obtenues.

Le Times Square Ball
Depuis le 31 décembre 1907, les New-Yorkais se rassemblent en masse chaque année sur Times Square pour observer la descente affolante de leur «horloge de minuit» parée de ses couleurs. Ce décompte original est la plongée vers le sol d’une énorme boule lumineuse de 49 kg et de 3,7 m de diamètre, sur laquelle sont fixés 600 ampoules allogènes et 540 panneaux à cristaux. Ce principe de «time-ball» n’est pas né à New York, mais bien à Greenwich presque un siècle auparavant, en 1833, et permettait aux capitaines de navire de régler avec précision leurs instruments de navigation car la boule tombait à 13 h pile chaque jour.

Les écailles de carpe polonaise
En Pologne, la star incontestée des repas des fêtes de fin d’année est la carpe. Un poisson qui a d’ailleurs participé à l’économie du pays. Dans les années 50, le ministre communiste de l’Industrie décréta tout bonnement que la carpe serait l’unique poisson présent sur la table des Polonais à Noël et à la Nouvelle année. Bon marché et facile à élever, il participerait à l’économie locale. Les Polonais l’ont alors totalement adopté, au point d’en faire même l’objet d’une superstition: mettre des écailles de la carpe dégustée à la Saint-Sylvestre sous son assiette ou dans son portefeuille garantit une année chanceuse.

Les assiettes danoises
Les Danois, dans leur amour des convenances, écoutent bien sagement à la télévision le discours de la reine Margrethe II à 18 h le soir du Nouvel An avant de marquer, de façon un peu moins calme, le renouveau. Champagne et kransecake, un petit gâteau en forme de tour, sont de rigueur avant de monter sur une chaise et, à minuit, de faire un bond pour retomber sur le sol. Les Danois, non sans humour, sautent de façon littérale dans la nouvelle année. Enfin, il est de coutume de casser de la vaisselle et d’aller la déposer devant la porte de ses amis pour témoigner de l’attachement qu’on leur porte. Commencer le jour de l’an par nettoyer son perron, quelle idée!

Un trognon divinatoire
Ce Nouvel An quittant 2020 sera un peu spécial: plus calme, plus court, plus intime… et rempli d’espérance. Dès lors, pourquoi ne pas amuser votre invité en lui prédisant l’avenir? Pour cet acte divinatoire, vous n’aurez besoin ni de plomb, ni de marc de café cette fois, mais juste d’une pomme. Comme les Tchèques, emparez-vous dans la corbeille à fruits de la première Jonagold ou Boskoop (mangeons local) que vous voyez et demandez à votre convive de la couper en deux: une étoile apparaît au centre du fruit? 2021 sera une très belle année. Par contre, si votre trognon est en forme de croix, c’est la cata.

Un service postal efficace
Loin des déboires de Kevin Costner dans The Postman, les services postaux japonais sont ultra efficaces pour perpétuer sans heurt une tradition vieille d'un siècle: l'envoi des vœux par carte postale, le nengajô. Quand on connaît la précision des horaires du métro de Tokyo, nous n'avons aucun doute quant à la réussite de cette prouesse des facteurs nippons. Autre tradition: les derniers jours de l'année sont l'occasion de récurer sa maison, afin de débuter la nouvelle année totalement purifié. Enfin, les Japonais se rendent en famille dans un temple bouddhiste dans lequel retentiront 108 coups de gong représentant les fautes commises par l'être humain dans la religion bouddhiste.

La danse des ours moldave
Bien effrayante tradition que celle-ci pour un quidam qui la découvre. Entre Noël et Nouvel An, tambours et notes de flûte résonnent dans les rues de Moldavie encore endormies, au son desquels des hommes, femmes et enfants dansent, vêtus de peaux d’ours. Seul le visage peut apparaître, sous les crocs de l’animal, le reste du corps est caché par la peau de la bête, pouvant peser une trentaine de kilos. Animal vénéré mais aussi redouté par les Moldaves, il est donc au centre de cette cérémonie qui représente la mort, mais aussi le renouveau de la nature, à l’image de l’hibernation de l’ours.
