Ruffus: des bulles belges d’exception
Accompagnant les tables étoilées, les vins Ruffus du domaine des Agaises ont su conquérir le cœur des amateurs de bulles.
Publié le 30-12-2020 à 12h00
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À quelques kilomètres de Binche, à Haulchin, se dresse le domaine des Agaises, plus grand vignoble de Belgique. Chaque année, on y produit quelque 300 000 bouteilles de vin effervescent. Des bulles de qualité qui n’ont rien à envier à celles de nos voisins français et qui sont parvenues à se faire une place sur la scène internationale. Multimédaillés, les vins Ruffus sont aujourd’hui reconnus parmi les meilleurs du monde, toutes les cuvées ayant déjà remporté l’or dans les plus grands concours. En 2015, le vignoble des Agaises a été honoré du titre de chevalier du Mérite wallon. Rien ne laissait pourtant présager une telle success story.
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Une histoire de passion et de destin
Le domaine des Agaises voit le jour en 2002, sous l’impulsion de quatre passionnés bien décidés à réaliser un rêve un peu fou, celui de produire des bulles belges, selon la méthode traditionnelle. À l’initiative du projet, il y a d’abord Raymond Leroy, fils d’une famille de négociants en vin depuis deux siècles, bien connus de la région.
Jeune homme tout juste diplômé d’une faculté d’oenologie du sud de la France, il ambitionne de posséder son propre vignoble, mais n’a pas de terres à sa disposition. Dans ses recherches, il rencontre Joseph Delbeke, propriétaire d’alors du domaine qui est maintenant le sien. Le coteau, exposé plein sud, est très riche en calcaire et idéal pour accueillir des pieds de vigne. Raymond Leroy se voit cependant gentiment remercier par l’agriculteur, sans obtenir gain de cause.
L’histoire aurait pu s’arrêter là. C’était sans compter sur l’intervention du destin qui, parfois, offre les plus beaux cadeaux. Presque 20 ans plus tard, jour pour jour, Raymond Leroy fait la connaissance d’Étienne Delbeke, fils de Joseph, lors d’une réunion d’anciens élèves. Contrairement à son père, l’homme semble très intéressé par le projet du négociant en vin. Il n’en faudra guère plus pour que les deux hommes s’associent. Se joignent à eux Thierry Gobillard, vigneron champenois et ami de longue date de Raymond, ainsi que deux entrepreneurs, Michel Wanty et Joël Hugé.
La reconnaissance
Le domaine des Agaises était né. Les premiers pieds ont été plantés en mars 2002. À cette époque, il n’y a encore que peu de vignobles professionnels. Les quatre hommes décident de se tourner vers des cépages chardonnay pour leurs vins brut et extra-brut, pinot meunier et pinot noir pour le rosé.
Très vite, le succès est au rendez-vous. Le premier millésime de 2004 remporte la médaille d’argent au Concours mondial de Bruxelles. Celui de 2009 se classe parmi les dix meilleurs vins du Concours des effervescents du monde en 2012. Les meilleures tables s’arrachent désormais ces crus d’exception. Des 2 ha de départ, on passe à 30. Aujourd’hui, le domaine des Agaises reste attaché à son socle familial et les deux fils de Raymond Leroy, Arnaud (photo) et John, ont rejoint les rangs.

«On s'est tourné vers l'effervescent car le sol s'y prêtait particulièrement bien. Les veines de craie sont très similaires au terroir qu'on trouve en Champagne. On a un climat assez semblable aussi. C'est une région septentrionale, il aurait été plus compliqué de faire de bons vins tranquilles en Belgique», détaille Arnaud Leroy. Ruffus se démarque également par son très faible taux en sucre. «C'est un choix très personnel, on n'aime pas trop le sucre, on voulait plus de fraîcheur et de brutalité en bouche. C'est d'ailleurs l'une de nos caractéristiques. Ils sont parfaits pour l'apéritif, avant de passer à table. Et s'accordent très bien avec des mises en bouche, des fruits de mer ou des tartares.»

Inutile de chercher les bulles Ruffus dans les rayons des supermarchés, le domaine cultive une certaine exclusivité, sans même l’avoir cherché.
À moins de 20 euros la bouteille, les vins Ruffus constituent certainement l’un des meilleurs rapports qualité-prix du marché. Mais il faudra s’armer de patience ou connaître les bonnes adresses pour s’en procurer. Cela fait plusieurs années que le domaine des Agaises ne parvient plus à suivre la demande.
«On pourrait vendre deux à trois fois notre production tant la demande est grande, nous explique Arnaud Leroy. Il faut 6 ans entre la plantation des vignes et la commercialisation des bouteilles, sans retour immédiat. Tout l'argent gagné est réinvesti à chaque fois. Acheter des terres, le matériel nécessaire, engager du personnel etc. Tout cela coûte cher. Et bien sûr, ça demande beaucoup d'entretien.» Dans le futur, le vignoble des Agaises devrait s'agrandir. «On a comme projet de doubler la superficie de la cave.»
En attendant, pour obtenir ces bulles d’exception, vous pouvez vous inscrire sur une liste d’attente pour acheter vos bouteilles directement au domaine, mais il faudra compter plusieurs années, ou vous renseigner auprès de votre caviste pour savoir s’il a encore du stock.