MUSIQUE | On a écouté le nouvel album de Renaud : voici ce qu’on en pense
Avec «Les mômes et les enfants d’abord», Renaud évoque avec jubilation le monde de l’enfance et ses gros mots. Et c’est réussi.
Publié le 28-11-2019 à 18h00
Renaud retourne sur les bancs de l’école
Annoncé depuis quelques mois, il est enfin là: le nouvel album de Renaud autour du monde de l’enfance.
Évacuons d'abord le sujet qui fâche: non, il n'y a pas eu de miracle, la voix de Renaud est toujours aussi caverneuse, fatiguée par des années de tabagisme et d'alcool. I «Je n'avais pas envie de chanter. Je n'aime pas ça. Être sur scène, ça va, mais chanter, c'est de plus en plus dur, avance-t-il dans les colonnes du Figaro. Ils se sont mis à deux (NDLR: Thierry Geoffroy, compositeur de 4 titres, et Bertrand Lamblot, directeur artistique) pour me convaincre de chanter et rechanter jusqu'à ce que j'arrive à un niveau de voix tolérable sans machines.» Certains n'arriveront peut-être pas au bout – ce sont surtout les fins de phrases qui sont pénibles -, ce qui est dommage, car au niveau du contenu, cet album nous réconcilie avec Renaud.
Gros mots, humour et mauvaise foi
Car sur Les mômes et les enfants d'abord, illustré par Zep, on retrouve les gros mots, l'humour et la mauvaise foi qui ont fait la réputation du chanteur. Il débute par le single Les animals, titre qui martyrise gentiment la langue française, dézingue les amateurs de corrida et la presse people, qui le lui rend bien. Il enchaîne avec Pinpon, morceau polisson qui rappelle l'ambiance de du sud de l'album La belle de mai (1994). Vient ensuite une nouvelle ballade dédiée à sa fille Lolita (L.O.L.I.T.A., façon Gainsbourg), suivie par J'aime rien, dans laquelle fait la liste de tout ce qu'il déteste, avec une bonne dose de second degré: «J'aime pas l'alcool, ça rend zinzin, j'aime pas l'école, ça rend malin… […] Et puis surtout j'aime pas ma chanson, c'est pas Ferrat, pas Aragon…»
L'album est marqué par une série de textes qui évoquent l'école, les souvenirs d'enfance, les Carambars qu'on chourave, les fraises Tagada, les parties de foot dans la cour: Mes copains, Ça va gueuler, C'est la récré. Il fait aussi la leçon aux «petits crétins» qui ont mis le feu à l'école Jean Moulin («ils sont un peu cons comme un sac, ils ont que la haine dans les yeux») dans Y z'ont mis le feu à l'école, avant de rire de nos peurs d'enfance avec Y'a un monstre sous mon lit, la plus potache du disque. Renaud n'oublie pas l'autodérision et taille un costard au Renard qu'il a été sur On va pas s'laisser pourrir: «J'connais un pote chanteur qui a paumé dix ans de sa vie. Dix ans d'errance, de malheur, de dépression, d'hypocondrie. Tout ça à cause du pastis…»
Musicalement, l’album alterne entre ballades, bal musette et morceaux plus rock, entouré par son ex-femme Romane Serda (deux titres), son ex-beau-fils Renan Luce (trois titres) et surtout Thierry Geoffroy (cinq titres), qui l’avait déjà accompagné sur le précédent album.
On ressort de l’écoute avec la banane, même si, on le répète, on est attristé par ce qu’est devenue la voix du chanteur énervant.
Renaud, «Les mômes et les enfants d’abord», Warner. Livre-disque limité (livret 56 pages illustrées par Zep), aussi en coffret collector limité.