Bertrand Puard: «Je ne connais pas la fin de mon roman»
Bertrand Puard publie un livre dont les chapitres sont à découvrir chaque semaine et varient en fonction des avis laissés par les lecteurs.
- Publié le 28-03-2019 à 06h00
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Auteur prolifique, notamment de littérature jeunesse, Bertrand Puard vient de se lancer dans un défi de taille: chaque semaine, il publie un chapitre de son nouveau roman CTRL + ALT + SUPPR et attend les commentaires des jeunes lecteurs pour imaginer la suite. Au terme de huit semaines, il prendra un peu de recul et livrera la fin de son roman dans une version classique, à découvrir en librairie.
Comment vous est venue l’idée d’écrire un roman interactif?
Je pense que c’est la première fois qu’une maison d’édition se lance dans un projet comme celui-ci. Tout est parti du constat que les jeunes ne lisaient plus de roman «papier». Ceux qui lisent, le font essentiellement sur écran. On a donc voulu capter ce lectorat: ces lecteurs qui s’ignorent, ceux qui n’ont pas encore compris le plaisir immense que peut procurer la lecture.
Mais comment être sûr que vous touchez ces lecteurs-là?
Grâce à l’interactivité de la démarche. On connaît le profil des personnes qui votent et donnent leur avis sur la suite à donner au roman. Sur le premier épisode, on a eu environ 1 200 lectures, ce qui est un très bon chiffre.
Puisque ça fonctionne, pourquoi prévoir une sortie papier classique?
On voulait inclure les libraires dans la boucle pour amener ces lecteurs vers les librairies et leur faire découvrir d’autres choses. Les lecteurs pourront donc lire deux tiers du roman sur la plateforme et le reste sera à découvrir dans un format classique.
Comment travaillez-vous? C’est vraiment du direct?
Oui, il n’y a pas de tricherie! Là, je suis en train d’écrire le chapitre suivant en fonction des réponses des lecteurs. Je ne dis pas que je n’ai pas une architecture du roman dans ma tête et que je ne sais pas du tout vers quoi je vais mais, l’interaction est bien réelle et nécessite de la travailler au fur et à mesure.
Vous utilisez un langage très «télé», c’est délibéré?
Oui, on a décidé de fonctionner comme une série: on parle d’épisode et pas de chapitre, par exemple. Et j’envisage aussi de livrer les rebondissements que j’avais imaginés mais qui n’ont pas été choisis par les lecteurs.
Un peu à la manière d’un director’s cut?
Je n’y avais pas pensé mais c’est un peu ça. Ce serait la version telle que je l’avais imaginée sans l’intervention des lecteurs.
Les thématiques du roman sont aussi pensées pour les jeunes?
On travaille en partenariat avec France Info et on voulait aborder le sujet des fake news et des dangers des réseaux sociaux. Ça nous semblait important.
Les 2 premiers épisodes sont à lire sur www.ctrlaltsuppr-lelivre.fr ou sur le compte Instagram de Casterman. Le 3e épisode arrive demain.