CARTES | Dis-moi quel est ton prénom et je te dirai de quelle partie de la Belgique tu viens
L’évolution des prénoms va-t-elle devenir un marqueur de l’origine linguistique dans notre pays? Découvrez nos cartes, province par province, sur les 22 dernières années et l’analyse d’une experte.
- Publié le 30-06-2018 à 12h00
:focal(395x179:405x169)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/B7HLUA2ZS5CTBECRNQB6MENNPY.jpg)
Laura, Emma, Lucas, Louis, Noah, Thomas… Au fil des années, les Belges restent fidèles aux prénoms. Pour observer cela un peu plus en profondeur, nous avons demandé à Statbel, l’office belge de statistique, de nous fournir les prénoms attribués dans chacune des provinces. Les données couvrent l’époque entre 1995 et 2016. Elles permettent de voir que si le ou les prénoms les plus attribués en Belgique restent globalement identiques, des différences se marquent ces dernières années.
Ainsi, pour les filles, en 1995, Laura était le prénom le plus attribué dans une majorité des provinces. Vers 2000, on constate un morcellement avec l’arrivée en première place, dans les provinces flamandes de prénoms tels qu’Amber ou Britt tandis qu’en Wallonie, Manon, Marie et Laura continuent de dominer. Une situation identique pour les garçons avec l’apparition au premier rang de prénoms tels que Robbe, Jonas, Wout… en Flandre tandis que Hugo, Nathan, Louis… sont plébiscités en Wallonie. “Il s’agit d’une tendance que l’on observe dans d’autres pays francophones: un cycle avec le retour de prénoms anciens, oubliés”, indique Elodie Razy, du Laboratoire d’Anthropologie Sociale et Culturelle et Professeure d’anthropologie à la Faculté des Sciences Sociales de l’ULiège.
Découvrez, pour chaque année, le prénom le plus donné par province entre 1995 et 2016, en faisant glisser le curseur:
La différence qui semble se dessiner ces dernières années entre Flandre et Wallonie est-elle synonyme d’un marqueur linguistique qui prend un tour culturel pour certains? “On trouve effectivement des îlots avec des prénoms marqués linguistiquement. Oui, on pourrait faire le lien avec un regain nationaliste, cela peut donc être lié à la situation politique; on affirme l’identité de son enfant dans une histoire en train de se faire; on sait en effet comment la perception politique des “identités belges” a commencé à se crisper ces dernières années. Il faudrait évidemment une analyse très fine pour pouvoir vraiment tirer des conclusions mais on peut faire ces hypothèses.”
Une histoire des migrations
