Natalie Portman : «Trump nous ramène aux années sombres»
À l’affiche de «Planetarium», en salles depuis mercredi, Natalie Portman incarne une médium, en plein cœur du Paris troublé des années trente.
Publié le 18-02-2017 à 07h00
Dans Planetarium, deux sœurs américaines aux dons de médium fascinent un producteur de cinéma français. Il les prend sous son aile, porté par l'idée folle de filmer les morts avec lesquels elles communiquent. Une fresque mystique, sur fond de bouleversements sociétaux.
Natalie Portman, après «Jackie», on vous retrouve dans un film librement inspiré d’une histoire vraie insolite. Qu’est-ce qui vous a attirée dans ce projet?
J’étais vraiment heureuse à l’idée de travailler avec Rebecca Zlotowski, c’est une réalisatrice que j’admire beaucoup. Quand elle m’a proposé le rôle, je me suis énormément renseignée sur les sœurs Fox, leur histoire m’a paru vraiment fascinante. Ce qui m’attirait, principalement, au-delà du milieu étonnant du spiritisme, c’était le lien avec les droits des femmes. Car ces deux sœurs veulent toujours garder leur indépendance par rapport aux hommes.
Un combat toujours d’actualité, dans lequel vous êtes personnellement impliquée.
Chaque année, à l’époque des récompenses, on ne parle que de films réalisés et écrits par des hommes. Je ne remets pas en cause leur talent, mais c’est incroyable que les femmes soient à ce point minoritaires. Chacun a la responsabilité de dénoncer les injustices et de provoquer le changement, quand il estime que c’est nécessaire. Je ne pense pas qu’il existe des différences en fonction du genre, en termes de qualité de travail, dans n’importe quel domaine, que ce soit les artistes ou les hommes politiques.
Les personnages ne réalisent pas qu’ils sont à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. On peut établir une comparaison avec notre époque, selon vous?
Oui certainement. Même si ce n'était pas voulu car nous avons commencé à travailler sur ce film il y a quelques années. Il y a cette magnifique citation, au début du film: «On ne sait jamais quand on est avant-guerre ». Les choses changent tellement vite. Vous pensez vivre simplement votre vie et tout se passe soudainement. On peut définitivement sentir une menace similaire, quand on voit les actes de Donald Trump vis-à-vis des femmes, des minorités et des migrants. Ce genre de discours et de comportement discriminatoire ne joue pas en faveur du rapprochement positif entre les personnes. Il nous ramène en arrière et nous met à nouveau face à des problèmes de droits humains.
Que signifiait, pour vous, le fait de jouer une actrice de la fin des années trente?
C’était vraiment amusant de recréer ce moment charnière dans l’histoire du cinéma. De retrouver ce glamour et ce niveau de grand spectacle. Rebecca a aussi eu cette belle idée de faire découvrir aux deux actrices leurs vrais désirs, à travers le cinéma.
Jusqu’à mêler spiritisme et pellicule…
C’est le même désir de capturer un moment dans le temps. Je pense qu’il y a un rapport similaire aux personnes disparues avec lesquelles on peut dialoguer. Quand vous regardez un film qui a été tourné dans les années trente, les personnes sont, en quelque sorte, toujours en vie et continuent à communiquer.
Vous pensez qu’on peut communiquer avec l’au-delà?
Habituellement je n’y crois pas, mais maintenant je me dis que tout est possible. Je ne suis pas une sceptique, je n’ai simplement jamais vécu personnellement ce type d’expérience.
Soeurs de cinéma
Pour incarner les sœurs médium, la réalisatrice a eu besoin de deux actrices qui se ressemblent, tout en étant capables de parler anglais et français. Alors que l'aînée est incarnée par Natalie Portman, la cadette prend les traits de Lily-Rose Depp, remarquée à Cannes en mai dernier pour son rôle dans La danseuse.
À 16 ans, la fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp démarre donc sa carrière d'actrice sur les chapeaux de roue. Pour Natalie Portman, «c'était excitant de la regarder évoluer dans son deuxième film. J'ai eu l'occasion de voir cette personne incroyable, avant que le monde entier la découvre.»
Comme elle, Natalie Portman a commencé sa carrière très jeune, à treize ans dans le Léon de Luc Besson. Aujourd'hui, à 35 ans, l'actrice affiche donc déjà une impressionnante carrière. Récompensée en 2010 par l'oscar de la meilleure actrice pour sa performance dans Black Swan, elle prétend à nouveau au titre cette année pour son interprétation de Jackie Kennedy.
«Je pense que c'est un vrai honneur d'être nommée aux côtés de personnes qui ont fait des films que j'ai adorés cette année », se réjouit l'actrice.
«Planetarium», drame de Rebecca Zlotowski. En salles depuis le 15/2.