Comment l’alcool attaque votre système digestif, vos intestins, votre transit intestinal

La consommation d’alcool est souvent associée à la diverticulite, aux douleurs intestinales, à l’intestin irritable, aux gaz et aux flatulences. Mais que se passe-t-il vraiment dans votre corps à chaque gorgée ingurgitée ? On fait le point avec un gastro-entérologue.

Douleurs à l'estomac après consommation de vin et d'alcool
Acidité, brûlant et douleurs d'estomac sont des conséquences fréquentes de la consommation de vin et d'alcool. ©Copyright (C) Andrey Popov

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe dans votre corps quand vous buvez de l’alcool ? Le docteur Peter Starkel, gastro-entérologue et coresponsable de l’unité d’alcoologie aux cliniques saint Luc, l’explique.

L’alcoolémie monte rapidement

L’alcool passe assez facilement toutes les barrières du corps humain: l’alcoolémie monte très rapidement et rien ne peut empêcher l’absorption de la totalité de l’alcool, selon le Dr Starkel. «L’absorption commence déjà dans la bouche: environ 5% sont absorbés par les muqueuses au niveau bucal. 20% sont absorbés au niveau de l’estomac et la grosse partie – quasi 80% - est assimilée par l’intestin grèle.»

Les réflexes diminuent assez rapidement. «Ça dépend essentiellement du taux d’alcoolémie: à partir de deux, voire trois verres, on a déjà un ralentissement des réflexes. Avec trois verres, l'alcoolémie dépasse les 0,3 gramme voire 0,4 gramme. On est peut-être déjà proche des 0, 5, ce qui pose un problème pour reprendre le volant par exemple.»

L’humeur du buveur évolue en deux phases

Au début, l’effet est le même chez quasi tout le monde : excitation, exaltation. Et puis, au-delà d’une certaine dose, deux phénomènes se produisent au niveau du cerveau.

Certaines personnes commencent à bailler, à somnoler. «C’est dû à l’effet de sédation, calmant de l’alcool. Ils sont fatigués, a-réactifs.» Mais chez d’autres, il y a un effet d’excitation qui est plus à l’avant-plan: «Ils continuent à être hyperactifs, un peu agressifs par moments: ils perdent leurs limites et leurs repères de comportement classiques à cause l’alcool.»

Comment savoir si vos invités risquent de devenir passifs ou franchement agressifs en buvant? «Il y a peut-être une détermination génétique mais ça reste encore à prouver.» Mais à la fin, tout le monde, même ceux qui étaient devenus agressifs, arrive au stade de la sédation. «C’est une question de dose», dit le spécialiste.

L’alcool met le système digestif en vrac : acidité, brûlant, etc.

Le gastro-entérologue rappelle que l’alcool a deux effets, au niveau de l’estomac. «L’alcool stimule très fortement la sécrétion de l’acidité de l’estomac. Beaucoup de gens ont du brûlant, des douleurs à l’estomac à la suite d’une soirée bien arrosée.»

L’acidité irrite fortement les muqueuses, mais l’alcool détruit aussi le mucus qui protège l’estomac et l’intestin contre l’acidité. «Il y a donc une agression directe au niveau des muqueuses», conclut le spécialiste. «Cela irrite les muqueuses, ça les enflamme, ça provoque des nausées, du brûlant, des douleurs.» C’est une vraie gastrite aiguë que notre corps traverse quand on consomme une grande quantité d’alcool.

Au niveau des intestins, on remarque au lendemain d’une soirée bien arrosée qu’on a «un transit facile», voire la diarrhée. «C’est un effet de l’alcool au niveau de l’intestin grêle, qui irrite et accélère le transit intestinal. Mais d’autres mécanismes interviennent également.»

Les buveurs réguliers et les occasionnels inégaux face à l’alcool

Il y a un degré de tolérance qui s’installe au fil du temps. En plus du phénomène neurologique d’accoutumance, il y a des effets dans le métabolisme de l’alcool.

«L’alcool induit au niveau du foie son propre métabolisme. Il y a deux systèmes qui métabolisent: le système classique, chez ceux qui n’ont pas l’habitude de boire, c’est l’alcool déshydrogénase. Cette voie métabolique est saturable: à un moment donné, elle tourne à son maximum et on ne peut pas aller au-delà de ça.»

Si on consomme de l’alcool de façon chronique, une deuxième voie est activée: la voie des cytochromes P450. «Cette voie-là n’est pas saturable: on peut augmenter la quantité d’alcool métabolisée. Si on a ce système-là qui travaille en plein régime, on va détoxifier plus rapidement des plus grandes quantités d’alcool, donc on va retarder les moments où les effets arrivent. C’est pour cela qu’il y a des gens avec un taux d’alcoolémie de 2, voire 3 grammes, qui ont relativement peu d’effets visibles alors que d’autres avec le même taux sont complètement par terre, parce qu’ils détoxifient moins rapidement.

Eviter les mélanges d’alcool : c’est une légende

On parle souvent des «mélanges qui mettent dedans» ou de la chronologie à respecter pour ne pas être malade. Pour le professionnel, c’est complètement faux: «On parle de quantité d’alcool ingéré. Il n’y a pas de différence, que ce soit des spiritueux, du vin ou de la bière, 10 grammes d’alcool, c’est 10 grammes d’alcool.»

De petites différences peuvent cependant selon le Dr Starkel s’expliquer par les additifs – comme les sulfites – différents d’une boisson à l’autre.

Des maux de tête liés à la déshydratation

L’alcool provoque une déshydratation au niveau du cerveau. Et quand les quantités augmentent, une accumulation d’eau, un œdème au niveau cérébral, qui joue dans les phénomènes de maux de tête.»

Certains médecins déconseillent de prendre du paracétamol après une soirée trop arrosée, à cause de ses effets sur le foie. Le gastro-entérologue relativise: «Si vous prenez un comprimé de 500 mg avant d’aller dormir, vous ne ferez rien de mal à votre foie. A des doses plus élevées, le paracétamol est toxique pour le foie et cette toxicité est augmentée chez des buveurs réguliers – même avec des quantités modérées d’alcool.»

Mais pas de quoi s’inquiéter pour un comprimé occasionnel de 500 mg de paracétamol. Par contre, un comprimé d’aspirine accentuera les effets d’inflammation au niveau digestif. À vous de choisir le moindre mal.

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