S’interdire d’être heureux après la mort d’un proche, est-ce normal ?

Vivre la disparition d’un proche paraît insurmontable à certaines personnes. C’est le cas de Noémie qui s’interdit d’être heureuse depuis la mort de son ami. Elle ne parvient pas à remonter la pente et cherche de l’aide.

C. Mar
S’interdire d’être heureux après la mort d’un proche, est-ce normal ?
Man sitting at gravesite ©Fotolia

«J'ai perdu un ami proche et je n'arrive pas à m'en remettre, j'y pense tout le temps, je n'arrive pas à faire autre chose, à continuer à vivre… Si je suis au bord de m'amuser, je me sens coupable, comme si je l'oubliais, alors je me rappelle qu'il faut être triste. Ça commence à faire long, bientôt deux mois, et je me demande si cela est bien normal.» Noémie, 27 ans

La réponse de Vanessa Greindl, psychanalyste

Deux mois pour digérer la perte accidentelle de votre ami, pour l’intégrer, pour faire avec… Ou plutôt pour faire sans… Vous me semblez bien pressée!

Outre de multiples larmes que vous commentez et tentez de comprendre, vous insistez beaucoup dans votre courrier sur l’aspect coupable de vivre encore. Non pas vivre et ne pas être morte, mais vivre et sourire, vivre et aimer, être là, en profiter et rire. Comme si exister sans lui était le tuer une seconde fois. Comme si poursuivre votre route sans lui était une insulte à sa mémoire, comme si tourner une page signait un abandon de votre part.

S’attarder à ce qu’il a transmis de son vivant

Plutôt que de pleurer sa mort, même s’il vous faudra encore beaucoup de larmes, vous pourriez vous éveiller à ce que cet ami vous a transmis lorsqu’il était vivant. Cela pourrait être une façon de l’emmener avec vous vers la vie et d’emporter une part de lui en vous plutôt que de laisser la mort gagner du terrain.

Disparu, votre ami vous occupe, comment le laisser prendre place en vous avec ce qui fut vivifiant dans cette relation? Comment faire de ce creux en vous un espace vivant pour votre ami, plutôt que de vous loger dans un lieu mort? Peut-être serait-ce passer d’une fidélité à une autre que d’apprendre à vous lier à lui pour ce qu’il vous a apporté par sa vie plutôt que de vous attacher à lui dans la mort. C’est un long chemin… et deux mois ne sont que des grains de sable dans ce grand désert.

Vous avez vécu un deuil et vous ne vous en remettez pas? Ou au contraire, vous avez su quoi faire pour continuer à vivre sans culpabiliser ? Votre histoire peut intéresser et aider d’autres internautes dans le cas. Laissez-nous votre témoignage sur notre forum ou envoyez-nous un courriel à questionpsy@lavenir.net. Votre réaction sera peut-être publiée dans le supplément Deuzio de L’Avenir du samedi 14 septembre.

Retrouvez également les questions à Vanessa Greindl dans le mensuel «Psychologies Magazine» ou sur

S’interdire d’être heureux après la mort d’un proche, est-ce normal ?
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...