La Leffe est-elle toujours brassée en Russie ?
À la suite de la guerre en Ukraine, de nombreuses grandes entreprises avaient décidé de se retirer de Russie. AB InBev était l’une d’elles. Seulement voilà, elle avait formé un partenariat avec une société turque qui, elle, n’a pas le même souci éthique. Sans compter les misères que fait le président Poutine à ceux qui tentent de quitter son territoire.
- Publié le 03-09-2023 à 17h55
- Mis à jour le 05-09-2023 à 14h46
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/26BE37D3VBFN5DUEDLRSSGYV2I.jpg)
La question nous est posée par Marc : “Des informations laissent penser que la bière Leffe serait brassée en Russie. Est-ce vrai ? Si oui, comment se fait-il qu’elle ne soit pas frappée par un embargo ?”
La Leffe est l’un de nos nombreux fleurons. Mais comme la plupart des produits aujourd’hui, sa production se fait dans différents pays. Cette bière d’abbaye appartient au groupe belgo-brésilien AB InBev.
À la suite de la création d’une coentreprise (joint-venture) avec la firme brassicole turque Anadolu Efes en 2018, certaines productions ont été mutualisées. Jusque-là, rien d’anormal. Sauf qu’en août 2022, en pleine guerre Russie-Ukraine, on apprend que la Leffe a commencé à être brassée dans pas moins de sept usines soviétiques. Cela alors que la plupart des grands groupes industriels et commerciaux occidentaux (dont AB InBev lui-même) avaient annoncé dès le début de l’invasion russe leur volonté de retrait du pays de Poutine. AB InBev se retrouvait ainsi dans une situation plus que délicate.
Celle-ci n’a cependant duré que quelques semaines. Le temps que le groupe belgo-brésilien parvienne à suspendre cette production, tout en continuant de tenter de se débarrasser de sa “participation sans contrôle dans la joint-venture AB Inbev Efes”, comme la décrit un communiqué de presse. Il a aussi précisé qu’il renonçait “à tout bénéfice financier provenant des opérations de la coentreprise”.
A lire aussi | Leffe remporte un premier succès face à LeffDes entreprises coincées en Russie
Mais que s’est-il passé exactement ? AB InBev n’a visiblement pas de prise sur les décisions de la coentreprise AB Inbev Efes car sa participation dans l’entreprise est minoritaire. Il n’y a donc pas de droit de veto. En avril 2022, le brasseur belgo-brésilien avait indiqué vouloir se retirer de Russie en laissant ses parts au partenaire turc. Mais ce n’est pas aussi simple car le président Poutine a mis en place différentes règles rendant le départ des firmes étrangères de plus en plus compliqué – sans compter que la Turquie n’est pas aussi hostile envers le pouvoir russe que l’Europe.
Bref, les trois plus grands groupes brassicoles mondiaux que sont AB InBev, Carlsberg (Danemark) et Heineken (Pays-Bas) sont ainsi restés empêtrés dans les filets russes. "Nous n'avons actuellement aucune mise à jour sur le timing de la transaction", nous précise AB InBev.
Aujourd’hui, seul Heineken vient tout juste de réussir à revendre ses activités après plus d’un an de négociations.
A lire aussi | La Belgique va perdre une bière trappisteEmbargo, pas embargo?
En conclusion, cher Marc, la Leffe n’est plus brassée en Russie, elle ne l’a été que quelques semaines en août et septembre 2022. Mais AB InBev n’a pas encore réussi à quitter le pays. Et surtout, la Leffe que nous buvons en Belgique est brassée dans notre royaume, à Louvain pour être précis. Aucun embargo ne pourrait donc être mis en place puisque la bière produite en Russie l'était pour son marché intérieur. Sur ce, santé!