Devenir militaire: quels sont les critères pour rentrer dans l’armée belge ?

Entrer à l’armée est, pour pas mal de jeunes, un rêve. La Défense offre une multitude de fonctions, outre celle de soldat. Des postes variés, avec comme points communs la motivation et une bonne condition physique. Car même si on ne travaille pas spécifiquement sur le terrain, il faut rester opérationnel.

Armée, Défense, recrutement
L'armée embauche régulièrement de nouveaux profils. ©MUYLAERT ADRIEN BELGIAN DEFENCE

La question nous vient de Marco : “Comment devenir militaire ? Comment intégrer l’armée belge ? Comment recrutent-ils ? Quels profils sont recherchés ou exclus ?”

La question est particulièrement vaste, comme nous le souligne d’emblée l’adjudant Christophe Minet, recruteur actif au sein de la Défense, à la base de Flawinne. Il est vrai que quasiment tous les métiers se retrouvent au sein de l’armée. On pense bien entendu au soldat, mais du cuisinier à l’ingénieur civil, en passant par le médecin, le pompier, le journaliste, le mécanicien ou encore le météorologue, les profils recherchés ne manquent pas. Et trois statuts s’offrent aux candidats : militaire, civil et réserviste. Nous évoquerons ici celui de militaire.

Adjudant Christophe Minet, actif recruteur à la Défense
L'adjudant Christophe Minet est chargé du recrutement à la Défense. ©N.Ch

”La première opération à faire si on veut entrer à la Défense, c’est de s’inscrire sur le site www.mil.be. Il suffit de créer son profil et de marquer son intérêt pour une fonction ou pour recevoir plus d’informations. Nous recontactons les personnes qui se sont inscrites et leur proposons une séance d’information, de manière soit individuelle, soit collective. Elles peuvent sélectionner une date et une heure pour cette séance, à leur meilleure convenance. Lors de celle-ci, nous expliquons entre autres en quoi consiste le test de sélection, en insistant bien sur le fait qu’il s’agit d’un concours.” Tout le monde ne sera en effet pas engagé. Certaines sélections attirent ainsi plusieurs centaines de candidats pour quelques dizaines de postes à peine à pourvoir.

Quand postuler ?

Il y a deux dates importantes à connaître : le 6 et le 13 septembre 2023. “Le recrutement pour les sous-officiers et officiers s’ouvre le 6 septembre, nous détaille Christophe Minet. Le 13 septembre, on connaît les fonctions de soldats. Ces postes seront disponibles pour 2024. Chaque année, le plan de la ministre de la Défense est dévoilé et ouvre autant de places pour l’infanterie, les pilotes, les ingénieurs civils… Toutes les fonctions se trouvent sur le site internet à ces dates-là et permettent de postuler en ligne.”

Concrètement, chaque mois, des fonctions sont ouvertes au recrutement. Par exemple, en octobre, on propose les postes de pilote et médecin, en novembre, ceux de cuisinier et de chauffeur en décembre, et ainsi de suite. “La date limite des inscriptions pour cette session de recrutement est le 1er avril 2024.”

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Mieux vaut donc s’informer suffisamment tôt pour éviter de perdre un an dans son parcours professionnel. “Un élève qui entre en rhéto cette année peut déjà postuler pour une fonction qu’il voudrait exercer l’année prochaine, en septembre. De notre côté, nous nous rendons dans les écoles pour informer les élèves de 5e et 6e secondaires. Idéalement, on devrait déjà en parler à ceux de 4e, voire plus tôt encore, afin qu’ils puissent choisir leurs options du dernier cycle en fonction de ce qu’ils voudront faire plus tard.”

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Les tests à passer pour devenir militaire

Le concours se déroule en deux jours, nous explique le recruteur. “Le premier jour, il y a les épreuves médicales, parmi lesquelles un dépistage de drogue qui peut détecter des substances jusqu’à quatre mois en arrière. Il faut aussi passer des épreuves psychotechniques, ainsi qu’un test de personnalité qui reprend 240 questions.” De quoi vérifier si le candidat est sain de corps et d’esprit.

”Le deuxième jour, ce sont les tests sportifs, qui consistent en de la course à pied et du gainage latéral. Les candidats passent également un entretien d’embauche, dans lequel on leur explique la réalité du métier et on analyse leur potentiel mental.”

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Le gainage latéral fait partie des tests physiques à réaliser pour incorporer l'armée. ©MUYLAERT ADRIEN BELGIAN DEFENCE

Cette première sélection s’adresse à tous les candidats, quel que soit le poste à pourvoir dans l’une des quatre composantes de l’armée : terre, mer, air et médicale.

Y a-t-il un âge limite pour s’engager dans l’armée ?

L’âge légal minimum pour entrer à la Défense est de 18 ans. Mais il y a aussi un âge maximal. Celui-ci dépend du poste à occuper. “Pour devenir soldat, on ne peut pas atteindre les 31 ans en 2024. Pour les sous-officiers et officiers, c’est 34 ans.” Pour faire clair, on doit avoir 30 ans ou 33 ans au maximum l’an prochain.

À noter que les soldats ne sont plus assurés de faire toute leur carrière à l’armée. “Ils ont tous le statut BDL, pour Beperkte duur – Durée limitée. Leur contrat dure 8 ans et peut être prolongé d’un an quatre fois. Mais au bout de 18 mois dans leur fonction, ils ont la possibilité de transformer ce CDD en CDI, cela chaque année pendant 12 ans.”

Enfin, la retraite est à 56 ans, que l’on soit soldat, sous-officier ou officier.

Faut-il des diplômes ?

Le niveau d’études sera déterminé en fonction du poste que l’on souhaite obtenir. “Il ne faut pas le CESS (Certificat d’enseignement secondaire supérieur) pour devenir soldat. Et la nouveauté est que le CEB (Certificat d’études de base) n’est plus nécessaire, non plus. On essaie de trouver la bonne personne pour la bonne fonction.” Toutefois, l’obtention d’un diplôme du secondaire supérieur n’est plus possible au sein de la Défense. “Mais on peut évoluer grâce à la promotion sociale, reprend Christophe Minet. Des examens de français, de math… permettent au cours de la carrière de militaire de suivre des formations de cadre.”

Par contre, pour entrer à l’armée dans une fonction supérieure, le CESS est indispensable pour les sous-officiers, de même qu’un diplôme d’études supérieures pour les officiers.

Étudier à l’armée

La Défense est très active dans la formation. Elle dispose de deux écoles supérieures. L’ERM (École royale militaire, basée à Bruxelles) est une université fédérale, la seule bilingue de notre pays, et forme les officiers. La seconde est le Campus de Saffraanberg (ERSO, École royale des sous-officiers à Saint-Trond) qui propose des formations pour devenir sous-officier, ainsi qu’une année préparatoire au concours d’admission visant à intégrer l’ERM.

”L’ERM forme nos futurs cadres dans l’infanterie, les techniciens de la composante Terre et des ingénieurs civils. Les étudiants sont en internat sur place et leur planning est assez strict.” Entre salut au drapeau et heures d’études, en plus des activités sportives et des cours qui se terminent à 18h, les jeunes n’ont pas la même vie estudiantine que dans les autres universités. “Ils ont en outre des examens toutes les semaines, en plus des sessions semestrielles. Si cela ne va pas dans une matière, une séance d’explication est organisée. Le résultat est que l’ERM a un taux de réussite de 85 %.”

Ça, c’est pour la formation intra-muros. Car il est aussi possible de suivre un cursus universitaire extra-muros, notamment en dentisterie, ingénierie civile, médecine… La formation dans une université “classique” doit être suivie, pour les futurs médecins par exemple, d’une spécialisation proposée par la Défense.

Une journée type à l'ERM

Quant à l’ERSO, elle s’adresse aux personnes qui s’orientent vers des formations techniques (mécanique aéronef, électronique aéronef, système d’arme et de communication électronique sur véhicule…) et non-techniques (fonctions de support de combat et fonctions de support au sein de la Composante Terre, notamment).

”Les jeunes qui se lancent dans une formation de l’armée sont rémunérés dès le début de leurs études. Ils perçoivent le salaire de base lié au diplôme qu’ils vont obtenir, tandis que le minerval et le kot sont également payés par la Défense. Mais pour bénéficier de tout cela, il y a bien entendu une obligation de réussite.”

Des stages militaires pour les ados

Pas toujours facile de trouver sa voie quand on est ado. La Défense propose d’initier les jeunes au monde militaire à travers des stages. Ceux-ci sont destinés aux jeunes de 16 à 20 ans et sont organisés plusieurs domaines. Ils permettent de découvrir les nombreuses facettes de l’armée, comme le bataillon de chasseurs à cheval, le parachutisme, les commandos de l’Air ou le voilier-école de la Marine. Les prix sont attractifs et l’expérience très enrichissante.

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