Est-ce qu’un médecin peut refuser de m’opérer parce que je fume ?

L’Avenir vous répond : Micheline nous demande si consommer du tabac peut être une raison pour laquelle un médecin remet un avis négatif sur une opération orthopédique.

Pauline Denys
 Un Belge sur cinq fume actuellement et, chaque jour, 40 personnes meurent des suites de la consommation de tabac.
Lorsque l'on consomme du tabac, le risque d'infections augmente après une opération ©AFP (Illustration)


Bonjour Micheline,

A priori, oui, un médecin a le droit de remettre un avis négatif, mais le sujet est controversé. Preuve en est : la plupart des hôpitaux, médecins et coordinateurs chirurgicaux que nous avons contactés ne souhaitent pas donner de réponse tranchée à cette question ou ne veulent pas être cités.

Il s’agit d’une question de déontologie

La question relève, en réalité, directement de la déontologie du médecin. Le Code de Déontologie Médical belge indique que “Le médecin peut décider de mettre fin à une relation thérapeutique avec un patient ou refuser une intervention médicale ou un traitement pour des raisons médicales prises sur la base de son indépendance professionnelle et en s’assurant de la continuité des soins (art. 32 CDM 2018). ” Ce code indique également dans l’art. 31, que de telles décisions médicales sont à distinguer de celles qui seraient prises par le médecin sur la base de ses convictions personnelles.

Le médecin examine le rapport risque-bénéfice

Dans le cas d’un refus, nous pouvons concevoir que le chirurgien estime que la balance risque-bénéfice ne justifie pas un geste opératoire potentiellement risqué pour le patient, explique Simon Koulischer, chirurgien orthopédiste au CHU Saint-Pierre. Il paraît évident qu’un chirurgien ne pourrait pas être contraint à inciser un patient, s’il n’a pas la conviction que le geste est de nature à aider le patient.” Il insiste, toutefois, sur l’importance de travail pédagogique du médecin lorsqu’il y a refus : “Le dialogue médecin-patient reste primordial”.

Le tabac affecte la cicatrisation

Il faut savoir que la consommation de tabac comporte des risques. Un médecin peut donc remettre un avis négatif au patient avant une opération. Les substances toxiques présentes dans le tabac affectent la cicatrisation, la réparation des os et la capacité des fumeurs à combattre les infections.

Les effets de la nicotine, du monoxyde de carbone et du cyanure d’hydrogène altèrent la cicatrisation des tissus. Les complications à la suite d’une chirurgie sont donc plus fréquentes chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. “En chirurgie, tout arrêt tabagique a un effet bénéfique. En règle générale, il est conseillé d’arrêter de fumer au moins 4 semaines avant et après l’opération”, informe Véronique Le Ray, directrice médicale et porte-parole pour la Fondation contre le Cancer. Un arrêt même 12 à 48 heures avant l’opération peut déjà agir de façon bénéfique, dans une moindre mesure. Cela permet de réduire le monoxyde de carbone circulant, et ainsi, d’avoir une meilleure oxygénation.

Le tabac augmente le risque d’infections

Le risque d’infections à la suite d’une opération est plus élevé. Une étude de 2003 sur l’évaluation de 228 plaies a démontré que le taux d’infections était de 12 % chez les fumeurs, mais seulement de 2 % chez les non-fumeurs. “Les gens qui fument ont un système immunitaire plus faible que les personnes qui ne fument pas. Le tabac trouble le transport des globules blancs qui aident le corps à combattre les infections et les maladies”, explique Véronique Le Ray.

Les chirurgies orthopédiques font partie des chirurgies qui sont les plus à risque pour les fumeurs. On retrouve également les chirurgies esthétiques, les chirurgies buccales et dentaires, les chirurgies digestives, celles du cancer du sein et la fracture des os. La Fondation contre le Cancer insiste donc sur le fait que l’arrêt du tabagisme reste la meilleure solution pour prévenir les complications éventuelles.

Pour plus d’informations et conseils pour arrêter de fumer, vous pouvez consulter le site de tabacstop ou contacter le 080 01 11 00.

Le tabac et l’alcool en tête des causes de cancer dans le monde – L’Avenir (lavenir.net)

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