Il y a quatre ans, Osimhen explosait à Charleroi : “Victor un jour à Manchester ? Mais qu’est-ce qu’il me raconte celui-là ?”
Quatre ans après son départ de Charleroi, Victor Osimhen (24 ans) continue de casser la baraque à Naples. Retour sur l’éclosion de l’attaquant nigérian au Sporting.
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Publié le 21-02-2023 à 07h39
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L’anecdote nous est confiée par un ancien joueur du Sporting zébré. Lorsque Victor Osimhen est arrivé à Charleroi en 2018, Felice Mazzù, ébloui par son potentiel dès le premier entraînement, lui avait confié en substance qu’un jour, Osimhen serait en mesure d’évoluer au Real Madrid ou à Manchester United. Une lubie qui avait provoqué un ricanement collectif : “Je me suis dit : 'Mais qu’est-ce qu’il me raconte celui-là ?'”
Presque quatre ans plus tard, l’attaquant Nigérian, auteur d’une nouvelle saison remarquable à Naples (19 buts, 4 passes décisives en 23 matchs) pourrait bien confirmer les prédictions de son ancien coach.
Recalé à Zulte Waregem et au Club Bruges
En réalité, le transfert d’Osimhen à Charleroi a autant reposé sur le flair et l’audace des dirigeants carolos que sur un coup de chance médical. Car avant d’être prêté en bord de Sambre par le club allemand de Wolfsburg – “Où j’ai vécu 18 mois difficiles”, avait confié le longiligne attaquant –, il avait été recalé à Zulte Waregem et au Club Bruges en raison des tests physiques jugés insuffisants. Victime d’une crise de malaria, Osimhen souffrait également d’un déséquilibré au niveau des ischios et des quadriceps. “Si les tests physiques avaient été aussi poussés à Charleroi qu’à Bruges et à Zulte, le Sporting ne l’aurait sans doute jamais engagé”, croit savoir un ancien joueur.
”Le Club a estimé qu’il faudrait entre trois et cinq mois pour qu’il soit sur pied et n’a pas osé prendre le risque. Ce que Charleroi a fait”, nous avait confié son représentant de l’époque, Jean-Gérard Benoît Czejka, bien aidé par Didier Frenay dans le deal vers Charleroi.

Taxi et garde du corps en Turquie
Osimhen a très rapidement été adopté au Sporting où il faisait l’unanimité pour sa gentillesse, sa détermination, son travail… et surtout ses buts. Le lien est réciproque. Le Nigérian restera éternellement reconnaissant envers le club hennuyer. “Quand j’ai raté mes tests en Flandre, j’ai eu le sentiment de ne pas être à la hauteur, nous avait-il raconté en août 2019. J’ai dû retourner à Wolfsburg et c’est Mehdi Bayat qui est venu me chercher. Cela a été le point décisif de ma carrière. Je dois tout à Charleroi […] Quand je suis arrivé, l’accueil et l’amour reçus de mes équipiers et des supporters m’ont donné envie de me démener sur le terrain, de donner le meilleur de moi-même.”
Autre anecdote : début décembre 2022, alors que Naples effectuait un stage près d’Antalya, à quelques kilomètres du camp de base de Charleroi, Osimhen avait dépêché un taxi et un garde du corps pour se rendre à l’hôtel des Zèbres. Un petit coucou d’une vingtaine de minutes, juste pour saluer et enlacer Bayat, Mazzù et quelques anciens. Moment rare dans le football moderne.
Quand un tel joueur éclôt, il n’y a rien à dire. Il faut juste accepter.
L’occasion de se replonger dans les bons souvenirs carolos. À l’époque, après quelques semaines de remise en forme à son arrivée à Charleroi, Osimhen a vite crevé l’écran, renvoyant notamment Jérémy Perbet à un statut de joker de luxe : “Quand un tel joueur éclôt, il n’y a rien à dire. Il faut juste accepter. Ce qu’il faisait était magnifique”, avait confié “Perbut”.
Après les 20 goals en 36 matchs de sa graine de star nigériane, Mehdi Bayat n’hésite pas longtemps. Il lève l’option d’achat incluse dans le prêt de Wolfsburg pour quelque 3,5 millions €. Une somme record pour le Sporting, mais qui savait pertinemment qu’il allait recevoir trois ou quatre fois plus. De fait, peu de temps après, malgré l’intérêt de Watford et de l’AC Milan, Charleroi annonce le départ d’Osimhen à Lille pour environ 14 millions €, bonus inclus. Le Nord, le choix de la raison pour l’enfant des bidonvilles de Lagos, conscient qu’il s’agit là d’une étape judicieuse dans son évolution. L’ascension se poursuit. Il marque 18 buts en 38 matchs, dont deux en Ligue des champions.

Une saison et puis s’en va. Son talent est déjà trop imposant pour la Ligue 1. Mais alors qu’il rêve de Premier League, ce fan de Didier Drogba s’engage finalement à Naples, poussé par différents intervenants dans un dossier épineux et long à régler. Dans la transaction, Charleroi, qui avait négocié un pourcentage à la revente, touche une deuxième coquette somme d’environ 7 millions €. Soit un total de 21 millions € – auxquels il faut soustraire les 3,5 millions € lâchés pour lever l’option. Dans le futur stade de Charleroi, il faudrait presque rebaptiser l’une des quatre tribunes, la “tribune Osimhen”.
Un argument inépuisable pour Mehdi Bayat
Au-delà des plus-values sportive et financière que le Nigérian a apportées au Sporting, il a offert un magnifique coup de projecteur sur le Mambourg. Aujourd’hui encore, Mehdi Bayat se sert de l’éclosion d’Osimhen comme argument pour convaincre certains attaquants méconnus de signer à Charleroi. Nicholson, Bayo, et Stulic plus récemment… Tous avaient entendu parler de l’incroyable ascension du Nigérian au Sporting et rêvent de lui emboîter le pas.
Devenu l’un des meilleurs attaquants au monde, probable futur champion d’Italie et actuel meilleur buteur du championnat, Osimhen pourrait affoler le prochain mercato estival, surtout s’il marque encore en Ligue des champions. À 24 ans, il est valorisé à hauteur de 70 millions €, mais Naples ne le lâchera probablement pas à moins de 100. Cela restreint forcément le cercle des clubs capables de s’aligner. Mais qui sait, le Real Madrid ou Manchester United… là où Mazzù l’imaginait un jour.