L'ancien visage de Child Focus pendant 15 ans : “Des moments difficiles, mais aussi des cris de joie” (vidéo)
Maryse Rolland, qui a incarné le visage de la Fondation belge Child Focus pendant 15 ans, le commissaire Alain Remue, le chef de la Cellule des personnes disparues de la police fédérale, ou encore Sofia Mahjoub, coordinatrice actuelle de la Cellule politique de la Fondation pour enfants disparus et sexuellement exploités, reviennent sur le 25e anniversaire de la création de Child Focus.
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- Publié le 28-03-2023 à 14h18
- Mis à jour le 28-03-2023 à 14h52
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Ils y ont travaillé ou œuvrent encore au sein de la Fondation pour enfants disparus et sexuellement exploités. L'Avenir a retrouvé plusieurs acteurs-clefs dans la création et le travail de Child Focus. Interviews.
Le commissaire Alain Remue : “Au début, comme un chien de garde dans notre jardin”
”Je vais être honnête : à l’époque, la fondation a été considérée comme un chien de garde pour la justice et la police. Il y avait ce sentiment que la justice n’avait pas fait son travail” lors de l’affaire Dutroux, reconnaît le commissaire Alain Remue, le chef de la Cellule des personnes disparues de la police fédérale.
84.937 dossiers traités par Child Focus en 25 ans: retour sur l'anniversaire de la Fondation pour enfants disparus et sexuellement exploités (vidéo)”Ce n’était pas évident : il y avait un autre joueur dans notre jardin. Mais la collaboration s’est très vite installée”, via un protocole d’accord qui existe toujours. “Il y a deux mots-clefs dans notre collaboration : la complémentarité et la communication. Le numéro 116.000 nous a souvent aidés dans pas mal de dossiers. Il est plus facile de contacter un numéro ONG plutôt qu’un numéro de police. Et puis Child Focus s’occupe de l’assistance de crise aux familles jour et nuit.” De plus, “on peut échanger les infos nécessaires avec leurs conseillers, ceux-ci peuvent assister à des réunions de coordination avec les enquêteurs et les magistrats…”
L’ancienne porte-parole Maryse Rolland : “Des moments difficiles, mais aussi des cris de joie”
”Après l’affaire Dutroux, on avait cette rage en nous pour que cela n’arrive plus”, souligne Maryse Rolland, l’ancienne porte-parole francophone de Child Focus qui a été le visage de la Fondation pendant 15 ans. “Lorsqu’un enfant disparaissait, on courait jour et nuit dans les couloirs.”
Elle se souvient de l’année 2006 plus particulièrement. Une année horrible. Avec le double enlèvement de Stacy et Nathalie, à Liège. “La presse mondiale m’appelait sans cesse en me disant que la Belgique était la terre des pédophiles. Une image qu’on devait redresser, chiffres à l’appui, puisque 90 % des dossiers se terminent bien.”
Elle évoque “des cris de joie” quand son équipe retrouvait un enfant. Aujourd’hui, “il ne peut y avoir de diabolisation d’Internet, mais il faut apprendre aux jeunes à l’utiliser correctement pour éviter les dérives actuelles. Je parle encore de la fondation à mes élèves, je les sensibilise aux dangers du Web”, conclut l’actuelle prof de français.
Sofia Mahjoub, coordinatrice de la Cellule politique : “Une enquête sur l’accueil des familles d’enfants disparus”
Six ans après la création de Child Focus, soit en 2004, Sofia Mahjoub y a été engagée pour réaliser une étude sur les besoins des parents ayant vécu la disparition d’un enfant, “avec pour objectif d’améliorer l’aide apportée aux victimes”, souligne-t-elle. Elle a ainsi eu l’occasion de s’entretenir avec une trentaine de parents, “pour voir comment ils avaient été aidés et quels étaient leurs besoins, pour améliorer notre fonctionnement”. À l’époque, ajoute-t-elle, “les parents ne se sentaient pas assez soutenus, pris au sérieux”, notamment par le monde politique.
Sofia Mahjoub exerce désormais comme coordinatrice de la cellule politique. “On a donné des recommandations pour changer certaines choses dans la législation. Avec mon équipe de quatre personnes, on parle avec des ministres, on essaie d’écrire des propositions de loi pour faire en sorte que la protection des enfants soit la priorité numéro une au sein du gouvernement…”