Russe l’Ukraine? "Poutine sait qu’il va être populaire" (infographie)
L’Ukraine a fait partie intégrante de la Russie depuis des siècles. L’histoire ôte-t-elle pour autant la légitimité de l’Ukraine actuelle?
Publié le 23-02-2022 à 07h00
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"L'Ukraine n'est pas qu'un pays voisin, c'est une partie intégrante de notre culture et de l'histoire de notre pays." Les propos de Vladimir Poutine, lundi, ne laissent guère de doute quant à la vision du président russe sur l'appartenance "historique" de ce territoire à la Russie. "L'Ukraine actuelle a été créée complètement par la Russie bolchevique, de manière très vulgaire...", ajoutait Poutine.
«L’ordre international doit être défendu»
"La donnée historique à laquelle Poutine se réfère n'est pas fausse. L'Ukraine a bien fait partie de la Russie", admet le professeur de l'UCLouvain Michel liégeois. Mais ce spécialiste des relations internationales balaie totalement l'argument russe.
"L'ordre international repose sur des États qui reconnaissent leurs frontières et respectent leur souveraineté", dit-il. "La Russie a reconnu l'Ukraine et l'Ukraine a reconnu la Russie. Que la réalité ait pu être différente dans des temps anciens, ce n'est pas propre à l'Ukraine. C'est le cas de la Belgique. C'est au cœur du conflit israélien. Chaque État peut toujours se référer à un passé, à une communauté de langue, mais c'est la négation du système international, et la porte ouverte à la multiplication des conflits."
"C'est le même discours qu'avait utilisé Hitler en revendiquant les Sudètes", rappelle Michel Liégeois. "Agiter les fantômes du passé, faire une référence au grand empire, ça parle à une sensibilité fondamentalement russe. En disant cela, Poutine sait qu'il va être populaire." Mais le président russe ne peut le faire, dit-il, qu'en tordant la réalité, et en accusant l'OTAN d'un expansionnisme que le professeur réfute également.
"Cela ne résiste pas à une analyse sérieuse de présenter l’expansion de l’OTAN comme une manœuvre offensive, une volonté hégémonique. Si c’était le cas, l’OTAN se serait précipité en Ukraine pour y placer des troupes. Or c’est l’inverse qui se passe."
«La grande peur de Poutine»
"Certains pays qui entourent la Russie ont choisi librement de se mettre à l'abri d'un voisin qu'ils percevaient comme une menace. C'est une réponse à une insécurité de ces pays vis-à-vis de la Russie", relève le professeur de l'UCLouvain. "On ne peut pas citer un seul pays qui a rejoint l'OTAN contre son gré."
Mais, précise-t-il, "la grande peur de Poutine, ce n'est pas tant l'OTAN, c'est le modèle démocratique et socio-politique de l'Union européenne. La tournure était prise en vue d'une préparation à l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne. Et cela, c'est bien plus dangereux pour Poutine qu'une adhésion à l'OTAN."
