Positivité et immunité à géométrie variable
La durée de positivité au Covid-19 ainsi que celle de la couverture immunitaire peuvent varier d’une personne à l’autre. Et les réinfections par le variant Omicron pourraient expliquer en partie des taux de positivité qui semblent s’éterniser.
Publié le 04-02-2022 à 07h00
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De nombreuses personnes à l’instar de la skeletonneuse flamande Kim Meylemans, testée positive le 30 janvier à Pékin alors qu’elle a contracté le Covid début janvier, affichent un test positif 4 voire 8 semaines après avoir contracté le Covid. Sont-elles victimes d’un virus persistant ou d’une recontamination?
"Comme l'immunité vis-à-vis du Covid lui-même n'a pas l'air extraordinaire, on peut raisonnablement envisager que dans la plupart des cas il s'agit d'une nouvelle infection, avance Michel Goldman, professeur d'immunologie à l'ULB. Parce que d'une part, les anticorps qui préexistent à Omicron ne sont pas très efficaces vis-à-vis d'Omicron et d'un autre côté même lorsqu'on a eu Omicron, les anticorps que l'on fait ne sont apparemment pas très efficaces pour empêcher une réinfection".
Capacité à éliminer le virus
Hors recontamination, il arrive que la positivité qui persiste quelques jours après avoir contracté le Covid s’attarde chez certaines personnes. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la variabilité de la positivité dans le temps, selon Sophie Lucas, immunologue et présidente de l’institut de Duve de l’UCLouvain.
"Des personnes vont rester positives plus longtemps que d'autres en fonction de leur capacité à éliminer le virus plus ou moins rapidement. Le fait d'avoir été vacciné auparavant peut expliquer que l'on reste positif moins longtemps tout comme le fait d'avoir contracté un variant précédemment.Les personnes immunodéficientes ou avec comorbidités restent positives beaucoup plus longtemps parce que leur système immunitaire n'est pas très fonctionnel".
Immunité proportionnelle à l’intensité des symptômes
L'immunité est également une donnée à géométrie variable. "Le niveau de protection acquis suite à une infection est extrêmement variable d'une personne à l'autre en fonction de la persistance du virus chez cette personne, avance Sophie Lucas. Cette immunité est moins intense quand la personne est peu symptomatique. Celle construite grâce à une infection préalable par un autre variant n'est certainement pas meilleure que celle conférée par le vaccin".
L'immunité diminue au fil du temps et cettediminution varie en fonction du taux d'immunité que vous aviez au départ, avance l'immunologue. "Par conséquent, il n'est pas possible de fixer un seuil précis en dessous duquel vous n'êtes plus immunisé. C'est ce qui explique pourquoi un certificat de convalescence est valable maximum 6 mois."
Sommes-nous protégés face au sous-variant BA.2 ?
Les scientifiques surveillent de près l’arrivée du sous-variant BA.2, potentiellement plus contagieux qu’Omicron. Présent de manière significative dans plusieurs pays d’Europe, il laisse pour l’heure largement la main à Omicron.
Quelle protection offre la vaccination par rapport au BA.2?Elle devrait être sensiblement la même que pour Omicron, suppose le professeur Goldman. "Les personnes qui ont reçu leurs trois doses de vaccin risquent d'être infectées, de développer quelques symptômes mais seront protégées des formes sévères de la maladie".
Un avis partagé par Sophie Lucas pour qui le booster reste "la meilleure solution pour se protéger d'Omicron, de ses sous-variants qui sont une sorte de dérivés du premier variant Omicron. La recommandation de prendre le booster aussi rapidement que possible reste tout à fait valide".