Codeco du vendredi 21 janvier | Le baromètre : "Pas une bible à laquelle on ne peut plus toucher"
La ministre de la Santé reste prudente face à Omicron. Il y a trop d’incertitudes pour laisser tomber les précautions. Elle estime également que le baromètre qui sera au centre des discussions du Codeco, de ce vendredi 21 janvier, doit rester un outil flexible.
Publié le 20-01-2022 à 19h19
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"Je reste favorable au baromètre, c'est un bon outil mais cela ne doit pas être une bible, un document sanctuarisé auquel on ne peut plus toucher. L'épidémie nous a bien montré combien son évolution est imprévisible", jugeait hier la ministre wallonne en charge de la Santé.Christie Morreale estime que "c'est bien d'avoir un cadre de référence qui nous permette d'activer des mesures quasi automatiquement, et d'éviter de perdre du temps pour déclencher les étapes. Dans l'intention, j'y étais favorable mais dans la pratique, on voit qu'il est très difficile de prévoir les différentes situations".
«La tension risque de revenir»
Mais l’enjeu est évidemment que le citoyen puisse mieux comprendre, et donc accepter, les décisions prises et les contraintes sanitaires. Jusqu’ici, les autorités du pays ont beaucoup péché en matière de communication, divisant, suscitant des tensions, parfois fortes.
Le baromètre doit fixer la norme, la clarifier. Encore faut-il qu'il soit lisible. "Cette tension risque de revenir par la fenêtre s'il y a des différences entre la référence et la réalité. Il ne faudrait pas qu'en figeant les règles, on se retrouve avec une situation inadaptée. C'est compliqué d'objectiver les choses", souligne Christie Morreale.
"Et puis l'évolution dépend aussi de la nature du variant. Chaque vague nous apprend du nouveau. On n'a pas réagi de la même façon entre Alpha et Delta." Omicron, plus encore, remet tout en cause, avec des contaminations qui explosent (plus 27% de cas confirmés hier, selon les chiffres de Sciensano). Sur les 28 derniers jours, on atteint un cinquième du total des infections en deux ans (552 000 sur 2,57 millions). Mais dans le même temps, les hospitalisations et les décès, s'ils augmentent, restent à des niveaux raisonnables. L'occupation des lits de soins intensifs est même en diminution (-9%).
Ne pas jouer à madame Irma
Certains veulent voir dans cette émergence d'un Omicron virulent mais moins sévère la porte de sortie de la pandémie. Optimiste de nature, la ministre de la Santé reste prudente: "L'épidémie est vraiment imprévisible. Faire des prévisions me semble hypothétique. C'est plus jouer à madame Irma qu'un point de vue scientifique. Certains disent qu'on évolue naturellement vers des virus moins virulents, mais pour les cinq qu'on a eu ce n'était pas le cas. Je préférerais être optimiste mais je veux être objective: c'est évident qu'il y aura de nouveaux variants. Plus le virus est contagieux, plus il se reproduit, et plus il a tendance à muter. Aujourd'hui, il se reproduit beaucoup. Donc statistiquement, il existe un risque élevé de mutations."
"Il y a trop d'incertitude, on ne peut pas tirer de conclusions hâtives", met-elle en garde. "Et on ne peut pas non plus compter sur une immunité naturelle avec un virus qui mute. 50% des enfants avaient des anticorps, et on voit une réinfection malgré tout."
La ministre est néanmoins confiante dans l'efficacité de la vaccination. "Le fait est qu'avoir eu deux doses ne réduit pas le risque d'infection, par contre la 3e dose diminue ce risque de contamination de 50% chez les personnes de 18 à 64 ans, et de 41% chez les plus de 65 ans." Il faut donc tenter de convaincre les 28% de Wallons qui n'ont pas encore demandé leur "booster". "Il est nécessaire qu'il soit administré le plus rapidement à la population adulte." Pas aux enfants. Quant à une 4 dose? "La situation en Israël montre que ça n'augmente pas l'immunité." Un avis doit bientôt être rendu sur le sujet par le Conseil supérieur de la Santé. Comme la ministre attend, pour fin janvier, une évaluation de l'adaptation de la stratégie du testing (on ne teste plus désormais que ceux qui présentent des symptômes) mais aussi du Covid Safe Ticket "tant au niveau éthique que sur son efficacité".