31 morts dans la Manche, cimetière à ciel ouvert
Au moins 31 migrants sont décédés mercredi dans le naufrage de leur embarcation au large de Calais.
Publié le 25-11-2021 à 06h00
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"La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière", a affirmé jeudi le président Emmanuel Macron en annonçant la mort d'au moins 31 migrants.
Le chef de l'État français a réclamé "une réunion d'urgence des ministres européens concernés par le défi migratoire" assurant que "tout sera mis en œuvre pour retrouver et condamner les responsables" de ce naufrage, peu avant que son ministre de l'Intérieur n'annonce l'interpellation de quatre passeurs présumés suspectés d'être liés à ce naufrage.
De l'autre côté de La Manche, le Premier ministre Boris Johnson "choqué, révolté et profondément attristé" a assuré vouloir travailler avec la France pour décourager les traversées illégales.
Après des semaines de tension sur la question migratoire, Londres et Paris étaient récemment convenus de renforcer leur coopération pour tenter de tarir ces départs, notamment dans le sillage de l’arrivée le 11 novembre de 1 185 migrants sur les côtes anglaises, un nombre record.
Le plus meurtrier depuis 2018
Ce drame, redouté par les autorités et les associations depuis plusieurs mois, est de loin le plus meurtrier depuis l’envolée en 2018 des traversées migratoires de la Manche, face au verrouillage croissant du port de Calais et du tunnel sous la Manche.
Avant ce naufrage, le bilan des décès depuis le début de l’année s’élevait à trois morts et quatre disparus.
Six personnes ont trouvé la mort et trois ont été portées disparues en 2020.
Le drame s’est déroulé sur un “long boat”, un bateau gonflable fragile, dont le fond souple a tendance a se replier quand il prend l’eau et est surchargé. L’utilisation de ces embarcations est de plus en plus fréquente depuis cet été.
Une cinquantaine de personnes se trouvaient à bord de l'embarcation qui était partie de Dunkerque, a indiqué une source proche du dossier. "Les gens meurent dans la Manche qui est en train de se transformer en cimetière à ciel ouvert, comme la Méditerranée", s'est alarmé Pierre Roques, coordinateur de l'Auberge des Migrants, une association de Calais.
Didier Leschi, le directeur général de l'Office français de l'immigration dénonce, lui, les passeurs "qui essaient coûte que coûte de maintenir des camps près de la mer pour faciliter le travail morbide de faire traverser la Manche à des migrants à leurs risques et périls".
Au 20 novembre, 31 500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l’année et 7 800 migrants avaient été sauvés.