CPAS: «On arrive au bout du modèle»
Afflux de bénéficiaires, manque d’effectifs et de moyens: la Fédération des CPAS lance un appel aux responsables politiques.
Publié le 06-10-2021 à 17h41
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«Aujourd'hui, nous subissons toujours les effets de la crise. Les publics auxquels nous nous adressons sont de plus en plus nombreux, mais les effectifs des CPAS n'ont pas augmenté proportionnellement.» Face à l'afflux de nouveaux bénéficiaires, le président de la Fédération des CPAS, Luc Vandormael, tire la sonnette d'alarme. Le renforcement des moyens et des effectifs fait partie des grands enjeux de cette rentrée pour les centres d'action sociale.
Et pour cause, puisque ces quinze dernières années, le nombre de bénéficiaires a grimpé de 70% : au 1er janvier 2021, en Wallonie, 73925 personnes percevaient un revenu d'intégration. « Pour vous donner une idée, dans les années 70, il y avait 8000 minimexés en Belgique.» Le nombre de travailleurs sociaux n'a, par contre, augmenté que de 18% sur la même période.
«Nous sommes en concertation soutenue avec les autorités fédérales et régionales. Nous leur disons aujourd’hui qu’avec les moyens actuels, on arrive au bout des possibles.»
Travailleurs sous pression
Parmi les chantiers essentiels de cette rentrée, il y a d’abord le renforcement des effectifs. Une demande qui a manifestement été entendue puisque le gouvernement wallon vient tout juste de débloquer 20 millions d’euros pour l’engagement de 270 équivalents temps plein dans les CPAS les plus impactés par la crise sanitaire. Un montant auquel s’ajoute également une enveloppe de 5 millions d’euros, destinée aux CPAS lourdement touchés par les inondations du mois de juillet.
Un bel effort: «La Région a fait sa part», reconnaît d'ailleurs Alain Vaessen, directeur général de la fédération. Le hic, c'est que ce renforcement des troupes n'est prévu que pour une période limitée de deux ans. Or, les CPAS ont besoin de travailleurs sociaux, sur le long terme.
C’est d’autant plus important que, sur le terrain, on éprouve de plus en plus de difficultés à recruter du personnel.
«C'est pourquoi nous voulons aussi établir un plan d'actions de revalorisation du travail social en CPAS. Aujourd'hui, nous avons des collègues qui veulent partir», indique Luc Vandormael. La surcharge de travail – «certains assistants sociaux ont jusqu'à cent dossiers à gérer» –, ainsi que l'importance du travail administratif sont notamment pointés du doigt. La mission de contrôle et de sanction des travailleurs sociaux pose également question. «Il y a des règles à respecter. Un exemple: si une personne n'est pas disposée au travail, et cela peut être pour des raisons personnelles, elle risque des sanctions. Mais avec ces sanctions, que deviennent ces personnes? Ce type de contrainte pèse sur le moral des travailleurs sociaux, qui sont confrontés à des individus en détresse.»
Retour aux fondamentaux
Les CPAS plaide aussi, entre autres, pour la prolongation, jusque fin 2022, des moyens fédéraux destinés à lutter contre les conséquences du Covid, ou encore en faveur de mesures visant à soutenir les publics fragilisés face à l’envolée des prix de l’énergie.
Plus fondamentalement, l'avenir du système doit faire l'objet de discussions. «On a vraiment l'impression d'être arrivé au bout d'un modèle. Les CPAS passent de plus en plus de temps à remplir des tâches administratives. Nous devons repenser nos missions pour revenir aux fondements du travail social, à savoir un travail de terrain offrant un accompagnement individuel», avance Philippe Noël, vice-président de la fédération. Un groupe de travail a d'ailleurs été mis en place pour débattre de cette question et avancer des propositions d'ici 2024.