La situation en Israël prouve que le vaccin est efficace
La flambée des cas de Covid en Israël prouve que le vaccin est aussi efficace qu’annoncé, selon l’immunologue Sophie Lucas de l’UCLouvain.
- Publié le 20-08-2021 à 06h00
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Israël, l’un des premiers pays à vacciner sa population contre le Covid, connaît une flambée des contaminations. Du pain bénit pour les anti-vaccins qui voient là une preuve flagrante de la non-efficacité et de l’inutilité de la campagne vaccinale. On tente d’y voir clair avec Sophie Lucas, professeure d’immunologie à l’Institut de Duve de l’UCLouvain.
Une combinaison de trois éléments
Comment expliquer la recrudescence des cas de coronavirus dans un pays où 70% de la population est vaccinée?
«C'est probablement dû à la conjonction de trois éléments: l'émergence d'un variant beaucoup plus contagieux, le variant Delta, la diminution des gestes barrières et une moins bonne observance de ceux-ci y compris par les personnes vaccinées et enfin, peut-être, une légère diminution de la protection du vaccin au fil des mois mais cela reste à confirmer», explique Sophie Lucas.
Dire que l'on n'est pas protégé par le vaccin parce que les contaminations augmentent est «une erreur patente de raisonnement. Ce qui se passe en Israël démontre au contraire que les formes graves de la maladie et les hospitalisations surviennent majoritairement chez les personnes non vaccinées. La situation serait dramatique si ce pays n'avait pas atteint un taux de vaccination de 70%».
Toutes proportions gardées
Le virus circule essentiellement parmi les personnes non vaccinées, rappelle l’immunologue.
Si la proportion de personnes vaccinées qui sont infectées ou hospitalisées commence à augmenter, c'est pour deux raisons: «D'une part, le nombre absolu de personnes qui sont hospitalisées diminue et, d'autre part, la proportion globale de la population qui est vaccinée est très importante. Forcément, à un moment s'il n'y a plus beaucoup d'infections mais beaucoup plus de vaccinés que de non-vaccinés, vous allez retrouver une partie de vaccinés pour lesquels le vaccin n'est pas efficace (15% des 70% vaccinés) parmi les personnes infectées.»
Autrement dit, si la proportion de non-vaccinés est plus ou moins égale au nombre de personnes vaccinées mais non protégées par le vaccin (15%), il est logique de compter parmi les personnes infectées par le Covid presque autant de personnes vaccinées que de non vaccinées puisque ces dernières sont beaucoup moins nombreuses.
La priorité
Pour Sophie Lucas, la priorité aujourd'hui en Belgique n'est pas d'administrer à tous les adultes une troisième dose de vaccin mais «chercher à vacciner tous ceux qui ne l'ont pas encore été».
La bataille contre le virus se gagnera à l'échelle de la planète. «Il faut absolument augmenter le taux de vaccination au niveau mondial et se concentrer sur les pays qui n'ont pas pu avancer beaucoup dans la vaccination par manque de moyens, de logistique ou de doses de vaccins. On pourrait envisager d'administrer une 3e dose à nos populations à condition que la production de doses pour les autres pays suive ».