1 dose pour certains, 3 doses pour d’autres
Une seule dose pour ceux qui ont fait le Covid, et trois doses pour les aînés qui ne l’ont pas eu: la stratégie de vaccination devrait être mieux adaptée.
Publié le 10-06-2021 à 06h00
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Avoir fait ou non la maladie a une incidence importante sur l’immunité que confère une vaccination contre le Covid. C’est une des conclusions d’une étude menée par Sciensano, en collaboration notamment avec l’ULB et l’Université de Liège, dans deux maisons de repos flamandes.
«Une dose peut suffire»
200 personnes ont été testées, dont 80 font l'objet de l'étude en question. Et tant chez ces résidents (dont la moyenne d'âge approche les 90 ans) qu'au sein du personnel soignant, inclus dans l'analyse, tous ceux qui avaient déjà eu le Covid«fabriquent déjà des quantités élevées d'anticorps après une seule dose de vaccin Pfizer», explique Maria Goossens, médecin attaché à Sciensano. La seconde dose n'améliore en rien la réponse cellulaire.
Les résultats de cette étude ne sont pas encore consultables, n'ayant pas été publiés, et le niveau d'anticorps décelés ne peut être défini selon des standards internationaux, précise-t-elle. Un an après le début de la pandémie, ça interpelle mais la standardisation serait «une question de semaines». Les notions de «niveau d'anticorps» demeurent donc floues. Néanmoins, «une dose de vaccin pourrait suffire» pour ceux qui en ont, conclut Mme Goossens.
Le CSS pas de cet avis
Le Conseil supérieur de la Santé a pourtant, le même jour, rendu un avis qui ne va pas entièrement dans ce sens. Le CSS recommande en effet, vu la circulation de variants préoccupants, de «maintenir le schéma complet de vaccination pour toute la population.»
Néanmoins, le CSS considère que «l'administration d'une seule dose de vaccin à ARNm peut s'envisager de façon individuelle en accord avec le médecin traitant pour une personne préalablement infectée, quel que soit son âge ou la présence de comorbidités». Il recommande une uniformisation maximale dans les différents pays, avec l'arrivée du certificat Covid numérique. Or en France, les personnes infectées par le Covid ne reçoivent qu'une seule dose de vaccin. Aux politiques de trancher.
Outre l'économie de vaccins, réduire à une seule dose serait d'autant plus intéressant que le CSS confirme que pour les personnes qui présentent déjà des anticorps, les effets secondaires à la suite de la vaccination sont plus sévères. Et plus encore après la seconde dose. «Ce lien-là, on ne l'a pas fait, nous, mais certaines études l'ont déjà démontré. Plus on a d'anticorps et plus la réaction au vaccin est forte», affirme Maria Goossens.
Par contre, l'étude de Sciensano démontre également que si «toutes les personnes vaccinées font des anticorps après l'administration de deux doses du vaccin BiotNTech/Pfizer», les résidents des centres de soins n'ayant pas eu le Covid-19 avant la vaccination «fabriquent la quantité d'anticorps la plus faible après deux doses».
Anticorps insuffisants
D'où l'importance des deux doses chez les personnes plus âgées, et même au-delà. «Les résultats peuvent également donner lieu à l'administration d'une troisième dose de vaccin aux résidents de centres de soins n'ayant pas encore attrapé le Covid.»
Les chercheurs de Sciensano font néanmoins remarquer que si la quantité d'anticorps détermine dans quelle mesure la personne est protégée d'une infection, d'autres facteurs jouent également un rôle. Et notamment ce qu'on appelle «l'immunité cellulaire». Mais en ce domaine précis «les résultats ne sont pas encore connus», précise Mme Goossens.
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